Vous avez un projet de jeu fantastique. Vous en êtes convaincu. Mais malheureusement, vous n’avez pas d’argent. Et soyons honnête, votre projet est bien trop ambitieux pour le réaliser sans financement. Vous ne savez pas comment convaincre vos relations d’investir dans votre projet, mais faites-nous confiance, lever des fonds n’est pas un art obscur réservé à un petit groupe d’initiés. Adoptez la bonne approche pour rendre vos idées intéressantes et les investisseurs vous accompagneront. Il s’agira essentiellement de comprendre leur culture et de s’investir personnellement dans cette démarche. Vous devez vous mettre au défi.
Découvrez comment nous avons levé 200k€ sur une proposition solide. Nous avons essayé de rendre ce guide pratique et efficace, inspiré de notre propre histoire, cet article est écrit par les équipes de Crazy Dreamz, un sandbox platformer où les joueurs peuvent apprendre à coder.
A) Pistache : succès et échecs
Il faut l’avouer, nous ne sommes pas partis de rien. En 2015, nous avons levé des fonds sur Kickstarter pour créer Pistache, un serious game qui aide et motive les enfants à effectuer leurs tâches quotidiennes.
En 2017, l’application a été téléchargée 200 000 fois, compte un nombre important d’abonnés et de sponsors et bénéficie d’une bonne réputation ainsi que d’un revenu stable. Mais elle n’est pas devenue virale comme nous l’avions espéré. Pourquoi ? En utilisant Pistache, les parents déléguaient leurs responsabilités, et le vivaient presque comme un désinvestissement personnel. Qui voudrait promouvoir un produit qui remplace l’attention d’un parent envers son enfant ?
Même si le bilan de Pistache nous semble mitigé, nous avons beaucoup appris de cet échec. Développer un business veut dire développer un projet à travers l’expérience et les critiques. Vous ne pouvez pas apprendre à marcher si vous avez peur de tomber. Ne vous découragez pas après un échec, prenez plutôt du recul pour analyser la situation et apprendre de vos erreurs.
B) L’idée de Crazy Dreamz : business ou création artistique
Contrairement à certains, poussés par l’amour de l’art, Crazy Dreamz a toujours eu l’ambition d’être un succès commercial rentable. Nous avons donc cherché à identifier un besoin. Pendant que nous étions à des salons de jeux vidéo, nous avons remarqué quelque chose d’évident : nous sommes tous curieux de découvrir comment sont créés les jeux vidéo. Pourquoi ne pas développer un jeu do-it-yourself laissant le joueur libre de créer, avec son imagination comme seule limite ? Et pourquoi ne pas faire découvrir la programmation par la même occasion, une compétence d’avenir bientôt indispensable à tous ?
Crazy Dreamz était né ! Enfin… Dreamz à l’époque.
Aujourd’hui, le gaming est déjà envisagé comme un outil de découverte, par exemple Minecraft est utilisé dans certaines écoles américaines. De nombreuses écoles de programmation se créent. Un jeu qui permet la découverte du coding est donc une piste intéressante. Nous avons créé un gameplay collaboratif, ajouté quelques features virales, imaginé une direction artistique cartoon et avons trouvé un concept qui vise un marché spécifique. Un marché qui a attiré l’attention de beaucoup d’investisseurs, y compris de grosses entreprises du jeu vidéo. A ce moment-là, nous ne cherchions pas du tout à justifier nos choix de manière pragmatique, mais plutôt à répondre à un besoin du marché. Vous trouvez votre idée merveilleuse en soi, certes, mais vous n’êtes pas le seul à devoir être convaincu. Est-ce le cas pour les 500k abonnés que vous espérez ? Est-ce le cas pour la grande entreprise du secteur avec laquelle vous souhaitez vous associer ? Posez-vous la question, car les investisseurs le feront.
Attention à ne pas vous voiler la face ! Si vous voulez que votre projet voie le jour, vous devez accepter l’idée qu’il devra se confronter au public et aux envies des joueurs. Vous devez donc faire preuve de souplesse, d’inventivité et de pertinence dans l’évaluation de votre projet.
C) Comment nous avons choisi nos armes
Next step : faire un prototype et enrichir l’idée de départ avec un business plan complet et détaillé. Celui-ci doit être intéressant et surtout excitant… c’est ce qui fait que Crazy Dreamz est lié au business avant d’être une « œuvre d’art ».
Pendant le pitch, on nous a tout demandé : le prototype, l’équipe, l’idée fondatrice, notre vision à moyen et long terme… Mais nous n’avons pas oublié le plus important : les investisseurs nous avaient déjà accordé un peu de leur temps, si précieux.
Finalement, nous avons défendu le business model choisi en prenant pour exemple d’autres start-up qui ont levé des fonds et réussi, prouvant ainsi son efficacité. Oui, nous avons levé des fonds avant que le projet n’existe : l’aboutissement d’une démarche longue et périlleuse.
Comment bien se préparer ?
- Commencez par construire un business plan aussi complet que possible. C’est à dire un fichier Excel de 18 pages et des chiffres qui remplissent votre écran. N’hésitez pas à voir gros et grand : personne ne le lit vraiment. Mais vous en aurez besoin car il démontre votre sérieux et votre implication dans le projet.
