Concentré sur l’exploration et la narration, The Park prend à revers le monde créé pour le MMO The Secret World et y établit un conte horrifique : « Lorraine part à la recherche de son fils qui s’est enfuit dans un parc d’attraction à l’abandon. Le lieu semble animé par des forces obscures et bien des faits divers y ont déjà eu lieu. Accidents sur la grande roue, meurtres, disparitions, suicides, l’endroit a fait couler de l’encre et du sang. Pour Lorraine c’est le début d’une course effrénée à la recherche de son petit garçon ». C’est un scénario qui me parait bien convenu au premier abord, le jeu en est-il pour le moins diminué ?
Quand l’horreur se fait plus atmosphérique
« Courte mais intense », voilà ce qui résume au mieux l’expérience vécue avec The Park. Personnellement j’évite les jeux d’horreur, généralement surfaits et sans inspiration qui piquent le joueur à coup de jumpscares pour le maintenir en alerte. C’est là où The Park se démarque car l’horreur est plutôt insinuée par l’ambiance, la bande-son, les éclairages diffus, le brouillard épais qui jette un voile sur ce parc d’attraction, la voix de notre personnage emplie de panique, les battements de son cœur, sa vision qui se trouble…etc.
Tout cet enchaînement de choses font qu’on va être happés sans relâche par cette atmosphère durant les 2h que vont durer le jeu.
Pourtant des jumpscares sont bien présents mais ceux-ci sont plus « mesurés » que dans d’autres jeux. Entendez par là qu’il n’y aura pas un monstre qui vous vous sauter dessus de derrière un buisson et qu’aucun cri ne vous fera jeter votre casque loin de vos oreilles tout en vous faisant maudire les développeurs pour ce coup bas. C’est plus subtil comme approche et sachez bien que je suis du genre à m’effrayer facilement dans un jeu d’horreur. Celui là a su à mon sens bien doser les jumpscares pour offrir plus d’angoisse que d’effroi au joueur.
Une narration intense sans temps morts
Alors même que l’histoire semble conventionnelle au premier abord, plusieurs points me font dire qu’au final c’est un scénario original. Le personnage de Lorraine est plus complexe qu’on ne le pense. Ce n’est pas la jeune mère modèle éplorée à laquelle on s’attend. Une part d’elle est plus sombre, plus mystérieuse et c’est en écoutant ses pensées au fur et à mesure du jeu que l’on va se rendre compte que le personnage cache bien plus qu’il n’y parait. Si l’immersion prend c’est aussi grâce au voice-acting complètement maitrisé de bout en bout. L’actrice est parfaite et sa voix transmet avec brio une angoisse qui grandit à chaque pas.
Aussi, la construction du jeu est telle que l’oppression se renforce sur le dernier quart du jeu, passant de l’immensité du parc que l’on peut explorer comme s’il s’agissait d’un monde ouvert, aux quatre murs d’une maison reculée. La narration prend alors une tournure inattendue et vraiment bien amenée sur le final.
Beaucoup de joueurs expriment de la déception envers ce jeu souvent à cause de sa courte durée de vie. Pour moi c’est son atout : la narration ne s’essouffle pas et les deux heures qu’on y passe (d’une traite bien sûr !) sont intenses. De même, le fait que le jeu soit linéaire ne m’a pas dérangée, je n’avais pas l’attente qu’on me donne à parcourir un monde ouvert contrairement à d’autres joueurs. Si je devais trouver des défauts au jeu c’est avant tout du côté de ses écrits que j’irais les chercher. Trop petits, les caractères sont difficiles à lire et le fait que ce soit en anglais n’aide pas.
J’ai d’ailleurs trouvé que le vocabulaire n’était pas toujours très accessible et c’est bien dommage pour un jeu qui base son potentiel sur son pouvoir narratif. Aussi, la lecture des écrits coupe l’immersion, il aurait fallu palier à cela en incluant une voix-off qui lirait ces textes à notre place. Voilà, je ne vois rien d’autre à redire sur The Park.
En clair, soyez prévenus que vous ne passerez pas plus de 2h30 grand maximum sur ce jeu et qu’il vous glacera le sang plutôt qu’il ne vous effraiera. Il n’y a pas assez de jeux d’horreur qui se concentrent autant sur la narration à mon goût c’est pourquoi je considère The Park comme une réussite.