Nova-box n’est pas à proprement parler un studio dédié au jeu vidéo, mais une agence web & mobile qui touche un peu à tout. Après s’être essayé au jeu avec Echoes (sur iOs), la société française, basée à Bordeaux, récidive avec Along the Edge, un visual novel sur mobile, PC et Mac. Qu’est-ce que ça donne ?
Une histoire (presque) normale
Le visual novel est un genre qui s’autorise facilement des histoires locales et des enjeux plus modestes que les sempiternels sauvetages du monde et de l’univers dont tant d’autres genres peinent à s’affranchir. Il n’est pourtant pas nécessaire de faire peser une menace sur l’humanité toute entière pour rendre un récit captivant, et il est toujours agréablement surprenant de se trouver face à un scénario qui laisse de côté ces poncifs épiques. Along the Edge raconte l’histoire de Daphnée, une doctorante en mathématiques qui hérite, à la mort de sa grand-mère, d’une grande maison dans un village perdu à la campagne. C’est l’occasion pour elle de changer de vie, alors qu’elle vient de subir une déception amoureuse. Adieu la ville, donc, la voilà qui part s’installer dans cette campagne inattendue, où elle trouve rapidement un poste d’enseignante.
Le point de départ du jeu est ainsi ancré dans la réalité et pose les bases d’une histoire simple. Mais bien sûr, les choses vont quelque peu s’emballer dès les premiers jours de Daphnée dans cette nouvelle vie. Il apparaît rapidement que le village renferme un mystère, auquel prennent part deux familles historiquement influentes : les Malterre et les Delatour, dont Daphnée est la dernière descendante. Entre ces querelles familiales, l’irruption de son ex, la présence d’une étrange tour qui n’a pas d’entrée et d’insistantes rumeurs de sorcellerie, Along the Edge parvient sans mal à construire un univers passionnant, donnant tant envie d’en savoir plus sur l’atmosphère particulière du village que d’aider Daphnée dans sa nouvelle vie.
Embranchements et souplesse scénaristiques
En termes de construction, Along the Edge fait dans le classique : le jeu déroule son histoire, propose régulièrement des choix au joueur (la plupart du temps lors de dialogues), et ces derniers ont une influence plus ou moins directe sur la suite. Tout est donc linéaire, et l’intérêt ludique vient de la gestion des conséquences des décisions prises par le joueur. On retrouve évidemment les traditionnelles fins différentes, et il faut saluer le fait que les embranchements ne se limitent pas à quelques phrases modifiées, ou une séquence quelque peu différente selon l’option pour laquelle on a opté ; les différences peuvent être bien marquées, et portent autant sur le dénouement que sur l’aspect physique de Daphnée, amené à être modifié selon l’évolution de sa personnalité. Le plus remarquable, c’est que la teneur de l’histoire elle-même, son fondement fantastique, est déterminée par les choix du joueur. Une grande partie du jeu tourne en effet autour de supposés actes de sorcellerie, et il y a débat entre les croyants et les tenants de la science, qui rejettent ces superstitions. Par ses décisions, le joueur va se positionner par rapport à ces questions, et cela va influer sur la réalité : y a-t-il sorcellerie, ou non ? Plus que les fins alternatives, c’est véritablement cette gestion du fond de l’histoire qui impressionne dans Along the Edge : cette sensation que les choix ne déterminent pas seulement les conséquences, mais également, en quelque sorte, les causes ; ainsi le point de vue porté sur l’ensemble de l’histoire est lui-même différent.
Certes, Along the Edge n’est pas révolutionnaire ; il n’en demeure pas moins un excellent visual novel, et se montre très bon dans tout ce qu’il entreprend : les illustrations sont très belles, l’histoire bien écrite, les choix portent à conséquence et façonnent le scénario lui-même. En plus de cela, le jeu n’est pas trop long (compter quelques heures), ce qui ne décourage pas de le relancer afin d’explorer une autre voie. A recommander pour les amateurs du genre.