Bienvenue à Iorys, la cité des sept collines ! Venez visiter notre allée commerciale, nos tavernes chaleureuses, nos auberges réputées, passez donc devant le palais du conseil et admirez les moulures de la guilde des aventuriers ! Ah, vous êtes un aventurier, et bien entrez-donc ! Car depuis cette ville, comme vous l’aurez remarqué en arrivant, on peut accéder à l’Yggdrasil, un arbre gigantesque mais regorgeant de dangers et dont l’exploration avait été interdite depuis des temps immémoriaux, mais ça tombe bien, le prince Ramus vient enfin de permettre à toute guilde d’aventurier d’y pénétrer et d’en faire descendre tous les bienfaits. Que pourrait-il mal se passer ?
Recrutons pour la baston
La guilde des aventuriers permettra d’engager une fine équipe d’explorateurs, et tout est permis ! Jugez plutôt, parmi quatre ethnies :
– les Earthlain, de fières gaillardes et vaillants gaillards, pouvant être Fencer, à l’attaque à l’épée et bouclier, ou alors Dragoon défenseurs agressifs, bouclier et fusil en main. Ou encore ils peuvent être Pugilistes, la bagarre à l’état le plus pur, ou encore Harbinger, qui utilisent le mana pour affaiblir leurs adversaires et les découper à la faux.
– les Celestrians, de grands humanoïdes aux oreilles pointues spécialistes de la magie élémentaire (classe de Warlock) ou de la nécromancie (Necromancer)
– les Therians, plus trapus que leurs homologues Celestrians, les Therians ont de grandes oreilles de lapin ou de chat, et sont soit des Rover, des chasseurs s’aidant d’un loup ou d’un aigle pour le combat, ou des Masurao, spécialistes du combat au katana.
– les Brounis, des sympathiques petits hommes (et femmes) spécialistes des herbes curatives (et poisons) en tant qu’Herboriste ou utilisant les esprits pour soigner et aider leurs camarades (en tant que Shaman).
Dix classes de personnages, de quoi se monter une équipe du tonnerre !
Votre choix est fait ? Excellent ! Alors ?
Alors, Asrial la Masurao, Marly la pugiliste, Eeto le Warlock, Fiofola la Rover (et son fidèle oiseau de combat : Zoizo) et Popilon l’herboriste vont entrer dans le labyrinthe de l’Yggdrasil et tenter d’en percer les mystères. Et ça va pas être de la tarte… Oui, les noms sont de moi, cherchez pas.
Heureusement, un guide de la ville nous apprend les bases au début. L’auberge sert à récupérer points de vie et points de technique et à sauvegarder. Le magasin, on y viendra très souvent pour vider nos besaces pleines de trucs récupérés dans le labyrinthe, le marchand Brouni étant aussi fabriquant et forgeron, les machins récupérés serviront à fabriquer le matos et les objets qu’il nous revendra ensuite, ne surtout pas oublier de prendre un fil d’Ariane avant de partir ! La taverne est un endroit où on va pouvoir glaner des infos précieuses mais aussi récupérer quelques quêtes rapportant moult richesses et objets utiles (sans compter qu’elles permettent d’orienter nos recherches dans le labyrinthe et ce faisant, on accédera à des endroits qu’on aurait forcément loupé au premier abord). La guilde permet de recruter d’autres aventuriers (histoire de se faire une équipe B ou C afin de parer à toute éventualité d’exploration ou de combat). Et pour finir, le conseil, à qui on fournira des rapports d’exploration, un codex de monstres et d’objets récupérés ainsi que les cartes des différents étages parcourus.
Les cartes ?
Alors bon, moi je débarquais dans Etrian Odyssey, je suis complètement passé à côté des autres épisodes de cette série qui commence à devenir vénérable. Tout ce que je savais c’est qu’il s’agissait d’un dungeon crawler où la carte des niveaux devait être tracée à la main sur l’écran du bas de la DS/3DS. Voilà, c’est tout. Et ben c’est vachement bien en fait. Je me demandais si ça n’allait pas être rengaine au bout du 15è étage, mais en fait non. Alors le bousin a dû être amélioré mais déjà on trace les murs, on peut ajouter des icônes pour les points de collecte, et ces icônes changent de couleur quand le point de collecte est actif ou inactif. On peut placer des indications diverses, liées ou pas à l’endroit où on se trouve, comme les raccourcis, indispensables à la bonne tenue de l’exploration, ou par exemple les portes verrouillées, des statues pivotantes et autres machins très utiles. Différentes couleurs sont utilisables pour le sol, ce qui permet d’indiquer les dalles dangereuses, et il est extrêmement simple de repérer un endroit intéressant sur la carte pour y revenir plus tard. C’est même conseillé, car le jeu ne le fera pas pour vous, donc dès qu’un endroit est indiqué comme « à revenir ptêt plus tard on sait jamais », mettez-y un gros point d’exclamation et un texte explicatif, ça vous facilitera la vie plus tard.
