S’il y a bien une série de jeux vidéo que les gens adorent critiquer pour sa (fausse) complexité et ses noms à rallonge, c’est bien Kingdom Hearts. Il faut dire que Tetsuya Nomura tend la Keyblade pour se faire battre tant il force sur les redites, les compilations et autres « non mais en fait, c’est plus compliqué, attend je t’explique ». A la base, on voulait juste un crossover Final Fantasy et Disney !
Troisième (dernière ?) compilation
Après Kingdom Hearts 1.5 puis 2.5, qui ressortiront d’ailleurs en ce début d’année sur PlayStation 4, Kingdom Hearts revient en force avec un épisode 2.8 dont même le titre nous laisse augurer du pire en termes de compréhension scénaristique. Commençons par ce qui fache : oui, il y a trop de jeux, éparpillés sur trop de consoles et oui, ces compilations sont bienvenues pour les amoureux de l’univers et autres curieux. C’est du pur marketing, certains se retrouveront avec deux versions différentes d’un jeu, mais pour un novice (ou quelqu’un n’ayant fait que les épisodes PS2), c’est parfait.
Ci-dessous, vous trouverez donc un avis sur chacun des épisodes que contient cette compilation, avant de lire une conclusion détaillant clairement l’intérêt de la galette (ou du téléchargement, si vous êtes friands du magasin en ligne de Sony).
Kingdom Hearts 0.2: Birth by Sleep – A Fragmentary Passage
C’est sans aucun doute l’épisode qui intéressera le plus les fans, puisque c’est le seul qui soit réellement nouveau. Prologue évident à un Kingdom Hearts 3 prévu pour 2018 si tout va bien, Kingdom Hearts 0.2 fait suite à l’histoire de Birth By Sleep (un épisode à retrouver dans la compilation 2.5) qui se déroule lui-même avant le premier Kingdom Hearts. On y suit Aqua, une porteuse de keyblade à l’histoire tragique, qui erre dans les tenèbres à la recherche d’une porte de sortie. Le scénario est simple mais efficace, surtout pour les fans : il fait le lien entre Birth by Sleep et le premier Kingdom Hearts, tout en corrigeant certaines incohérences. Surtout, il nous propose un gameplay faisant office de réelle démo jouable de Kingdom Hearts 3.
L’Unreal Engine ne fait pas des merveilles, mais c’est sans aucun doute l’expérience Kingdom Hearts la plus belle à ce jour. C’est lumineux (et nous sommes dans un monde d’obscurité, alors imaginez l’éclairage de certains royaumes Disney à venir), les modélisations sont propres, les personnages de Disney n’ont jamais été aussi bien réalisés et on est forcément conquis par cet aspect visuel sans que pour autant, la technique soit irréprochable. Quelques baisses de framerate, un peu de textures moisies par-ci, de l’aliasing par là. Néanmoins, c’est un réel bonheur que de contempler l’univers de cette « démo qui ne dit pas son nom ».
Démo oblige, on goûte donc à un gameplay malin. On a encore cette faiblesse très « Kingdom Heartienne » des sauts flottants assez ennuyants et qu’il faut apprendre à maitriser pour ne pas jurer devant son écran à tout bout de champs, mais les actions qu’il est possible de réaliser en combat sont très intéressantes. Reprenant les bases du dynamisme (abusif, on s’en rappelle) de Kingdom Hearts 2, ce 0.2 s’inspire aussi de ce que l’on a vu sur Final Fantasy XV. Heureusement, le système de caméra est légèrement mieux et surtout, les actions contextuelles en plein combat sauvent le joueur du répétitif.
On retrouve un menu d’objets et de compétences en temps réel, avec la possibilité d’allouer quelques raccourcis pour mieux faire. De ce point de vue, c’est du Kingdom Hearts, amélioré mais pas chamboulé. Après quelques minutes de prise en main, les idées sont intéressantes et parviennent à capter le joueur. On émettra beaucoup plus de doute sur la visée, cette action permettant de cibler des ennemis façon Panzer Dragoon Orta pour lancer ensuite une superbe attaque. C’est brouillon, peu facile à utiliser et rapidement trop ennuyant pour ce que cela produit réellement sur le champ de bataille. Espérons que cela sera modifié pour le troisième opus.
