Shantae : Half-Genie Hero

Avant que Shovel Knight ne vienne conquérir le monde du jeu vidéo en défonçant la porte du rétro avec ses petits pieds de pixels réglés au millimètre près, ses concepteurs travaillent chez WayForward. Cette entreprise capable du meilleur accepte bien des franchises et des adaptations plus ou moins rapides pour financer ses propres projets. Shantae, c’est leur mascotte, leur premier amour. Financé sur Kickstarter avec succès, ce dernier épisode est réalisé entièrement avec des graphismes de haute volée.



Chocolat chaud et dessins animés

C’étant offert une nouvelle jeunesse avec des sorties sur toutes les consoles, la série des Shantae est toutefois mise en avant d’une bien belle façon avec ce Half-Genie Hero. Entièrement revu en haute définition, l’univers du jeu auparavant pixelisé nous caresse la rétine et propose des animations et un univers visuels soigné, aux petits oignons. Vous vous rappelez de la qualité du Ducktales Remastered ? C’était aussi Way Forward et il semble qu’ils aient repris la même recette pour ce Shantae. On a donc toutes les raisons de se réjouir de retrouver notre demi-génie protégeant la ville de Scuttle Town de ses nombreux ennemis.

Le jeu n’a pas changé, c’est le moins que l’on puisse dire, puisqu’il s’agit toujours de parcourir plusieurs niveaux de plateformes à la recherche d’objets spécifiques et d’un Boss à affronter en bout de course. Scuttle Town fait office de hub central ou Shantae et le joueur reviendront discuter avec les amis, les ennemis, les quidams, pour faire avancer un scénario amusant, cousu de fil blanc mais bourré de péripéties. Réalisé dans le même moule que les précédents titres, Shantae Half-Genie Hero est néanmoins beaucoup plus avare en moments de jeu.



Beauté précipitée

Les premiers pas sont impressionnants de qualité et le feeling et très bon : sur des compositions toujours aussi parfaites du génie Jake Kaufman, une voix vient porter le thème de la série pendant que l’on saute de plateformes en plateformes, qu’on frappe avec nos longs cheveux les pirates venus ennuyer les habitants de notre ville bien aimée. C’est puissant, c’est détonnant, ça donne envie de crier à l’œuvre d’art. Et puis dès la première scène cinématique, juste après l’introduction, on commence à déchanter.

Ici, le rythme se casse. Le scenario semble peu intéressant, beaucoup moins fou qu’à l’époque de Pirate’s Curse. Mention spéciale pour le traducteur français qui craque de plus en plus sur les fautes et les incompréhensions tout au long du jeu. Mais il y a quelque chose de raté dans Shantae : Half-Genie Hero, quelque chose qu’il est bien trop rare de voir dans un jeu WayForward. Cette chose qui fait tant de mal à ce titre, c’est la précipitation avec laquelle les développeurs livrent toute leur histoire, leur level-design, leurs idées, au point de n’avoir rien de réellement nouveau à proposer.

Shantae peut se transformer en plusieurs animaux pour débloquer de nouvelles zones, résoudre de légers passages d’énigmes, tout cela en dansant frénétiquement. La moitié de ces transformations ne serviront qu’une fois ou deux, rapidement remplacées par d’autres complètement abusives en termes de mécaniques de jeu. A mi-chemin du scénario, si vous êtes revenus dans les différents niveaux pour en trouver les secrets (assez simplement cachés), vous aurez même le droit à des objets complètement pétés vous rendant pratiquement invincible.



Way Backward

La question que l’on se pose tout au long du jeu est simple et tient en un seul mot : Pourquoi ? Après tout, pourquoi ces boss sont si simples et peu inventifs malgré leur présence sublime à l’écran ? Pourquoi ces niveaux sont aussi courts et simplifiés par moments alors que quelques plateformes mouvantes bien senties auraient pu durcir le jeu et améliorer le plaisir du joueur ? Pourquoi nous donner tant d’objets rendant le jeu si facile, si tôt dans la partie ? Pourquoi donner autant d’indice sur la marche à suivre et surtout… Pourquoi est-ce que le jeu fait absolument tout pour se débarrasser de son sujet et du joueur le plus vite possible en mode « Ok, bye, à la prochaine » ?

C’est à n’y rien comprendre et après tout, on en restera là : vous dire que je n’ai pas trouvé de plaisir à terminer en cinq petites heures (et 90% des secrets décelés) ce Shantae visuellement explosif serait vous mentir. Néanmoins, il reste une terrible déception autant pour ceux qui connaissent la série, que pour ceux voulant la découvrir avec cet épisode. Préférez les pixels, pour le coup.


Shantae : Half-Genie Hero nous parle de combattre des pirates mais au final, c’est bien le jeu qui se saborde en proposant une aventure de trop courte durée qui dès sa moitié de parcours vous donne les objets nécessaires à une totale invincibilité. Sublime visuellement, aux mélodies géniales, cet épisode de Shantae est une magnifique vitrine, un épisode à l’apparence unique mais au contenu bien creux. Une cruelle déception qui se parcourt cependant avec plaisir, alors qu’elle devait nous proposer de l’incontournable.

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