Après un an passé en état d’accès anticipé, Slime Rancher sort enfin dans sa version définitive. Pour ceux qui, comme nous, se sont laissés attendrir par les bouilles des slimes dès le début, force est de constater que le jeu a beaucoup évolué. Ce développement actif qui n’aura eu de cesse d’enrichir l’expérience de jeu est arrivé à terme et nos attentes sont d’autant plus élevées que nous avons suivi chaque mise à jour avec espérance. Vous savez quand vous vous dites « ce serait trop bien s’ils ajoutaient des collecteurs automatisés de plortes afin de tripler ma productivité » ? Euh… eh bien vous comprenez l’idée.
Implort/Explort
Dans la peau de Beatrix, sur une planète lointaine peuplée de petites boules colorées et à la tête d’un ranch, votre dessein semble tout tracé : attrapez les touuus ! Si l’humain a toujours soif de collecte, les développeurs l’on bien compris. Vous voilà partis pour aspirer ces petits slimes innocents dans votre vacpack pour ensuite les enfermer dans des enclos, les nourrir et exploiter les précieuses ressources qu’elles produisent : les plortes. Pour augmenter le rendement et parce qu’on est tous des capitalistes quand il s’agit de bestioles roses ou de petits chatons, on va croiser, créer des êtres hybrides (appelés « largos ») pour que ces mignonnes créatures fournissent non pas un mais deux plortes à chaque repas. Bon ne vous sentez pas si coupables, les espèces variées de slimes se mélangent naturellement lorsqu’elles sont en liberté. Et puis Greenpeace n’est pas sur la même planète que vous, respirez.
Si la culture de slimes est très réjouissante dans les premières heures, on s’aventurera naturellement hors du ranch en quête de renouveau – si ce n’est simplement pour découvrir de nouvelles créatures visqueuses. Le premier biome, une zone aride offrant de paisibles récifs, est l’occasion de rencontrer les premiers dangers de « L’Ouest Très-Très-Lointain » : l’ingestion d’un plorte tiers (qui n’appartient pas à la race d’un largo) donne lieu à un terrible mélange qui déclenche l’apparition des « Tarrs », l’équivalent gremlins des slimes, une boule informe et noire dévorant tout sur son passage, vous y compris. Rassurez-vous cependant, c’est probablement l’un des rares dangers du jeu et bien heureusement facilement contrable (éjectez-le dans la mer avec votre canon ou utilisez le réservoir à eau, une amélioration disponible assez tôt).
Slime Safari au Far Far Ranch
L’exploration s’avère au début assez lente, la faute à une jauge d’énergie (consommée par la course et le jetpack) trop restrictive ; et c’est là que l’enrichissement procuré par l’élevage s’avère indispensable pour acheter de nombreuses améliorations de santé, d’énergie ainsi que des réductions du coût du jetpack en énergie. De même, les limitations de l’inventaire (vous ne pourrez empiler que 20 x 4 items différents en début de jeu) sont très handicapantes et obligent à réaliser d’incessants trajets. On trouvera néanmoins des Gordos, d’imposants slimes pacifiques, qu’il faudra nourrir – d’où l’intérêt d’avoir de solides cultures dans le ranch –, libérant des téléporteurs qui faciliteront les allers et retours en milieu de jeu. Ces mêmes Gordos pourront aussi libérer de précieuses clés slimes (universelles) donnant l’accès aux autres biomes du jeu… et donc à une pléthore de nouveaux amis à collectionner !
Lorsque vous serez bien avancés dans votre domination des slimes vous pourrez, plutôt que de vendre tous vos plortes, les investir dans du craft avancé. Une zone à déverrouiller vous donne accès à un chaudron dans lequel vous devrez injecter de grandes quantités de plortes afin de fabriquer des pompes, ruches et foreuses pour exploiter les ressources du sol et fabriquer de nouveaux objets qu’ils soient utilitaires (téléporteurs, borne de vente de plortes…) ou simplement esthétiques. Et là, attendez-vous à de longues heures de grind qui relanceront néanmoins l’exploration lorsque celle-ci commencera à s’essouffler.
*bam* Crédits ! Ah ?
Au grès de vos pérégrinations, vous trouverez de nombreux « H » holographiques : il s’agit de messages laissés là par Hobson, l’ancien propriétaire du ranch dont on ne connait que peu de choses, si ce n’est qu’il encourage la jeune Belatrix à suivre ses traces. Très franchement, c’est à peu de choses près les seuls éléments scénaristiques que nous avons à nous mettre sous la dent dans Slime Rancher… ça et les courriels de Casey, une connaissance de Beatrix qui est restée sur sa planète d’origine. Le scénario vous sera accessible que si vous avez laissé le jeu en anglais car la pseudo-traduction est en réalité si mal réalisée que l’histoire est très vite laissée de côté.
C’est assez dommage de le constater en fait, mais Slime Rancher peine à trouve une finalité dans l’aventure qu’il propose, et sans spoiler davantage, sachez que les crédits de fin se lancent assez arbitrairement, après la lecture d’un des derniers messages de Casey ; comme si les développeurs avaient cherché un biais par lequel donner une raison de clôturer l’aventure – en même temps que le développement du jeu, suffisamment mûr pour sortir de l’accès anticipé. Une aventure qui pourtant ne force jamais le joueur à aller plus vite ou plus lentement qu’il ne le souhaite, une aventure qu’il tressera lui-même, à l’instar de nombreux jeux bac à sable.
Slime Rancher est donc une étrange mais agréable découverte. Un simili jeu de type sandbox qui propose un mix plutôt bien ingénieux entre le farming et l’exploration à la première personne. Une expérience casual relaxante qui toutefois n’atteint pas le niveau de Harvest Moon de par l’absence de personnages avec qui interagir ni l’immersion proposée par la richesse des planètes de Metroid Prime et n’égalant pas non plus Crashlands en matière de crafting… on aurait aimé tant de choses en plus ! PNJ, multijoueur, un cycle des saisons, et pourquoi pas davantage de faune et de flore pour rendre cet univers encore plus vivant et addictif qui ne l’est déjà. Slime Rancher 2 peut-être ?
Cette review a été co-écrite avec le rancheur du dimanche « Parallel Platypus ».