Reportage

FJA - Festival des Jeux d'Angoulême 2019

De l’intolérant au lactose, au gaucher, en passant par l’agoraphobe, on a une pelletée de cas particuliers chez GameSideStory. En ce qui me concerne je m’en sors plutôt bien, ma seule allergie notable c’est à Paris, et l’île de France en général. J’y vais aussi peu que possible, même pour les événements “incontournables” du jeu vidéo, qui ne le sont pas tant que ça cela dit. Alors quand je vois passer un post sur un petit événement “perdu” à Angoulême, par contre là c’est mon dada ! J’embarque mon cher rédac’ chef avec moi et zou ! Direction la capitale de la bande dessinée pour voir comment s’en sort le jeu vidéo là-bas.

Une pose de gardien de but dans un salon de jeu vidéo. C'est aussi ça, la classe de Chezmoa.

Nefasto’s (Mis)Adventure

Un héros de jeu vidéo assez mauvais à base de shooter sur des canettes sans trop de progression se retrouve plongé dans un point & click caustique et malin après que son jeu ait complètement crashé. On se retrouve avec un monde digital expliqué avec beaucoup d’humour, teinté d’un peu de grossiers personnages portés par un héros extrêmement antipathique.

Prévu sur Nintendo Switch, ce jeu d’aventure est pour l’instant très avancé et plutôt amusant à parcourir. Notre seul souci pour le moment, c’est de savoir si l’humour saura se renouveler et ne pas rendre le récit trop lourd. Dans la version qui nous était proposée, les gags fonctionnaient sur une vingtaine de minutes… Mais au-delà ?

Porté aussi par un environnement graphique volontairement épuré, Nefasto va avoir fort à faire pour parvenir à mettre en avant ses quelques beaux tableaux, cachés par l’environnement « digital » forcément omniprésent. Bref, c’est une vraie curiosité qu’il faudra suivre à la sortie.

Aurore

Tout jeune prototype de 3 semaines à peine, Aurore est une expérience onirique où un personnage contrôlé par le joueur progresse en 3 dimensions, sur des plateformes au-dessus des nuages.

Le joueur peut se déplacer, sauter mais aussi et surtout manipuler son environnement en faisant grossir ou rétrécir de façon assez importante certains blocs, les transformant de simple brique à mur gigantesque.

La démo permet d’explorer les possibilités de cette mécanique à travers quelques petites énigmes dont on vient à bout en une poignée de minutes.

Un résultat convaincant pour un prototype de 3 semaines qui propose à la fois une mécanique qui fonctionne, quelques façons de l’exploiter intelligemment et déjà une ambiance onirique qui sera propice à une belle narration si elle est correctement exploitée.

Pachakutiq

Grosse claque visuelle, Pachakutiq est un jeu qui étonne. Tout d’abord parce qu’il ne dit rien au premier regard : on le voit, on se dit que c’est « un plateformer 2D de plus » comme un gros blasé de la presse indépendante qu’on est, puis finalement, à mieux y regarder, on aperçoit une animation de qualité par-ci, un petit détail par-là qui rendent le tout complètement envoûtant.

L’héroïne de ce jeu possède deux transformations, une rapide et une « bourrine », qui changent aussi les différentes animations proposées. Il faut la voir se poser contre les bords du niveau, sauter, donner des coups de pied, se transformer, frapper avec sa masse en bois, pour se rendre compte du niveau de qualité des animations. C’est assez subjuguant.

À côté de ces graphismes enchanteurs, on a une idée de niveaux qui s’adaptent au joueur et à sa façon de jouer et là aussi, cela vend du rêve. Qu’on soit très bon ou très mauvais, on peut finir un niveau de Pachakutiq. À nous (ou pas) d’avoir l’envie de se dépasser et de relancer ce niveau pour tenter de faire mieux.

Original dans ses idées, visuellement très prometteur, Pachakutiq permet aussi de caresser des animaux sauvages. Coup de cœur, donc. Totalement objectif, évidemment.

