Critique

Pawarumi

Développeur : Manufacture 43 – Éditeur : seuls, tels des aventuriers
Date de Sortie sur Switch : 24 juillet 2019 – Prix : 14,99 €

Ma première découverte de Pawarumi remonte à la Gamescom 2016. A l’époque (ça fait vieux con dit comme ça non ?), nous étions avec l’équipe de GameSideStory sur le stand de l’Indie Arena Booth lors de leur soirée. Il faut savoir que le monstrueux stand propose plus d’une centaine de jeux et cet évènement est souvent l’occasion pour nous de découvrir des petites perles, sans pour autant voler la place d’un honnête visiteur qui a grassement payé sa place. 

Armé d’une bratwurst et d’une bière, je rencontre Charles, un peu déçu, qui espérait qu’on démonte son shoot’em up à coups de critiques, car c’est grâce aux critiques que le développement progresse. En bon retrogamer tout fier que je suis, je me suis porté volontaire pour démonter son jeu, puis j’ai eu l’air d’un con, parce que c’était bien. Quelques années plus tard, la Switch est là, Pawarumi aussi, mais est-ce que ça match, comme disent toutes les pubs pour sites de rencontre à la con ?

Reculer pour vous en tirer ensuite.

J’ai pu tester à nouveau Pawarumi lors de mes quelques voyages à Bordeaux. J’avais fait un article sur les betapero à ce sujet. J’ai aussi eu l’occasion de tâter rapidement la version Switch en passant au studio en février dernier. Bref, je ne pensais pas vous écrire ce test un jour, ayant peur du manque d’objectivité que je pourrais avoir. Mais entre-temps, un autre jeu, sorti lui aussi par des copains est passé entre mes mains, et malgré toute l’amitié que j’ai pour eux, j’ai dû descendre le jeu (c’est encore plus triste quand c’est l’œuvre d’un ami). Bref les mecs de Pawarumi sont mes copains mais ce n’est pas pour autant que je vais manquer d’objectivité (ça me semblait tout de même important de tout préciser).

Après cette intro à rallonge, parlons du jeu. PAWARUMI est un shoot’em up inspiré par Ikaruga et Radiant Silvergun. Les retrogamers ont sans doute déjà une érection, tandis que le commun des mortels ne sait pas de quoi nous parlons. En résumé, vous contrôlez un vaisseau spatial aztèque de l’espace (si, si, c’est possible) et disposez de 3 tirs différents : un bleu, un vert et un rouge. Chaque tir propose un comportement particulier, l’un est un vaste laser, l’autre un mélange de tirs croisés sinueux, tandis que le dernier est plus ou moins à tête chercheuse. Jusqu’ici c’est assez simple. Maintenant, ajoutez des ennemis de la même gamme colorée et croisez cela à un pierre-feuille ciseaux. Le rouge déboite le bleu, le bleu défouraille le vert, et le vert défonce le rouge. Un tir optimisé de la sorte est appelé un CRUSH, mais j’y reviendrai plus tard. Ikaruga proposait de changer la couleur de votre vaisseau selon la situation, Radiant Silvergun offrait quant à lui plusieurs armes différentes, Pawarumi a croisé les 2.

Quel sac de noeuds encore

Bon alors, le pierre-feuille-ciseaux en couleur c’est la base du jeu, mais pour faire un vrai jeu d’arcade il faut suivre une règle simple : « Easy to learn, hard to master ». C’est clairement facile à comprendre mais il y a une autre couche de gameplay à découvrir. Votre vaisseau ne possède pas de barre de vie, mais un bouclier. Lorsque vous vous faites toucher, celui-ci en prend un coup et une fois à zéro c’est le game over. Fort heureusement, vous pouvez recharger celui-ci. Pour ce faire, pas de bonus à ramasser, pas de zone de rechargement, mais tout simplement tirer de la couleur d’un ennemi sur celui-ci. Une vague de vaisseaux bleus ? Sortez votre laser couleur azur et nettoyez moi tout ça tout en rechargeant votre bouclier. Une nuée rouge ? Faites péter vos têtes chercheuses écarlates pour recharger cette barre de shield. Une invasion verte, bref vous avez compris… Mais, parce qu’il y a toujours un mais, tirer pour recharger votre bouclier va aussi pousser vos ennemis à vous tirer dessus plus vite, alors qu’un tir sur couleur similaire est aussi l’attaque la plus faible possible pour anéantir un ennemi. Une attaque de rechargement de ce type est appelée un BOOST.

