The Bard’s Tale IV : Barrows Deep

Sorti depuis fin septembre 2018 après avoir été démoulé un peu trop frais, The Bard’s Tale IV a bénéficié de pas mal d’améliorations et un suivi assez constant après sa sortie. Alors que les mises à jours ont ralenti et qu’un gros patch devrait arriver en juin, qu’en est-il, six mois après sa sortie, de ce Dungeon Crawler réalisé par inXile et Brian Fargo, le créateur des Bard’s Tale originaux (et du spin-off un peu raté sur Xbox en 2004), mais aussi de Wasteland et de Fallout ? C’est pas si simple à définir…



Compliqué.

Voilà, c’est compliqué. The Bard’s Tale IV est un jeu compliqué à critiquer, compliqué à jouer, compliqué à comprendre, mais compliqué à aimer comme à détester.

Déjà, à définir, c’est compliqué parce qu’il s’agirait d’un bête Dungeon Crawler basique, bon, ça serait facile, mais non. C’est un Dungeon Crawler Avec Des Puzzles, et ces énigmes sont assez variées, demandant de déchiffrer des parchemins pour récupérer un code à entrer sur une roue crantée, ou réaliser la bonne séquence musicale, ou envoyer des petites fées toutes mignonnes au bon endroit. Le tout entrecoupé de combats demandant une attention presque de chaque instant car chaque erreur peut être sanctionnée par de lourds dégâts dans votre équipe et les soins en combat sont rares. L’exploration, si elle permet d’observer des paysages variés et souvent ravissants n’est pas vraiment récompensée car les butins sont au mieux anecdotiques, au pire aléatoires (il n’est pas rare de réussir une énigme complexe pour se voir récompensé par une pomme ou de la viande séchée). Cependant le système de progression et les combats, quand ils se déroulent bien, sont tout à fait satisfaisants.



Voyez, c’est compliqué.

Compliqué parce que le design général du jeu est bancal. Les environnements superbement colorés et parfois magnifiques donnent vie à des personnages grotesques et animés chichement. Mais ces environnements, très variés tout au long du jeu, justifient presque à eux seuls la balade, tant chaque chapitre permet de découvrir un nouveau terrain, avec ses architectures étranges, de la forêt luxuriante subitement maudite à un donjon dont les murs semblent fait de chairs pourrissantes, à des montagnes eneigées et des falaises splendides. On est pas sur un monde ouvert à la Skyrim, mais s’y balader est relativement plaisant. D’autant que les musiques de Ged Grimes sont à tomber par terre si votre kif c’est le lyrique celtique (ce qui est mon cas). Les compositions enchanteresses cotoient des envolées épiques de manière tout à fait fluide, et vos oreilles en seront enchantées. Je vous conseille Cha D’fhuair Mi’n Cadal d’Eilidh Cormack, la chanson toute douce qui accompagne les puzzles avec les petites fées dont je vous parle au paragraphe précédent, c’est une vieille chanson en Gaelique, mais ça pourra vous donner une idée du truc.


Mais c’est compliqué.

Compliqué parce que se balader dans ces décors est un corollaire à une histoire ultra classique déjà vue, déjà jouée mille fois de grand Mal millénaire revenant mettre le bazar, avec son cortège de nervis nazes, du mage pourri au squelette nul, mais qui va tout de même nous agacer pendant un combat long et peu intéressant. Cependant même si les péripéties semblent sortir du guide du Maître du Jeu débutant, l’écriture, les personnages et l’ambiance générale du jeu sont réussis et ont bénéficié de la plume de très bons auteurs. Certaines quêtes sont assez difficile à dénicher, car cachées derrière une énigme assez velue et beaucoup d’aspects du jeu ne sont pas matraqués au visage du joueur sans arrêt, l’utilisation des différents chants, par exemple a certains usages pas forcément évidents au premier abord. Une aventure classique donc mais finalement agréable à parcourir, à condition bien sûr que le jeu ne plante pas, car même s’il a été largement patché depuis sa sortie, il reste assez peu stable sur la durée.

Frustrant par moment, irréellement agréable à d’autres, The Bard’s Tale IV est un jeu qui a été fait de manière artisanale avec beaucoup d’amour et ça se sent, il a manqué un peu de talent technique, mais on sent le jeu artisanal. Il a des défaut et demande des compromis, mais la variété des lieux visités ainsi que la boucle de gameplay mélangeant combats et énigmes pourra ravir les amateurs de Dungeon Crawler en manque, à condition d’être indulgent sur les plantages (ou d’installer le jeu sur un SSD, ce qui résout a priori pas mal de problèmes).

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