Double Kick Heroes

Si une petite borne permettait de jouer à Double Kick Heroes sur le salon, c’est surtout la version Switch, testée console en main qui m’intéressait. Bien que je sois particulièrement mauvais aux jeux musicaux (je n’ai aucun, mais alors aucun, sens du rythme), Double Kick Heroes fait partie des quelques titres auxquels je peux me faire plaisir en jouant “au visuel”.

La version Switch m’a d’ailleurs semblé encore plus abordable que les autres versions du jeu. Les contrôles sont réactifs et naturels, mais surtout, le jeu en mode portable me permet de garder un œil sur la totalité de l’écran grâce à ma vision périphérique.

Un bon point pour les gros nazes comme moi, qui peuvent cependant jouer sans le son et faire mourir de crise cardiaque les musiciens alentours.

Edgar - Bokbok in Boulzac

Un Point & Click jouable à la manette, enfin ! Edgar est un brave fermier (ressemblant étrangement à Dave le Dingo de Plants vs Zombies) qui passe ses journées à faire pousser de bons gros légumes, tout en discutant avec sa poule. L’ambiance est détendue et bon enfant avec des dialogues amusants qu’on croirait parfois sortis tout droit de la bouche de Depardieu dans les valseuses. Et ouais, on est pas bien là ?

Mais voilà, la machine qui permet de repousser les nuées d’insectes dévastateurs est tombée en panne, et il va falloir aller chercher de quoi la réparer “en ville”. Edgar part donc à l’aventure pour sauver la récolte. Une direction artistique originale et réussie, un ton drôle et des dialogues bien écrits,

Edgar – Bokbok in Boulzac m’a convaincu, j’attends la version définitive avec impatience, et ce n’est pas uniquement parce que j’habite à la campagne.

TokoToko

Découvert au travers d’une vidéo annoncée avant l’événement, j’étais impatient de découvrir Tokotoko (et Skywilly aussi). De bon matin du second jour de notre expédition, c’est armé d’un stylo sur une petite carte de visite que 2 des créatrices nous demandent de dessiner une porte.

Le talent d’artiste de Skywilly étant plus développé que le mien après une dure nuit à travailler, je le laisse exécuter la basse besogne. Il a ensuite suffi de passer le téléphone de démonstration juste au-dessus de cette œuvre d’art pour voir la porte s’ouvrir et un mignon petit chat en sortir.

Et si la technologie est au point, j’avais peur qu’elle ne soit sous-exploitée que pour en faire un simple tamagotchi en réalité augmentée. Mais d’après la discussion que nous avons eue juste après la démonstration, j’étais plus que rassuré, Kalank studio réfléchit en effet à proposer un jeu plus évolué, qui pourrait même être proche d’un Animal Crossing. Je vais vite le raconter à tout le village et on fera une grande fête pour fêter ça.

Jumalien

Ce n’est pas parce qu’il a un nom à intertitre de gros site internet (« Si Jumalien, c’est Juvamine ») qu’il faudrait oublier de parler du cœur de ce jeu. En étudiant le Game Design, l’auteur de ce Jumalien a recréé ce qui semble être une sorte de Risk of Rain/Rogue Like sans même avoir la moitié des références en tête ce qui, en soi, est bien vu de sa part.

Le principe est de passer de tableau en tableau, de tuer de l’ennemi, de rencontrer un marchand qui vous booste vos objets… Rien n’est véritablement nouveau, mais le projet a un potentiel fun et expérimental qui n’est pas à mettre de côté. On a cette impression d’aventure unique sur de longues heures, une fois le gameplay bien maîtrisé, qui peut rendre l’expérience vraiment marquante pour le joueur. Le principe de Die & Retry et de maitrise du personnage sur la longueur fonctionne très bien.

Pour la rejouabilité, il y a l’aventure à plusieurs qui se déroule en splitté local. Et si je dis du mal du splitté local, Chezmoa me tape, donc bon.

