The Sinking City est un jeu intriguant. Forcément puisqu’il puise son inspiration dans les univers nébuleux tirés de l’esprit de H.P. Lovecraft. Il nous met aux commandes d’un détective privé qui à cause de son passé qui le pousse vers la folie – une composante récurrente chez Lovecraft – s’est retrouvé dans la ville partiellement submergée de Oakmont. Action et jeu d’enquête semble en être les deux principales axes de son gameplay.
N’ayant pu y jouer moi-même, j’ai du assister sagement à une démonstration d’un jeu qui typiquement ne pourrait être apprécié que seul. Son approche reste assez convenue pour ce qui m’a été donné de voir. Le système de dialogues paraît assez simple dans son fonctionnement et dans son ensemble, la partie enquête paraissait relativement linéaire. Il y a eu pourtant deux éléments de gameplay se détachant du reste.
Le premier pousse notre détective à user d’une espèce de pouvoir qui lui permet de voir les événements passés dans certains endroits. Il s’agit alors de remettre dans l’ordre chronologique les dits souvenirs pour en débloquer la finalité et obtenir un morceau de vérité supplémentaire et ainsi progresser dans notre enquête. Ce concept me fut familier alors qu’immédiatement The Vanishing of Ethan Carter me vint à l’esprit pour avoir utilisé la même méthode d’investigation à haute teneur fantastique.
Le second est la recherche d’informations dans une bibliothèque en associant diverses thématiques pour trouver un texte qui servira dans le cadre de cette démonstration, à retrouver une personne ou créature à l’origine de bien des problèmes dans notre enquête. Si The Sinking City s’essaye à réellement offrir un jeu de détective où il faudra un minimum réfléchir, je suis prêt à signer immédiatement. Car honnêtement les combats pour leur part étaient loin d’être passionnants ou tendus d’une quelconque façon.
Ces derniers reposent sur l’affrontement de créatures difformes et étranges venues avec l’inondation de Oakmont, et sur le fait que notre détective disposera en général d’assez peu de munitions pour se défendre. Sauf qu’en étant relativement mous et par manque d’une réelle atmosphère pour instiller la peur en nous, les quelques affrontements qui nous furent montré manquaient d’une réelle tension pour donner envie, contrairement à tout le reste, comme l’aspect narratif.
Il reste aussi que techniquement, le jeu manque encore de polish ce qui semble normal pour une alpha. La base est là mais toutes les ambiances, si tant est qu’elles seront différentes de ce que j’ai pu voir, manquaient également à l’appel. Il n’est pour autant pas nécessaire de verser dans le clair-obscur pour nous plonger dans l’effroi, des jeux comme Silent Hill avec peu de ressources machine avaient très bien réussis à ménager des atmosphères lourdes et oppressantes avec peu, notamment avec une bande-son adéquate.
Je me rappelle mes lointaines lectures adolescentes des mondes fous de Lovecraft. Il lui suffisait de quelques phrases pour installer la peur, ou plutôt l’angoisse dans ma tête. Ces écrits étaient véritablement la définition même de la folie par moment et c’est ce à quoi The Sinking City va devoir réussir pour toucher du doigt cette horreur tant prisée par les fans de l’auteur. Le potentiel est là, il suffit maintenant de transformer l’essai.