Il y a un truc un peu dingue avec les jeux vidéo : ils nous permettent de vivre des aventures extraordinaires pour nous sortir de notre quotidien habituel, où le moindre prétexte permet de justifier tout et n’importe quoi sans que cela nous dérange.
Vis ma vie de laitière.
Et malgré ça, jouer un quotidien banal et ennuyeux a toujours quelque chose d’exaltant dans le fait de pouvoir vivre une vie tout à fait réelle mais qui nous est inaccessible, que cela soit pour des raisons géographiques, de formations, ou d’une vie d’une époque passée. C’est un peu le sentiment que l’on a lorsque l’on joue à Milkmaid of the Milky Way. On y incarne une jeune femme au début des années 1920. Vivant seule perchée en haut d’une montagne avec ses quatre vaches, son quotidien se résume à s’occuper de celles-ci, les traire et faire du beurre et du fromage. Tout les jours, inlassablement.
Pourtant, malgré cette vie isolée et monotone, on en envie le calme. Evidemment, le jeu ne se contentera pas de vous faire vivre cette boucle sans fin de vie plate et monotone puisque dès le début, un événement vient troubler la vie de notre laitière : pendant une nuit d’orage, ses outils disparaissent. Toute la première moitié du jeu mettra en scène le quotidien de la laitière avec un soin particulier, puis un événement surréaliste et presque hors de propos, bien typique du medium jeu vidéo, viendra complètement changer la donne du jeu. Si la seconde partie tient la route comme événement isolé, cette dernière est beaucoup moins bien soignée et est pourtant bien mieux mise en scène. En dehors du final qui est d’une pénibilité dans sa mécanique alors que nous sommes face à un point and click…
Une aventure en rimes.
Milkmaid of the Milky Way reste très classique dans son gameplay où l’on ramasse des objets pour les utiliser avec d’autre du décor. On parle avec des gens, mais pas trop étant donné le faible nombre de PNJ que vous rencontrez au cours du jeu. Pourtant, le jeu reste verbeux, avec un choix très particulier quant à la construction du texte : tout est écrit en rime. Si l’idée à la base est bonne, elle est clairement très mal appliquée et ce pour deux raisons. La première est que le texte se contente uniquement d’être en rime. C’est à dire, exit la poésie avec toutes les règles de constructions de phrase propre à cette technique de texte. Il en résulte une difficulté accrue de lecture, celle-ci n’étant pas fluide du à un manque clair de rythme et de tempo.
Le second point qui dérange dans cette approche des phrases en rime et que nous sommes dans un jeu vidéo, c’est à dire quelque chose de visuel. Du fait de ne pas suivre les règles de la poésie, on a tendance à chercher une interprétation théâtrale inexistante du texte étant donné qu’il y a une mise en scène devant nos yeux, ce qui nuit encore plus au manque de rythme des divers textes et dialogues qui nous sont présentés.
Milkmaid of the Milky Way nous montre les charmes d’une vie isolée à laquelle on adhère rapidement, grâce à la simplicité et au soin apporté à chaque scène de cette vie montagnarde, à traire les vaches et profiter du calme environnant. Hélas, la seconde partie du jeu vient nous arracher à ce petit morceau de vie pour nous rappeler que nous sommes dans un jeu vidéo, médium ou tout est permis. Si dans l’ensemble le jeu se parcourt agréablement, en dehors de la séquence de fin ignoble, elle aura au moins le mérite de mettre fin à la lourdeur du choix d’écriture du développeur. Si l’intention de faire un jeu entièrement en rime est louable, le fait d’avoir un texte ne respectant pas les règles de la poésie rend la lecture difficile à cause d’un rythme de lecture complètement déconstruit.