Interview spéciale : Resident Evil

Bienvenue dans le laboratoire secret de William Birkin ! Non pas le savant fou de Resident Evil 2, nous voulons parler du fan qui possède la plus grande collection d’objets dédiés à la saga Resident Evil en Europe. Il propose sous le pseudo William Birkin une visite virtuelle sur son site nommé « Birkin’s Lab ». La sortie du remake de Resident Evil 2 approchant à grands pas, nous avons eu l’envie de connaître le sentiment de cet expert.


SOMMAIRE


LA COLLECTION D’OBJETS RESIDENT EVIL

Benjamin Berget – Quel a été le point de départ de votre collection ?

William Birkin – Ma collection a réellement débuté en mars 2003. Il faut savoir que cette date correspond à la fois à mon arrivée sur le web et mon premier véritable achat pour ma collection.
Depuis mon enfance, j’ai toujours collectionné énormément de choses dont beaucoup sont encore en ma possession, mais la passion s’envolait au bout d’une ou deux années maximum. Pour en revenir à Resident Evil, j’en suis fan depuis le premier épisode en 1996, mais ce n’est qu’à la découverte de forums et de boutiques spécialisées que j’ai réalisé le nombre de produits existant sur ma saga favorite, une vraie révélation pour moi ! En me promenant dans une boutique de jeux vidéo vendant aussi quelques produits dérivés, j’ai repéré une statuette en résine représentant le scientifique William Birkin seconde mutation (issue de Resident Evil 2) réalisée par Palisades Toys. Ce fût mon premier achat et pas le moins coûteux puisqu’il m’avait délesté de 150 euros à l’époque, une bonne entrée en matière si j’ose dire ! Mais la qualité de cette statuette, sa pose très stylée, ses détails très nombreux et sa rareté ont eu raison de moi, elle est toujours considérée comme l’un des plus beaux ouvrages sur la saga.

B. B. – Comment avez-vous acquis les pièces de votre musée ?

W. B. – Il existe beaucoup de moyens : les acheter à leur sortie ou en les précommandant, en cherchant sur les sites de ventes aux enchères, en faisant des échanges avec d’autres collectionneurs, mais aussi en liant des amitiés ! Certaines personnes présentent sur le web sont devenues de vrais amis que j’ai rencontrés en chair et en os. On s’envoie régulièrement des objets pour se faire plaisir ou échangeons de bonnes adresses, sachant mutuellement ce que nous recherchons.

La démocratisation d’Internet a permis pour les collectionneurs de s’ouvrir des horizons presque infinis de possibilités de découverte. Mais concernant la saga dont nous parlons, le Japon reste le pays ou les produits dérivés sont les plus répandus et recherchés. Et l’archipel Nippon étant très protectionniste il est difficile d’obtenir ces objets, la barrière de la langue étant un second frein pour créer des liens sur place.

Pour moi, le meilleur moyen d’obtenir des objets Resident Evil se résume en 4 mots : passion, recherche, patience, entraide. Il reste la possibilité d’être riche et de pouvoir obtenir tout ce que l’on souhaite à n’importe quel prix, mais non seulement cela ne concerne que peu de collectionneurs, mais en plus cela perdrait de son charme me concernant. En effet, la phase de recherche est partie prenant du concept de collection.

B. B. – Le Japon serait le pays du collector ?

W. B. – Pour Resident Evil, c’est clair. Le problème c’est que nous sommes régulièrement (le monde au-delà des frontières japonaises) mis de côté concernant les éditions collectors, mais aussi depuis quelques années pour les jeux en boîte ! Il suffit de voir ce qui était prévu au Japon pour le remake HD du premier épisode sur PlayStation 3 : 4 versions physiques différentes, allant du jeu vendu seul à l’édition collector ultime, en passant par deux collectors moins onéreux. Et nous n’aurions qu’un jeu en téléchargement dans le reste du monde ? Alors que les chiffres de vente de la saga montrent que le plus gros des ventes se joue justement en dehors du Japon, l’ironie n’en est que plus frustrante…

B. B. – Et pour la version collector du remake de Resident Evil 2, même topo ?

W. B. – Hé bien, c’est assez incroyable ce qui arrive. L’édition européenne étant la dernière annoncée, beaucoup d’entre nous avaient déjà fait des précommandes au Japon et aux États-Unis. Mais tout le monde a annulé suite à l’annonce de Capcom : pour la première fois dans l’histoire de Resident Evil, l’Europe aura le plus beau collector, et le reste du monde nous envie. La statuette, l’affiche, l’artbook, tous les pays y auront droit. Mais notre édition aura en plus les répliques des quatre clés du commissariat (trèfle, carreau, cœur, pique). Nous aurons aussi un badge exclusif « Made in heaven ». Les américains auront dans leur collector l’OST du jeu en dématérialisé, nous l’aurons en physique comme les japonais. On aura donc des objets exclusifs, et pas des moindres.