Pile Up

Pile Up était le jeu de canapé jouable à 4 du salon, les 2 créatrices de Tokotoko rencontrées plus tôt s’installent à mes côtés, ainsi qu’un visiteur inconnu, âgé d’une dizaine d’années environ. Le jeu démarre et chacun d’entre nous contrôle un petit carton qui peut se déplacer, sauter, dasher et même s’entasser sur (ou sous) les autres participants (d’où le nom du jeu).

Le titre est purement coopératif et il faut régulièrement se monter dessus pour pouvoir avancer, activer des interrupteurs qui ouvriront la voie aux autres ou encore déplacer des objets pour aider tout le monde à grimper sur une plateforme en hauteur. Les niveaux proposent souvent plusieurs chemins et le plus compliqué pour avancer est surtout de se coordonner entre joueurs. Une condition a priori simple à remplir avec vos amis dans votre canapé. Mais le petit jeune venu nous rejoindre n’a clairement pas l’habitude des jeux coopératifs (faut jouer à autre chose que Fortnite, gamin). Il n’était non seulement pas d’une grande aide, mais nous faisait même régulièrement régresser, ce qui semblait particulièrement énerver l’une de mes 2 équipières, tandis que nous passions plutôt notre temps à faire des blagues graveleuses à base de se monter dessus.

Bref vous l’avez compris Pile Up est un vrai jeu de canapé à vivre. Si vos amis sont motivés et habitués à la coopération, vous serez rapidement fiers de déjouer les énigmes bien dosées du jeu. Si à l’inverse vos potes sont des bras cassés, vous passerez de longues heures à vous engueuler pour avancer, mais c’est aussi ça le charme des jeux de canapé, un peu de bière, un soupçon d’insultes, et voilà une soirée jeu vidéo réussie.

Kupe

Assurément mon coup de cœur de la sélection, Kupe est un puzzle game qui aura réussi à me tenir en haleine le long de sa démo de 37 niveaux. 

À l’ambiance graphique et musicale minimaliste, le jeu repose lui aussi sur une mécanique simple. Vous devez déplacer un cube d’un point A à un point B, en disposant au sol des flèches directionnelles que le cube suivra jusqu’à en rencontrer une autre, se retrouver bloqué ou atteindre la case d’arrivée. Les plus anciens se rappelleront du jeu de l’Ange Gardien sur le célèbre site Prizee, d’autres encore parleront de Chu Chu Rocket sur Dreamcast, bref un concept simple mais qui a déjà fait ses preuves. 

Et si Kupe parait facile en apparence, il devient rapidement complexe en ajoutant de nouveaux éléments, un système d’étages, plusieurs blocs à gérer en simultané et même anticiper le chemin de l’un pour que l’autre puisse lui glisser dessus pour passer. 

C’est diablement ingénieux, avec un level design parfaitement équilibré, tout en se renouvelant en permanence. 37 niveaux ce n’était pas assez, j’en veux plus, encore plus !

Main Frames

Déjà croisé au FEFFS dont on vous avait parlé, Main Frames est un autre puzzle plateformer, prenant place dans ce bon vieux navigateur Windows. Le joueur devra à la fois contrôler son personnage et les fenêtres du navigateur dans lequel il évoluera. On saute sur la fenêtre de l’explorateur servant de plateforme, on déplace la fenêtre précédente pour la placer plus haut, puis on ressaute à nouveau dessus, avant de déplacer la seconde fenêtre à son tour, et ainsi de suite. Les choses se compliquent bien sûr au fur et à mesure avec des fenêtres indéplaçables, des bugs à éviter, et un peu plus tard un défilement automatique de l’écran. Le tout est intégralement jouable à la manette (y compris le déplacement des fenêtres) et répond au doigt et à l’oeil du joueur. De plus il semble possible de terminer certains niveaux de plusieurs façons possibles, selon que l’on utilise ses méninges ou sa dextérité. À surveiller de près, même si vous êtes un Apple addict ou un libriste fan du pingouin.

Image de ChezMoa (Gaëtan Verdichizzi) et Skywilly (William Bertin)

ChezMoa (Gaëtan Verdichizzi) et Skywilly (William Bertin)

80% l'un, 20% l'autre. C'est bien d'être le rédacteur en chef.