Synopsis : « Interrogation emblématique qui alimente les débats depuis des années, la question de l’essence artistique du jeu vidéo continue d’être discutée aujourd’hui. S’il apparaît essentiel pour la reconnaissance de la valeur culturelle du médium, ce sujet fait en réalité grincer bien des dents. Parmi les jeux qui alimentent le débat, une trilogie se démarque particulièrement, signée par le développeur japonais Fumito Ueda dont la démarche de création – proposer quelque chose qui n’existait pas ailleurs – a habité la confection de chacune de ses productions : ICO, Shadow of the Colossus et The Last Guardian. Trois œuvres qui partagent une même esthétique, une même philosophie de la conception vidéoludique, voire un même univers. Surtout, trois œuvres qui nous renseignent sur l’homme derrière elles et son idée fixe : proposer une autre idée du jeu vidéo. »
Le jeu vidéo est-il un art ?
Déjà connu pour ses écrits dans feu Gameplay RPG et Background, deux magazines papier de qualité regrettés par bon nombre de lecteurs, Damien Mecheri nous propose donc cet ouvrage dédié à Fumito Ueda. Toutes les craintes sont de rigueur : trop de caresses dans le sens du poil, trop de fanboyisme, trop d’amour et pas assez de rigueur… Réaliser un livre à propos de jeux devenus intouchables pour quiconque aimerait les décortiquer est un exercice des plus difficiles et qui ne pardonne rien.
C’est à travers cinq chapitres très différents (Création, Univers, Musique, Décryptage et Héritage) que Damien Mecheri va nous plonger dans les mondes de Ueda. Les trois jeux, Ico, Shadow of the Colossus et The Last Guardian vont être dévoilés, désossés, pour en retirer l’essentiel et le montrer à tout le monde. Mais ce qui parvient surtout à captiver, ce sont les nombreuses références, les liens avec d’autres œuvres et artistes qui mettent en avant l’univers artistique de Ueda et son équipe.
Difficile de critiquer l’ouvrage sans révéler trop de moments passionnants, mais il y en a. De nombreux passages sont captivants et si vous n’êtes pas du genre à déjà tout savoir sur Ueda et son univers, alors vous dévorerez ce livre. A dire vrai, nous avons ici un ouvrage de qualité, qui va droit au but, qui semble plus léger que les autres titres de chez Third Editions mais qui contrairement aux autres ne semble avoir aucune page « supplémentaire ». Le plan du livre est parfait, il se lit agréablement bien et les chapitres s’imbriquent à la perfection.
Surtout, l’auteur passe son temps à rappeler précieusement toutes les pointes d’artistique, tout ce qui peut amener le lecteur à se poser la question du jeu vidéo comme art à part entière. Sans forcer le trait, sans obliger à la pensée unique, l’auteur parvient à passer de petites anecdotes à de véritables preuves d’artistique importantes en quelques lignes. Les trois jeux de Fumito Ueda sont vraiment à part dans toute la collection d’un joueur et ce livre nous explique clairement pourquoi. La lecture est alors aisée, captivante et de qualité.
Nous avons ici un ouvrage très important. Au-delà de tout ce qu’il apporte en informations sur Fumito Ueda, il parvient surtout à mettre en avant le jeu vidéo comme un art à part entière et parvient aussi à mettre le doigt sur des informations précises qui forcent le lecteur à ne pas prendre ce medium à la légère. Beau, travaillé, passionnant, il est une lecture de qualité.