B. B. – Quelle est la valeur globale de votre collection ?

W. B. – Voilà une question très intéressante à laquelle il ne m’est pas possible de répondre. Tout d’abord, parce qu’il me faudrait faire un inventaire de toute ma collection, ce qui me prendrait un temps fou étant donné les milliers d’objets que je possède, bien que ce soit réalisable je l’accorde.

Mais surtout, comment l’évaluer ? Par exemple, si je prends la statuette William Birkin seconde mutation dont je viens de parler, que j’avais acheté 150 euros en 2003 – limitée à 400 exemplaires dans le monde entier – elle se vend désormais facilement le quintuple ! Quelle valeur choisir pour l’évaluer désormais ? La valeur d’origine ou la valeur acquise au fil des années au vu de sa rareté ?
De même, comment évaluer les objets dit Not For Sale, ces objets promotionnels qui étaient offerts pour marquer le lancement d’un jeu ? Car certains, comme la boîte à musique de Code: Veronica, se vendent à présent des milliers d’euros ! Faut-il considérer ces objets comme gratuits, ou là encore leur donner la valeur à laquelle ils se vendent de nos jours ? Certains objets prennent de la valeur le temps passant, il faut penser que quelques-uns ont désormais 20 ans et que les retrouver est un vrai parcours du combattant.

Et il ne faut pas oublier un fléau : la valeur des objets monte en flèche parce que des vendeurs peu scrupuleux tentent d’en écouler à des prix disproportionnés.

B. B. – Est-ce que toute votre collection tient dans votre musée ?

W. B. – C’est très compliqué puisque, même si j’ai désormais la chance de pouvoir consacrer une pièce entière d’environ 20m² pour présenter ma collection, il me manque sans cesse de l’espace ! Impossible d’afficher des centaines de posters et des dizaines de présentoirs vu la place que cela peut prendre au mur ou au sol, sans parler des objets qui s’entassent dans les vitrines…

B. B. – Quelle était votre intention en créant le « Birkin’s Lab » ?

W. B. – J’’ai créé le Birkin’s Lab en 2009, un site web pour présenter les objets de ma collection à l’aide de fiches comprenant des informations et des photos de chaque objet. J’en rajoute minimum un par semaine sur le site, et cela permet à beaucoup de gens de découvrir des objets, d’en savoir plus avant de se les procurer.
Depuis 2015, je bosse sur un nouveau site qui verra le jour en 2019. Nommé « Resident Evil Collection », il sera plus joli, avec plus d’infos sur chaque fiche. Mais je dois refaire chaque page du site qui compte plus de 1000 objets, bref un travail de titan.

B. B. – N’avez-vous pas l’impression, en vous focalisant sur les pièces de votre collection rendant hommage aux premiers jeux, de faire comme si Capcom n’avait pas dénaturé la série ?

W. B. – Lorsque Resident Evil 4 est sorti en 2005, je me suis dit que j’allais peut-être arrêter de collectionner tant le choc a été rude ! En tant que joueur et fan absolu de Survival horror, j’ai vu ma saga favorite prendre un virage « action » que je ne pouvais pas cautionner.

Puis, j’ai décidé de ne collectionner que les objets antérieurs à ce jeu. Je possède d’ailleurs peu d’objets relatifs aux derniers épisodes. Les premiers jeux resteront toujours les meilleurs dans mon cœur, mes favoris. J’en ai pris mon parti, en me disant que c’était un challenge : puisque je ne collectionne que les objets relatifs aux premiers épisodes et donc ayant un certain âge, cela sera encore plus difficile de les obtenir puisqu’ils sont plus rares.

Mais j’ai en même temps gagné un avantage car je sais ou me focaliser en mettant de côté 95% des objets qui sont désormais commercialisés. Je n’ai pas du tout l’impression de nier le virage « action » par ce choix vis à vis de ma collection, mais cette dernière est liée à ma passion, et je veux qu’elle reste un plaisir. Je refuse cet aveuglement qui consisterait à collectionner tout ce qui est relatif à la saga tant que le logo Capcom est sur l’emballage ! Chacun est libre de collectionner comme il en a envie, mais je veux éprouver une satisfaction en recevant un objet, et non me dire : un de plus dans la masse. Et pour cela, il doit toucher un épisode qui m’est cher.

B. B. – Quel est le Top 3 des produits dérivés les plus étranges ?

W. B. – En premier, la boîte à outils en bonus de précommande pour Outbreak File 2 aux USA. Un des personnages jouables est plombier, mais quand même…

En second, le parfum de Léon pour le quatrième épisode. Sérieusement, qui aurait envie de sentir comme lui après cette aventure ?

En troisième, la réplique du blouson de Léon pour le sixième épisode dans l’édition limitée au Japon, à 1000 euros. Qui va mettre ce prix dans un blouson ???

Je rajoute la machine à écrire qui accompagne la sortie du remake de Resident Evil 2, vendue 850 euros. Sans le logo Capcom, cette machine à écrire vaut 300 euros. Franchement, c’est hors concours !

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