L’indiecade, c’est un peu la grande messe du jeu indépendant et expérimental. Jeux vidéo et installations en libre accès, conférences, étudiants présentant leurs projets et évidemment tout plein de développeurs avec qui discuter. Nous nous sommes rendu avec Skywilly à cette troisième édition européenne se déroulant au Centre National des Arts et Métiers, cadre plutôt chouette pour ce genre d’événement. Pendant que ce cher rédacteur en chef buvait des bières et racontait des âneries quand il n’était pas en mode fanboy devant ses youtubeurs favoris (note du rédac’ chef :streameurs, s’il te plaît), j’étais en train de faire le tour d’une multitude de jeux jouables, certains déjà sortis (Forgotten Anne, Homomachina, Healer’s Quest), d’autres très avancés dans leur développement. Evidemment, nous allons nous intéresser à une partie de ces derniers.
Le jeu qui nous a fait rigoler : What the Golf ?
En voilà un qui traîne depuis un certain sur tout un tas de salon. Nous avons enfin pu poser nos mains sur cet ovni et ainsi vous confirmer le leitmotiv du jeu : un jeu créé par des gens qui ne connaissent rien au golf, pour les gens qui n’aiment pas le golf. Le tout premier niveau est très classique et simple, il suffit d’envoyer la balle dans le trou, en contrôlant la force avec laquelle on va la frapper. Sauf que dès le second niveau, on comprend à quel point le jeu est bête : plutôt de faire bouger la balle, c’est le golfeur lui-même qui sera propulsé et qui évidemment fera office de balle. On vous garantit qu’il est impossible de ne pas rigoler au vu de cette situation absurde. Évidemment, la stupidité sera présente tout le long du jeu, avec des maisons ou voitures en guise de balles de golf, mais aussi des ballons de foot, où il faudra éviter moult footballeurs pour arriver au drapeau. Ajoutez à cela tout plein de mécaniques inspirées d’autres jeux (des gros ventilateurs, des grappins, des « portal » et même un mode Super Hot qui m’a achevé dans un fou rire). Chacun des niveaux se fait en moins de 30 secondes, c’est très drôle, mais on ne s’imagine pas y jouer des heures et des heures. Par contre, effets garantis en soirée.
Il aurait pu être dans la catégorie s’il n’été pas tout cassé et pas ultra jouable: Anyball
Le jeu de l’amour du salon : Baba is you
Celui-là, on peut vous dire qu’on l’attendait au tournant. Certes Baba is You est d’une laideur assez incroyable, mais on s’en moque complètement (d’ailleurs, on est persuadé qu’avec des graphismes bien plus léchés, le jeu aurait beaucoup moins de charme, sans compter la perte de lisibilité qui détruirait une grande partie des puzzles). Car si Baba est moche, il est d’une intelligence incroyable, aussi bien dans son level design que dans ses mécaniques de jeu. Le but est de venir casser les règles de gameplay et en construire de nouvelles, en formant des phrases grâce aux mots présents à l’écran. Exemple : l’écran vous accueille avec « Baba is you« , « Wall is stop » et « Flag is win« , avec supposons un drapeau entièrement entouré de mur. Si vous réussissez à bouger le bloc « stop » de la phrase « wall is stop », alors vous pourrez traverser les murs et atteindre le drapeau. Autre possibilité, si vous faites la phrase « wall is win » (en remplaçant le mot « stop » par « win » dans la phrase de départ), il vous suffit de toucher n’importe quel mur pour gagner. Évidemment, il y aura tout plein de mots et règles de jeu à détruire et construire pour venir à bout de la centaine de niveau prévu. Bonne nouvelle, ça arrive dès novembre !
Il aurait pu être dans la catégorie s’il n’était pas en version très alpha: ScourgeBringer.
Le jeu plus blanc que blanc : Small Talk
En voilà un bel ovni avec un pitch assez cocasse. La fin du monde arrive dans les deux heures. N’importe quel jeu vidéo vous mettra dans la peau d’un héros qui fera tout pour éviter cette fin triste et tragique. Non, ici vous allez plutôt à une boum (oui, comme dans les années quatre-vingt-dix!) et discuter avec tout un tas de gens en attendant que les météores s’abattent sur terre (non, il n’y aura pas de Chuck Norris pour nous sauver). Et ces gens sont très particuliers : certain ont des têtes d’animaux, un autre à une tête d’un œuf au plat ou encore un corps en trois partie, découpé verticalement, quand ce n’est pas un géant de soixante mètres sortis tout droit d’une lampe magique qui est aussi là pour profiter de la petite soirée. En discutant avec certain des invités, vous pourrez parcourir un lointain souvenir, une épiphanie, qui devrait nous donner quelque piste de pourquoi tous ces gens bizarres sont réunis au même endroit. Évidemment, après avoir discuté avec la développeuse présente sur place, on comprend rapidement que c’est une création très personnelle, que chacun des participants représente une vision des comportements que l’on a des autres. On a drôlement hâte de découvrir ce monde tout blanc dès le début d’année prochaine et d’élucider le mystère qui l’entoure.
Le jeu qui aurait pu être le jeu plus blanc que blanc mais qui mérite qu’on en parle un peu quand même : Don’t kill her
Eh oui, encore un autre jeu tout blanc, qui va aussi nous raconter de manière détournée quelque chose de très personnel, mais qui n’empreinte pas la même voie narrative de Small Talk. Nous avons ici un puzzle/plateformer narratif, qui n’est pas un bon plateformer, à cause d’un saut horrible, rigide et lourd (sans compter qu’avoir deux touches sur la manette pour le saut, c’est non!). De même pour les puzzles, ils seront ici plutôt simples, pour casser un peu le rythme d’exploration, mais facilement réalisable pour ne pas bloquer la narration. On y incarne un petit être tout bizarre qui aurait tué sa tendre et douce, mais dont il n’a aucune souvenir. Dans ce monde en noir et blanc, on y découvrira des êtres étranges, certain nous aideront, d’autres nous barrerons la route, mais toujours sans violence. Et puis arrive la couleur. Du coup on est très intrigué de voir la suite.
Le jeu vidéo qui n’a pas de vidéo : Rotoring
Comme annoncé, IndieCade ne se contente pas seulement de proposer des jeux vidéo, mais aussi des installations interactives. Celle qui nous intéresse, surtout parce que c’était la plus accessible, était une toute petite installation, très proche de Line Woobler (que nous avions vu à la première édition d’IndieCade Europe). Ici, sur une planche de bois se trouve deux cercles faits de LED. Ces Led peuvent avoir quatre états : une sera blanche très vive, c’est nous, une autre sera éteinte, c’est la sortie. Les deux autres couleurs seront un blanc « normal », où l’on peut se mouvoir et du rouge, où l’on meurt. Avec un joystick et un bouton permettant de se déplacer d’un cercle à l’autre, il faudra éviter les LED rouge pour atteindre la sortie. Evidemment, tout le sel du jeu vient du game design de chacun des niveaux, où il faudra réussir à s’adapter, en ayant de bons réflexes, pour atteindre la sortie. C’est ingénieux et ça marche super bien.
Check out my hardware game #RotoRing at alt.ctrl.gdc booth! #gdc17 pic.twitter.com/fXEwkKqDc2
— Gregory Kogos (@aronegal) 2 mars 2017
Il aurait pu être dans la catégorie s’il n’été pas accessible que pendant une durée limitée : Stéréopolis, un jeu sur lentille de Fresnel et Living Orb, une grosse boule pleine de led qui a attiré tous les gamins présent sur le salon