Je crois qu’on est pas mal là, on a le « easy to learn » et le « hard to master », mais quand même 3 tirs différents, 3 couleurs, ça serait bien d’avoir 3 mécaniques. Hey ! Mais en fait il y en a une autre… La plupart des shoots proposent ce qu’on appelle une smart bombe, grosso modo quand c’est la merde, tu appuies sur le bouton magique et PAF ! L’écran est vidé de tout ennemi et toutes les boulettes disparaissent. Ensuite il faut attendre la fin du niveau ou en ramasser une autre pour réactiver le plan B. Dans Pawarumi, pas de ça, mais une barre de super qui lâche une nuée de boulettes magiques pour nettoyer l’écran une fois activée (avec 3 niveaux d’efficacité différents). Pour recharger la barre pas de CRUSH, pas de BOOST, mais un DRAIN en utilisant la dernière couleur disponible. Je vous fait un exemple ça sera plus parlant : un ennemi bleu débarque à l’écran : 

  • a) Je lui tire dessus en bleu pour recharger mon bouclier (BOOST)
  • b) Je le défouraille avec mon tir rouge pour lui éclater la tronche (CRUSH)
  • c) Je le mitraille de mon tir vert pour recharger ma barre de super, afin d’être prêt en cas de soucis, ou accessoirement pour fracasser le boss un peu plus tard (DRAIN)
  • d) Obi One Kenobi

Si tout ça vous semble compliqué, n’ayez crainte, Manufacture 43 a tout prévu, en commençant par un didacticiel simple et efficace pour vous expliquer le tout mais surtout, une interface aux petits oignons. 

À chaque tir, un simple coup d’oeil en bas de l’écran vous permet de savoir où vous en êtes, sur la gauche votre barre de bouclier se recharge en cas de BOOST et dessine une légère animation, pour vous permettre de le voir dans votre vision périphérique sans lâcher votre vaisseau des yeux. Au centre, un large triangle vous indique le maillon faible à viser pour faire du CRUSH. Et à droite enfin votre barre de super qui s’anime elle aussi légèrement en cas de DRAIN. De plus, la couleur des tirs correspond à la couleur des boutons si vous jouez sur Xbox One ou PC avec une manette Microsoft. Il est tout de même possible de réatribuer chaque tir au bouton de votre choix, une option bien pratique pour ceux qui comme moi joueraient sur un stick arcade 8bit-do.

Si Manufacture 43 déclare avoir 43 raisons secrètes d'avoir créé le studio, l'une d'elle est sans conteste leur goût pour les shoot'em up. Si au cours d'une discussion avec eux vous avez le malheur de dire que "les shoots sur téléphone de toute façon c'est toujours de la merde" vous verrez alors Daniel glisser la main dans sa poche et vous sortir son iPhone ancestral et pas mis à jour depuis des années pour lancer Shogun Rise of the Renegade. Un titre sur lequel il a bossé, disparu des stores depuis belle lurette que Daniel conserve précieusement afin de vous prouver que vous venez de raconter une connerie, parce que comme il le dit "quand c'est bien fait en fait, ça marche très bien".

Les vieux shoots demandaient d’apprendre des séquences par coeur pour pouvoir terminer un niveau, PAWARUMI est bien plus souple en vous demandant non pas d’apprendre les mouvements des ennemis mais les combinaisons à exercer pour faire du CRUSH, du BOOST ou du DRAIN, selon votre façon de jouer et votre situation. Une dimension stratégique et intelligente qu’on a rarement vu dans un shoot’em up. Si la première partie est un peu étrange le temps d’assimiler tous les concepts, la seconde procure à l’inverse un sentiment de puissance dès que l’on maitrise les arcanes de cette technologie Aztèque de l’espace. Le mode facile est faisable pour le commun des mortels, le mode normal s’adresse aux joueurs plus chevronnés, quant au mode difficile, il a sans doute été conçu par des robots, eux aussi venus de l’espace et est à réserver aux plus persévérants.

Digne héritier d'Ikaruga et Radiant Silvergun, PAWARUMI est un shoot d'exception. Arcade jusqu'au bout des touches, il correspond parfaitement à cette fameuse recette "easy to learn, hard to master", en ajoutant une dimension stratégique à son gameplay nerveux qui répond au doigt et à l'oeil. Bien plus accessible que ses ancêtres sur borne, il permettra même (en mode facile) de contenter ceux qui aiment les shoots, sans forcément y être très doués.

Image de Chezmoa

Chezmoa

Tous mes articles pour GSS sont sous licence Beerware.

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