Dans Conarium, on se réveille sans trop savoir ce qui a bien pu se passer. A nos côtés se trouve une étrange machine qui l’est au moins autant que le mystère entourant notre présence dans ces lieux bien silencieux de toute vie. Un pas posé dehors permet de se rendre compte que l’on est bien quelque par sur Terre mais dans un endroit de toute apparence éloigné de toute forme de civilisation. Nous sommes dans une sorte de station scientifique, perdue dans le grand Nord, ou peut-être le grand Sud. Nous ne savons rien si ce n’est que nous sommes laissé libre à explorer les alentours pour essayer de faire sens de cette situation.
Notre exploration se fait à la découverte de documents divers et de la résolution de diverses énigmes pouvant se révéler par moment plus complexes qu’il n’y paraîtrait. Jusque-là, il s’agit surtout de marcher et d’assembler les quelques pièces d’un puzzle étrange. Très vite, on a l’impression d’évoluer dans un cauchemar fortement inspiré par les écrits de Lovecraft dont le travail aura servi d’inspiration à Conarium.
Cryptique à souhait dans sa manière de faire les choses, que cela soit par le texte ou la présence de machineries insolites voire dérangeantes, il s’apparente au final presque à une descente progressive aux Enfers, ou plus exactement dans les ténèbres de la folie humaine suite au contact avec d’anciennes ruines difficiles à décrire.
Leurs formes n’évoquent rien d’humain et semblent comme venir d’ailleurs, ayant qui plus est de plus en plus d’effet sur l’esprit de notre protagoniste principal qui voit parfois des choses finissant par échapper à son contrôle. Tout le long, l’atmosphère lourde et pesante laisse planer la possible présence d’une menace physique réelle dans ces couloirs où pourtant rien ne se passe. On se prend alors au jeu en pensant que l’on va bien finir par sursauter quand le croquemitaine pointera le bout de son nez. Il n’en est rien. Conarium reste sage. Tout du moins pour la majeure partie du temps.
C’est ainsi que soudainement juste avant la dernière partie du jeu, une présence malfaisante et dangereuse se fera concrète. D’un jeu d’exploration cérébral, on nous impose une fuite en avant à la Benny Hill sous perfusion d’horreur, pour un instant certes court mais auquel rien ne nous avait préparé. Il s’agit d’un moment soudain et bref certes, qui risquerait de ne pas plaire à tout le monde.
Cela dit, sa nature mystérieuse et son excellente atmosphère servent admirablement un jeu à l’ambiance horrifique qui n’aura peut-être fauté que par excès en pensant nécessaire d’ajouter un brin d’action dans une aventure jusque-là plus posée tout en étant angoissante. Pour les fans d’atmosphère au poil aimant l’univers de Lovecraft, Conarium reste cependant une expérience globalement réussie dans laquelle il faut s’immerger tant il réussit à capter le style si particulier de cet auteur.