C’est la deuxième fois que ce salon indépendant vient poser son contenu en France, à Paris plus précisément, pour tenter de percer en Europe. Jeux, conférences, rencontres, le lieu est propice à de véritables bons moments de partage, d’écoute et d’apprentissage. Même et surtout quand on vient de la presse spécialisée…
À titre personnel
Ils se font rares, les articles à la première personne. Mais cette fois, je vais bien être obligé de m’y coller. Si l’IndieCade peut être un salon indépendant « de plus » pour beaucoup, il est sans aucun doute une grosse bouffée d’air frais pour la rédaction de Game Side Story et de mon côté, j’y trouve une bonne occasion de découvrir le monde indépendant autrement que derrière ma boite mail, mes sites d’information et les réseaux sociaux. Voir des gens, en vrai, discuter avec eux de leurs projets déjà sortis ou à venir, tout en discutant autour de sujets d’actualité touchant notre passion commune, c’est non seulement bénéfique mais aussi nécessaire à la bonne évolution de son projet, ici du site.
J’avais déjà eu cet effet « rencontres » au Screenshake 2016, davantage pour mes nombreuses discussions avec de passionnants développeurs. Cette fois, ce sont tous les métiers du milieu qui ont été des rencontres souvent précieuses : journalistes (indépendants, bénévoles, ou non), développeurs, étudiants, organisateurs… C’était un moment précieux ou y rencontrer enfin ces avatars avec lesquels on discute sur la toile. Plutôt que d’en croiser un ou deux dans un salon un peu plus obscur, ou en plein milieu d’une Gamescom bien trop bruyante, à l’IndieCade on peut prendre le temps. Oui, vous aussi vous trouvez cela de plus en plus rare ?
En six jours restés à Paris, quatre événements principaux ont rythmé mes journées. IndieCade Europe, les Ping Awards, la Game Connection et la Paris Games Week. Nous reviendrons sur ces autres évènements dans d’autres articles, mais seul l’IndieCade Europe m’a paru vraiment « humain », sans fioritures ni petits fours. Et c’est un peu le jeu vidéo comme j’aime le voir se proposer au gens. Commençons donc cet article en remerciant tous ceux qui ont fait de ce moment passé à Paris un point dans le temps passionnant et fort en débats et discussions motivantes pour la suite.
Les conférences
C’est sans aucun doute la principale originalité de l’IndieCade et cette année, les conférences étaient plutôt réussies. Ian Livingstone a partagé son public en inauguration : certains étaient ravis de le voir revenir sur ses créations, d’autres ont trouvé cela très décevant de le voir finir sur du jeu mobile. Les temps changent !
Pierre Corbinais (Oujevipo) est venu parler de l’écriture du jeu « Enterre-moi, mon amour » et en est sorti avec les honneurs puisque l’ayant raté, tout le monde est venu me maudire et m’affirmer que j’avais raté quelque chose. Si ce que vous lisez là n’est pas du journalisme de qualité, je ne sais pas ce que c’est.
La conférence qui m’était impossible de rater par contre, c’était celle de Cliff Harris que je vous conseille d’ores et déjà de suivre sur Twitter. Cet anglais ayant travaillé chez Lionhead est à la tête de Positech, le studio derrière Gratuitous Space Battles et la série des Democracy entre autres jeux. Cynique et hilarant sur Twitter, Cliff Harris est venu proposer une conférence sur la faillite d’un studio et comment survivre en tant qu’indépendant. Il distille quelques conseils personnels sous forme de mise en garde : une dizaine de listes de toutes les choses qui vont vous tomber dessus lors de la création et sortie de votre premier jeu. Les premières minutes sont absolument déprimantes tant elles sont réalistes, mais Cliff parvient à retourner ça à son avantage avec humour pour parvenir à donner de réels conseils. J’ai trouvé cette conférence absolument précieuse pour quiconque se lance dans tout projet indépendant.
Brie Code, les Accidental Queens, la rencontre entre Joann Sfar (le chat du Rabbin) et Fabien Delpiano (Pastagames)… Il y en avait pour tous les goûts et si on ne voulait rien rater, en toute honnêteté, il fallait passer sa vie dans les amphithéâtres ouverts pour l’occasion. Promis, l’année prochaine on se les fait tous ! (on s’est dit la même chose l’année passée)
Les jeux
En tant que journaliste principalement orienté vers les titres indépendants, on ne trouve pas totalement notre bonheur dans un salon comme l’IndieCade. Forcément, on les suit déjà tous la plupart du temps et on en revient presque à conseiller des titres aux autres journalistes plus « grand public ». J’ai par exemple passé mes deux jours à crier à qui voulait l’entendre qu’il « fallait jouer au jeu des chèvres ! » (Where the Goats are, mon coup de cœur du salon), l’ayant déjà repéré depuis sa sortie sur Itch. Néanmoins, quelques surprises étaient au rendez-vous. Cette petite sélection ci-dessous recoupe d’ailleurs plusieurs avis récoltés tout au long des deux jours du salon, quelquefois après des débats plus ou moins houleux entre gens polis et respectueux. La plupart du temps.
Conclusion
Proposant des jeux massivement narratifs, ou l’on joue très peu finalement, ce second IndieCade Europe manquait encore de s’ouvrir davantage au grand public. Aussi, il ne mettait pas bien en avant son lieu « Show & Tell » ou une centaine de développeurs.euses qui n’avaient pas de stands sont venus avec leurs ordinateurs et leurs tablettes sous le bras pour présenter leurs projets. C’est pourtant là que j’y ai trouvé mes meilleures perles à suivre dans les mois à venir. Bref, le salon est encore jeune et doit apprendre de ses erreurs… Mais à côté de cela, il apporte à tous les joueurs une bouffée d’air frais évidente et la possibilité de rencontrer des créateurs passionnants.
Je dirais que sans être un rendez-vous de professionnel, IndieCade Europe est surtout un rendez-vous de passionnés : un mot qui revient beaucoup dans cet article finalement à en croire mon compteur de répétitions. Mais je n’ai pas le choix : c’est bien le mot qu’il faut employer lorsque l’on parle de ce salon et on espère de tout cœur qu’une troisième session aura lieu en 2018 avec les quelques défauts corrigés et toujours autant de bons jeux et de discussions passionnantes. Si vous hésitiez à vous y rendre, malgré Paris et sa pollution, son bruit, ses klaxons et son métro hors de prix, j’espère que cet article vous aura motivé à faire le déplacement. À l’année prochaine ?