Déjà responsables du sympathique ScreenCheat qui demandait de jouer en Split-Screen dans un FPS avec des personnages invisibles pour forcer les joueurs à tricher en regardant les écrans des adversaires (oui, l’idée est géniale et le jeu est encore joué aujourd’hui), le studio de Melbourne nous propose une expérience VR hors du commun.
Un pistolet tout-en-un
Nous sommes dans ce qui semble être une simulation en carton des années 50 et vous êtes assis dans le siège d’un rail-shooter distribuant des munitions pour vos armes sur chaque accoudoir. Le jeu va vous raconter une histoire satirique : celle des armes à feu et de leur utilité de tous les jours, de tous les âges, en commençant par votre naissance et en se prolongeant à chaque étape importante de votre vie. Ce jour ou vous avez rencontré votre femme, vous aviez forcément besoin de ce fusil sniper. Quand elle a accouché, comment auriez vous fait sans votre colt ? Et pour tailler la haie du jardin, quoi de mieux qu’une bonne mitraillette des familles ? Tout est (faussement) à la gloire des armes à feu et la NRA en prend plein sa tronche pendant les trois heures de jeu proposées.
Rail-Shooter classique pour un jeu VR, The American Dream propose beaucoup de narration, portée surtout par une voix masculine sortant du haut-parleur situé dans la bouche d’un chien empaillé qui vous suit dans vos aventures. Oui, ce n’est pas banal, mais c’est aussi ça le jeu de Samurai Punk. Si on devait estimer le taux de narration face au taux de réel jeu de tir, on serait sur du 70/30 très large. The American Dream est bavard. Si vous voulez tout savoir, il l’est même beaucoup trop.
Pamphlet saoulant
Les armes à feu c’est mal et pour vous le faire comprendre, on va vous les placer à l’extrême dans toutes les situations les plus folles. Et évidemment, tout va devenir très rapidement grand-guignolesque au point de perdre totalement de vue son ambition première de se moquer de cette belle liberté américaine. Le jeu part rapidement dans un trip politico-cosmique stupide et franchement navrant qui détruit tout ce qu’il entreprend dans la première, longue mais sympathique heure de jeu où l’on y croit encore. Jamais le joueur n’est un peu libre de jouer très longtemps avant que le narrateur ne décide qu’il faut encore faire une blague, encore vous apprendre quelque chose.
Les pires moments sont sans doute ces grandes leçons d’histoire qui viennent casser le rythme en vous imposant le visionnage de réels cours lourdingues sur les armes à feu et les grands lobbys. Comme le jeu manque souvent d’être drôle dans sa satire, on s’y ennuie terriblement…
La VR dans tout cela ? Elle fonctionne sur certains moments précis : de petits effrois, des moments de visée sympathique et quelques interactions originales sortent du lot. Mais tout est baigné dans une narration insupportable et lourde qui mène à une conclusion stupide et incompréhensible.
Pamphlet contre les armes à feu qui oublie souvent d’être un jeu à part entière, The American Dream VR propose des graphismes plutôt sympathiques, une belle mise en abyme et des épreuves amusantes. Dommage que ce soit annexe, puisque la narration prend toute la place : manque de chance, celle-ci est ratée et lourdingue. Pire : à force de nous empêcher de faire ce que l’on veut avec les phases de tir du jeu, pas sur que les amoureux des armes à feu y trouvent davantage une morale qu’une vraie frustration. Et si ce jeu était contre-productif, au final ?