Kingdom Hearts Dream Drop Distance HD
Vous voulez savoir comment proposer un jeu phare à un nouveau public tout en promettant aux fans que ce ne sera pas un jeu inutile pour la compréhension du scénario ? Tetsuya Nomura est un génie dans le genre et ce Dream Drop Distance frôle la moquerie sans pour autant perdre la face : après les évènements de Kingdom Hearts 2, Sora et Riku « ne sont pas prêts » et doivent entrer dans les mondes endormis. De nouveaux mondes Disney (Le bossu de notre Dame, par exemple) en côtoieront des anciens (Pinocchio, Tron), mais revisités.
L’occasion est parfaite pour proposer un retour en arrière : Sora et Riku sont de nouveau très jeunes et doivent plus ou moins tout réapprendre. Ils peuvent désormais réaliser des figures sur les poteaux, les rambardes et comboter les ennemis par ce biais. Evidemment, quand ce sont les personnages de l’excellent jeu « the Worlds Ends With You » sorti sur Nintendo DS qui nous accueillent, on ne peut que se réjouir. Dommage que comme pour tous les mondes de cet épisode, les personnages annexes soient si… annexes ?
A la place des héros, qu’on voit trop peu finalement, on nous demande de collecter des monstres façon Pokémon (ou même Shin Megami Tensei, dans l’idée). C’est sympathique pour une console portable, surtout qu’à l’époque sur Nintendo 3DS était proposées des cartes en réalité virtuelle pour agrémenter la collection. Mais dans ce remake lissé à outrance et aux commandes revues et corrigées pour le pad PlayStation 4, cela fonctionne moins bien.
Dream Drop Distance reste sympathique, mais sans plus. Il propose, 3DS oblige, des niveaux extrêmement vides, des aller-retours incessants et un manque cruel de réel scénario. Seuls les bribes d’arc narratif principal, à propos de l’Organisation XIII (mais chut !) sont interessants. Aussi, il faut saluer une progression globale nous forçant à « endormir » Sora pour jouer Riku, et inversement. En sachant que les deux héros ne se croisent jamais mais visitent les mêmes mondes, à des temps différents. C’est très réussi et c’est même le gros point fort de cet épisode finalement assez banal.
Kingdom Hearts χ Back Cover
Avec ses jeux sur smartphones et tablettes, Tetsuya Nomura n’a pas pu s’empêcher d’étendre encore davantage l’univers pourtant si complexe de Kingdom Hearts. Résultat : il nous livre ici une vidéo d’une heure nous racontant l’histoire d’oracles apparemment très important pour le prochain épisode. Autant vous dire que si vous n’êtes pas un fan de la première heure, vous n’y accrocherez pas : peu de moments marquants, beaucoup de blabla et des personnages qui ont du mal à s’imposer (sans doute parce qu’ils sont beaucoup trop nombreux) rendent le récit ennuyant. Surtout, il en ressort une nette impression de « teasing » pour un Kingdom Hearts III qui se fait attendre, rien de plus.
0.2 est uniquement destiné aux fans et aux curieux voulant voir du Kingdom Hearts sous Unreal Engine. C’est beau, intéressant, mais cela ne justifie pas le prix de la compilation pour les nouveaux venus qui n’y comprendront rien, de toute façon. Dream Drop Distance est un portage de jeu 3DS réussi mais visuellement trop simple et qui souffre, évidemment, d’un contenu peu intéressant sur le long terme. Enfin, le film Back Cover ne se destine vraiment qu’aux puristes de la série. C’est sans aucun doute la compilation la moins précieuse des trois sorties et pourtant, les fans s’y retrouveront. Comme toujours. Néanmoins, son prix fort reste un scandale.
Nous sommes en 2019, j’ai refait Dream Drop Distance depuis et… c’est un de mes épisodes préférés. Parce que j’étais à jour sur tous les KH. Comme quoi.