Le terme Metroidvania a tendance a être un brin galvaudé mais permet d’identifier assez facilement de quel type de jeu on parle : Personnage se déplaçant dans un labyrinthe et récoltant des objets pour progresser. Dans A Robot Named Fight on incarne un robot (nommé Bagarre) qui se déplace dans un labyrinthe et doit récolter des objets pour progresser.
Loué soit le grand concepteur
Alors oui, ben basiquement, c’est ça, hein, sauf que, eh… il y a un petit twist. Le jeu est non seulement un Metroidvania, mais a aussi une composante Rogue, où à chaque partie, les objets et les salles sont redistribuées de manière aléatoire, rendant la progression à chaque fois à peu près différente. Mais pas vraiment.
Enfin avant tout, revenons au pourquoi du qui que quoi.
La planète sur laquelle se déroule l’action est peuplée de robots qui vivaient dans la paix et l’harmonie cybernétique siliconée, mais par un funeste jour, une horrible créature gigantesque, cyclopéenne, fantastique est apparue du fond du cosmos, faisant pleuvoir déconnexion, mises au rebut et obsolescence surprise sur les pauvres robots qui n’avaient apparemment rien demandé à personne. La bestiole étant faite de chair et de sang, elle fait pleuvoir d’autres bestioles horribles sur la surface et il incombe à Bagarre de sauver la planète. Enfin, un des robots de bagarre survivants activé un peu n’importe où. La bestiole étant énorme elle est visible depuis tous les coins de la surface et les robots Bagarre vont devoir se frayer un chemin parmi les sacs de viande informes vers les profondeurs, affronter différents boss, se surarmer et remonter défoncer le béhémoth de bidoche flottant au dessus de leur tête.
Plus Metroid que Vania
Le déroulement ressemble alors effectivement un peu toujours à la même chose, la zone de départ est peuplée de ptites bêtes pas très méchantes, et il faudra parcourir les autres zones du jeu et trouver à chaque fois l’objet permettant de monter très haut (jet-pack, chaussures volantes, giga saut, inverseur de gravité, etc.) afin de revenir dans cette zone de départ, trouver la salle du géant de chair et lui défoncer sa mouille. Donc à chaque fois le même cheminement mais les objets qu’on trouve varient à chaque partie, et l’algorithme vérifiant la faisabilité des cartes est tout à fait efficace puisqu’on ne peut pas se retrouver bloqué. Quant au design du jeu en lui-même on sent que l’auteur s’est extrêmement inspiré de Super Metroid, la silhouette du personnage rappelant l’armure de Samus, tout comme les différents power ups et armes qu’on peut trouver. Il y a pas mal de références planquées un peu partout, on sent l’amour du travail bien fait.
Un robot pas nommé lassitude
En tout cas, le contrat est accompli, un roguemetroidvania accessible, rétro dans le bon sens et avec ce qu’il faut pour y rejouer rapidement et facilement, c’est du tout bon. Le jeu est de plus mis à jour régulièrement et il faudra pas mal de skill et de chance pour en voir le vrai bout, car tuer la grosse bestiole n’est apparemment que le début. Chaque run vous prendra à peu près une bonne heure au début, et il y a des sauvegardes automatiques, pas besoin de s’inquiéter (par contre une fois mort, c’est mort… c’est le jeu de la vie des roguelike !)
On pourra reprocher une maniabilité un poil rigide, obligeant à jouer avec la croix directionnelle, le stick jetant un peu trop souvent à mon goût le protagoniste exactement à côté des plateformes visées. Oh et le design un peu trop gothico-boucherie-techno-apocalyptique pourra éventuellement rebuter, mais c’est un choix, et les décors sont terriblement bien détaillés, du grand pixel art. D’autre part tant qu’on est dans les reproches, certains mécanismes (comme les autels) sont relativement obscurs et pourront éventuellement gêner la progression sans un léger guide, mais ils sont la plupart du temps facultatifs.
Bourré de bonnes idées, d’objets rigolos et souvent inattendus dans leur utilisation (les drones flottants avec différentes caractéristiques, en tête), un scénario qui, s’il est classique, est bien amené et une difficulté tendue, de quoi réjouir les joueurs patients et voulant du rétro moderne. Un bon petit roguemetroidvaniaboumboum qui demande du skill, de la chance et de bons nerfs assez solides, tout ce qu’il faut pour finir l’été bien accompagné… Même si la concurrence est rude. Dernière remarque, le jeu étant réalisé en solo par un seul homme (Matt Bitner) le tour de force est tout à fait remarquable et mérite qu’on s’y attarde.