Porte, monstre, trésor.
Ok des cartes, des classes de perso, des quêtes, mais on fait quoi, on se balade ? Oh ben oui, mais régulièrement la promenade sera interrompue par un combat. Et les combats dans Etrian Odyssey ne sont pas faciles, oh non. Ne vous laissez pas berner par la bonhomie des designs des personnages et des monstres, les mignons petits glands et le gros sanglier vont vous faire mal. Oh oui. Et ce dès le début. Autant dire que si l’équipe de personnages n’est pas équilibrée, et prête à tout, la balade va être de courte durée. Prenons mon équipe, par exemple, j’ai choisi une troupe de choc, favorisant la puissance de frappe, avec 4 DPS et un heal (ouais, on peut causer jargon technique un peu?), la Rover pouvant invoquer un aigle de combat, on se retrouve avec potentiellement 5 attaques qui font mal par tour, et quand les ennemis sont connus et bien rodés, ça dépote. Par contre, face aux boss, j’en ai comme qui dirait un peu chié, vu que je n’ai aucun tank pour prendre les coups. Mais le jeu ne m’en empêche pas, c’est mon choix, j’assume. Il n’y a pas d’équipe type pour le jeu, chacun peut y aller avec le groupe qu’il veut. Même avec 5 soigneurs, tiens. Pourquoi pas ? (résultat non garanti) Ceci dit, une bonne connaissance de ce style de jeu est indispensable pour ne pas se retrouver complètement largué. Car mis à part l’introduction aux lieux du village de départ, le jeu est très chiche en matière d’aide et de tutos.
Hamao, Amrita, mais ?
Comme il s’agit d’un jeu Atlus, on va retrouver plein de caractéristiques de leurs autres dungeon RPG, Shin Megami Tensei et Persona en tête. Déjà, certains objets ont les mêmes noms et on va retrouver le principe d’affinités et faiblesses élémentaires (feu, gel, électricité) ainsi que les trois types d’attaques (frappe, coupe, perce) déjà vues dans d’autres RPG de l’éditeur. Et connaître ces caractéristiques est indispensable au bon déroulement des combats. Heureusement, chaque ennemi combattu au moins une fois est analysé, et on peut consulter ses faiblesses en combat en appuyant sur R, ce qui rend la stratégie plus facile. Même si certaines icônes ne sont que peu parlantes, on arrive à comprendre facilement ce qui peut marcher sur certains ennemis. Le gros truc ajouté dans Etrian Odyssey sont les « bind » : on peut paralyser une partie du corps de l’adversaire et il s’agit là d’une technique primordiale, à utiliser sans ménagement afin de parvenir à sortir victorieux des combats. Oh, et la fuite et une issue tout à fait viable, hein, survivre aujourd’hui pour gagner demain, c’est un motto. Car en cas de défaite c’est le gros Game Over avec retour à la dernière sauvegarde, et autant dire que c’est parfois rageant, même si on peut activer le mode « facile » qui permet de revenir avant le dernier combat perdu, mais en ayant toujours son équipe dans l’état dans lequel elle était avant (c’est à dire souvent mal en point).
Toujours plus haut.
Ces combats et cette exploration permettent de gravir les 30 étages composant les six strates de l’Yggdrasil. Et si les cinq premiers étages sont une forêt classique, la suite du jeu va probablement vous étonner (le 17è étage, surtout). D’autant que certains étages sont arpentés par des monstres peu commodes qu’il faudra dans un premier temps éviter en mettant au point des stratégies de contournement ou d’appât. En tout cas, chaque étage y va de son petit gimmick, rendant l’exploration gratifiante et le tracé des cartes indispensable. Le tout sur un chara design trop meugnon de Yuji Himukai et emporté par la bande son de Yuzo Koshiro qui nous prouve qu’il en a encore sous le capot.
Aussi dense et touffu que le labyrinthe qui le compose, Etrian Odyssey V n’est pas forcément à conseiller aux débutants de la série. C’est un jeu exigeant, long et franchement intéressant qui pourra passionner les spécialistes un bon moment. Pour les autres, les curieux, à priori il faudrait s’orienter vers les deux remakes des premiers jeux, qui sont peut-être parait-il plus accessibles.