Avant West of Loathing, il y a eu Kingdom of Loathing : une création d’Asymmetric Publications (Zack « Jick » Johnson et quelques aides extérieures) qui proposa un jeu de rôle multijoueur sous navigateur. Nous étions en 2003. Cinq ans plus tard, le jeu possédait entre 100 et 150 mille joueurs réguliers. Il aura fallu attendre le 10 août 2017 pour avoir le droit à un nouveau jeu « of Loathing », cette fois-ci entièrement solo.
Du multijoueur à l’aventure Solo
Combien de temps faut-il réellement à West of Loathing pour vous faire rire, au moins sourire si vous êtes du genre à ne pas rigoler à la première bêtise venue ? Je dirais que cela dépend de votre expérience de jeu. Si vous vous rendez dans les options avant de lancer votre partie, alors cinq secondes suffiront. Ensuite, vous pourrez découvrir que l’options « mouvements bizarres » du menu n’est pas juste une proposition venue vous déclencher quelques zygomatiques, mais bien présente pour faire de chacun des mouvements de votre personnage une nouvelle danse ridicule. Au lieu de marcher, votre héros (que vous avez pris le temps de personnaliser) se met à glisser comme sur une patinoire, à ramper au sol tel un ver, à marcher sur les mains et à enchaîner les marches les plus ridicules possibles. Et cela durera tout le long du jeu. Bienvenue dans West of Loathing.
Vous jouez un.e jeune personnage partant à l’aventure en laissant sa ferme familiale derrière soi. Nous sommes en plein Western et l’envie de faire fortune est forcément au centre de tous les plans de vie. Vous débarquez en ville, à Frisco, histoire de découvrir toutes les idées de ce jeu pas comme les autres. Jeu de rôle de son état, il propose des combats au tour par tour lors de rencontres avec les ennemis, aléatoires (sur la carte) ou déclenchées volontairement au fil des dialogues ou des rencontres. Outre les combats, vous aurez donc des zones à visiter en 2D pour discuter, échanger, acheter, revendre, fouiller, fouiller, encore et toujours fouiller tout ce que vous trouvez pour remplir votre inventaire de choses (faussement) inutiles.
Rapidement, on découvre quelques actions impossibles à effectuer sans le bon outil. Une pelle pour creuser, une corde pour descendre dans un puits, une pioche pour obtenir quelques minerais rares… Oh, par contre j’oubliais de vous dire : tout le jeu est en noir et blanc (sauf parfois les polices d’écriture et quelques menus) et surtout, tous les personnages sont dessinés à l’aide de traits, façon « splastick » comment disent nos ami.e.s anglophones.
Les blagues les plus longues peuvent être les meilleures ?
West of Loathing est hilarant. Non, vraiment, j’ai beaucoup ri en jouant à ce jeu et pendant la douzaine d’heures proposée par la seule histoire principale, on ne peut que se rendre compte de la richesse des dialogues, des blagues, des événements incongrus et des situations marrantes qui sont proposées. Car au-delà d’être drôle, le jeu est aussi et surtout très inventif : aucune blague n’est là facilement et le plus souvent, elle amène vers tout un pan de jeu annexe au scénario principal. Les vaches démoniaques ? Vous pourrez rapidement découvrir d’où elles viennent dans une quête annexe assez massive. Les étranges artefacts qui vous one-shot en début d’aventure ? Eux aussi, ils ont leur histoire.
West of Loathing amène une écriture massive dans un jeu de rôle hyper accessible ou perdre n’est pas un souci. Quand vous êtes mort en plein combat, vous revenez à votre dernier checkpoint à quelques secondes/minutes de votre fatale erreur. Aussi, certains objets à équiper n’hésitent absolument pas à vous faire gagner en force d’un coup d’un seul, ruinant toute courbe de difficulté au profit d’une vraie sensation de pouvoir… jusqu’au prochain cap d’ennemis rencontré. Ceci ne va pas plaire à tout le monde : West of Loathing veut raconter plus que faire jouer et cela se ressent.
Ce problème se ressent dans le rythme du jeu : ceux qui aiment l’histoire trouveront les combats ennuyants et la fouille de toutes les zones de la carte extrêmement répétitive, alors que ceux qui se passionnent pour l’aspect Jeu de Rôle du titre y trouveront tout à fait de quoi perdre des nuits blanches dans un titre qui ne fait pourtant rien pour compliquer leur aventure. Les fesses entre deux chaises en bois pourtant merveilleusement bien cirées, West of Loathing ne choisit pas de camp et tenter de plaire à tout le monde au risque de forcer le public à faire quelques compromis sur ses attentes. Et finalement, cela fonctionne.
Cette critique ne vous explique pas 20% des choses que vous offrira West of Loathing et c’est volontaire. Ce serait comme raconter les blagues d’un One Man Show, expliquer les scènes les plus drôle des Monty Python, prendre les lecteurs pour des imbéciles. Avec quelques screens et cet avis « rapide », nul doute que vous saurez si c’est votre drogue ou si vous n’êtes clairement pas fait pour cela. M’est d’avis tout de même que passer à côté de West of Loathing c’est laisser filer une potentielle pépite qui peut rendre bien plus belles des soirées moroses et une déprime potentielle. Il est certain qu’un jeu aussi drôle peut sauver des humeurs et rendre la vie plus belle. Tout du moins, le temps d’une quête en plein Western qui fait tout sauf vous miner le moral.
West of Loathing est un énorme sketch d’une dizaine d’heures (pour les plus rapides) qui ne cesse d’être inventif et blindé d’humour. Chaque nouveau lieu visité est une aubaine pour de nouvelles bêtises et pourtant, on s’attache vite aux différentes quêtes proposées. On s’y sent bien, on y retourne facilement et ce malgré une courbe de difficulté complètement à l’ouest, ternie par une certaine répétitivité. Ouest, Ternie. C’est drôle et je ne l’ai même pas fait exprès. Ce jeu a des effets bien trop intenses sur ses joueurs.euses.