- Préparez vos arguments. Écrivez-les. Classez-les. Vous n’en avez pas ? Créez-en ! Par exemple, un simple sondage qui vous permet de dire que 80% de la population aime ce que vous faites est déjà un début.
- Construisez un bon portfolio sur LinkedIn. A ce stade d’avancement, les investisseurs misent à 50% sur l’équipe, il est essentiel qu’elle paraisse solide.
- Informez-vous sur les pactes d’actionnaires. A ce stade, vos investisseurs ne sont pas là pour vous apprendre quoi que ce soit et le sujet arrivera rapidement.
D) Rencontrer des investisseurs et construire la confiance
Les investisseurs de notre précédent projet et les contributeurs proches étaient notre base d’investissement : des gens qui nous faisaient confiance car ils nous connaissaient. Rapidement, nous avons attiré l’attention d’un grand nom du jeu vidéo qui est devenu notre meilleur argument de crédibilité. A ce moment-là, les négociations avec la BPI (Banque Publique d’Investissement) évoluaient dans le bon sens pour l’obtention d’un financement important. Nous leur avons dit que ce grand nom du jeu vidéo était intéressé par notre projet, et inversement, nous avons informé ce grand nom du JV que la banque nous aiderait. En conséquence, nous avons gagné leur soutien. Quand tout fut prêt, nous avons simplement cherché des « Investisseurs » sur LinkedIn. Le genre de chose qui en général ne fonctionne jamais. Mais ça a fonctionné ! Ne vous sentez pas idiot, soyez audacieux. C’est le genre de « risque » que vous devez prendre pour lever des fonds et lancer votre business.
Outre cette anecdote, il y a finalement assez peu de canaux d’investissement. Voici ceux que vous pouvez explorer :
- Love money : comptez sur votre famille et vos amis qui pourraient investir dans votre projet. Tout le monde sait qu’il faut de l’argent pour se lancer, donc parlez de votre levée de fonds à tout le monde. Si votre grand-mère qui vous adore n’investit pas sur vous, qui le ferait ?
- Le financement public: regardez s’il existe des bourses auprès des administrations publiques (ville, région, ministère…). Les principaux en France : la BPI et le CNC.
- Les grandes entreprises : certaines entreprises recherchent de nouveaux projets et le moindre signe d’intérêt de leur part est toujours rassurant.
- Les fonds d’investissement : ces organisations peuvent investir des sommes importantes dans votre projet si vous correspondez à leurs critères. Ils recherchent généralement des projets au-dessus du million d’euros et des modèles et produits ayant déjà fait leur preuve.
- Les business angels : il s’agit d’investisseurs privés qui peuvent vous financer sur leurs fonds personnels car ils sont convaincus de la qualité de votre projet. Tôt dans le développement d’un projet, mieux vaut chercher ce type d’investisseurs. Notez bien que ces business angels se connaissent et votre levée de fonds peut être diffusée à leur réseau. Si vous arrivez à en convaincre un, celui-ci pourra vous aider à en convaincre d’autres. A noter : les business angels peuvent se placer sur n’importe quel montant mais visent en général des investissements entre 10k€ et 100k€.
- Le Crowdfunding, les gars !
E) Être le patron de sa propre entreprise
Après des mois d’efforts, d’abord pour trouver des financements, puis pour gérer la paperasse et le compte en banque, nous avons obtenu 200k€ pour lancer notre jeu – et il nous appartient. Nous avons la liberté de prendre les décisions puisque que nous sommes restés les actionnaires principaux. Pour nous, être décisionnaire est ce qui nous définit comme indépendants. Donc le gros du travail commence maintenant.
Pour pousser le jeu plus loin, nous aurons probablement besoin d’une seconde levée de fonds. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose que la première levée de fonds vous permette de faire votre jeu et seulement de le faire. Le lancement est une toute autre aventure et les investisseurs vous suivront sûrement dans cette voie si elle est lucrative ! Le profit que vous allez générer ne va pas remplacer la nécessité des levées de fonds, mais vous permettra de rester l’actionnaire majoritaire. C’est-à-dire de rester le boss.
En conclusion, que devez-vous faire ?
- Créer un jeu qui répond à une attente. Cherchez un concept spécifique qui correspond à un besoin.
- Tester, c’est la clé ! Vous ne pouvez pas savoir si un concept est intéressant avant de le mettre dans la main d’un utilisateur. Faites autant de tests que possible et améliorez votre prototype.
- Bien préparer votre pitch. Vous devez convaincre sur papier que le jeu est incroyable, en présentant aussi bien les grandes lignes du projet que les bénéfices auxquels les investisseurs seront sensibles.
- Sortez, bougez-vous, rencontrez des gens et demandez de l’argent.
- Persévérez jusqu’au bout.
Merci d’avoir lu notre feedback !
Vous avez-vous-même des conseils à partager ? N’hésitez pas à les partager ici.
D’ailleurs, pensez-vous que les développeurs doivent prendre en compte les réalités du marché pour lever des fonds, ou que les jeux doivent exister comme entité artistique immuable au risque de ne pas rencontrer leur public ?
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Article écrit par Thibault LOUIS-LUCAS, Fondateur de Dreamz et Amandine LABANSAT, attachée de presse indépendante