Ubisoft et Spectre Vision s’associent pour proposer Transference, présenté comme une sorte de thriller psychologique parsemé de puzzles, à mi-chemin entre cinéma et jeu vidéo. Ambiance singulière, exploration et mystère… petite plongée dans la simulation d’un esprit détraqué.
Une histoire de mémoire
Transference fait partie de ces quelques jeux qui peuvent se jouer « normalement » ou en réalité virtuelle (à l’instar de Resident Evil VII), procédé encore malheureusement trop peu répandu. C’est d’ailleurs bien le mode VR qui est ici le plus intéressant et le mieux adapté, puisque Transference propose de participer à une expérience de simulation mémorielle à la première personne. L’immersion naturelle de la VR, couplée à des décors très bien réalisés et une ambiance générale vraiment soignée (notamment au niveau du sound design très réussi), s’impose comme un atout majeur du jeu.
On y explore donc une espèce de simulation de l’esprit de Raymond Hayes, sorte de scientifique brillant qui a peu à peu perdu pied pour virer barjot. Sa simulation est d’ailleurs à son image : corrompue, elle est émaillée de glitchs et dysfonctionnements, elle connecte plusieurs dimensions, que le joueur peut parcourir en actionnant certains interrupteurs. Il s’agit en fait d’explorer l’appartement des Hayes, témoin de l’histoire de cette famille, de l’évolution de leurs relations tandis que Raymond approchait peu à peu de son objectif ultime.
Ambiance et narration
La force de Transference est incontestablement son ambiance, sombre et malsaine mais néanmoins subtile. Les visuels perturbants, avec les changements de dimension, l’appartement qui s’emplit de machines, les murs couverts de dessins révélant un profond mal-être, tout cela concourt à la création d’une atmosphère angoissante qui fait redouter la moindre ouverture de porte. Le jeu ne sombre pourtant pas dans le jump scare facile : il oppresse sans artifice, se rendant ainsi malgré tout agréable à parcourir. On explore l’appartement et les objets permettant une interaction, qui sont autant d’indices sur la famille Hayes et l’expérience de Raymond. La narration se fait essentiellement par l’intermédiaire de ces objets et du décor, un peu à la façon d’un Gone Home, et de vidéos en prises de vue réelles que l’on débloque régulièrement et qui apportent un éclairage déterminant sur l’histoire.
A bien des égards, Transference est une promenade linéaire d’un indice à l’autre. On y trouve tout de même quelques énigmes simples mais réussies, mises en scène sous forme de glitch dans la simulation mémorielle. C’est là l’occasion de faire de l’exploration une mécanique de jeu, puisque le joueur doit alors comprendre comment résoudre le puzzle, parfois à l’aide d’objets qu’il faut transporter entre les dimensions. Rien de bien compliqué, mais ces petits moments de réflexion apportent un plus indéniable. On regrettera simplement leur faible nombre, qui renvoie de manière générale à la faible durée de vie du jeu, entre 2h et 2h30, format finalement habituel pour la VR. Dommage, on en aurait voulu un peu plus ; mais c’est là sans doute le signe que Transference est une expérience réussie.
A expérimenter de préférence en VR pour en tirer le meilleur, Transference parvient à remplir son contrat pour ce qui est d’immerger le joueur dans un univers à la fois familier et dérangeant. L’atmosphère pesante fait des merveilles, et les énigmes viennent impliquer le joueur en offrant des phases de jeu concrètes et agréables. Le format est toutefois court, et on regrette de voir arriver la fin si vite…