Kill la Kill - IF
Développeur : A+ Games – Éditeurs : Arc System Works et PQube – Date de Sortie : 26 juillet 2019 – Prix : 60 €
Mon plan se déroule à merveille, la Gaijin Task Force gagne du terrain dans la rédaction : c’est ma troisième critique sur Game Side Story dont déjà deux jeux vidéo japonais. Faisons la check list ensemble : personnages presque à poil, check ; femmes ultra dénudées, check ; hurlements lors des attaques, check ; scénario imbitable, check ; bastons qui durent l’équivalent de trois épisodes, check. Place au pedigree : Arc System Works, A+ Games, PQube et Trigger. C’est bien du made in Japan, aucun doute là-dessus.
Avec des si… ou plutôt des ciseaux
La première fois que j’ai vu l’annonce d’un jeu vidéo Kill la Kill, j’étais comme fou, prêt à prendre l’avion et faire cruncher l’équipe de A+ pour que ce titre sorte le plus rapidement possible. Plusieurs mois plus tard, le contre-coup est tombé : je suis encore ébahi par la technique, mais j’aurais préféré attendre encore quelques mois supplémentaires… Voilà, bisous, au-revoir.
Un instant tout de même ! Retournons quelques instants plus tôt, rembobinons et partons dans un univers parallèle où je vous emmène jusqu’à la fin de cette critique.
Kill la Koi ?
Tout d’abord, commençons par le commencement. Kill la Kill est un animé (une série télévisée d’animation asiatique, généralement japonaise) créé par Trigger et diffusé entre 2013 et 2014. Trigger est fondé en 2011 par des anciens de Gainax, Hiroyuki Imaishi et Masahiko Ōtsuka. Ces messieurs ont bossé sur des séries ou films (des chefs-d’œuvre pour certaines à mon sens) comme Evangelion, Gurren Lagann, Panty and Stocking with Garterbelt, Gunbuster, Diebuster, FLCL, Redline ou Darling in the Franxx pour ne citer que ceux que je kiffe ma grosse race de fan (oui j’ai presque tout ça en Blu-ray et alors ?!) En gros ce sont des maîtres de l’animation, du combat épique et du what the fuck.
Pour revenir au sujet d’aujourd’hui, il s’agit de suivre l’aventure de Ryuko Matoi, une jeune femme armée d’un ciseau récupéré sur le cadavre de son défunt père. Arrivée dans un bidonville, elle apprend par une famille que la ville est en prise à une sorte de dictature locale dirigée par Satsuki Kiryūin, présidente du conseil des élèves de l’académie locale. Armée de son sang bouillant et de son désir de vengeance, Ryuko entre à l’Académie Honnōji et défie la présidente pressentant qu’elle a des informations sur le meurtrier. Ryuko perd lamentablement et se retrouve dans son ancienne demeure, calcinée. Elle y trouve une espèce de vêtement doté d’une intelligence, qui lui confère d’incroyables pouvoirs une fois vêtu.
S’ensuivront de nombreuses batailles gigantesques afin de découvrir l’identité du tueur, de la raison de ce meurtre, mais aussi des trucs encore plus fous issus des esprits tordus de chez Trigger. Les scénaristes s’amusent aussi avec ce qu’appelle le Docteur Zhykosu de l’Université de Tokyo III, la seconde loi de l’esthétique asiatique fantastique. Pour vulgariser cet immense ouvrage de 267 pages, il s’agit, pour un personnage féminin, de devenir proportionnellement puissant selon son degré de nudité. La troisième loi est aussi vérifiée : la seconde loi ne s’applique qu’aux personnages principaux. C’est très pervers, très coquin, mais croyez-le ou non, ce n’est pas malsain et cela peut plus ou moins s’expliquer par l’histoire, voire une méta-histoire sur la critique de la société consumériste.
Un scénario bien cisaillé
J’ai toujours pensé que les locaux de Trigger étaient bâtis dans une ancienne zone de traitement psychologique avec des murs matelassés et des gens qui s’exclament toutes les demi-heures avec des : « Oh putain j’ai une idée ! Et si on faisait des robots de plus en plus gros à tel point qu’à la fin ils se lanceraient des planètes sur la gueule ? » Ne riez pas, ils l’ont fait juste avant chez Gainax ! Du coup, quand une aventure solo a été annoncée pour Kill la Kill – IF, je craignais le pire. Au moins, le gameplay s’articule bien entendu sur la bagarre, l’élément principal de la série. Ouf. La campagne, quant à elle, vous met dans la peau (oui pas le costume, car il se résume à trois bouts de ficelle) de Satsuki entre la seconde défaite de Ryuko et la bataille contre sa mère pour une histoire de scooter (c’est pas vrai, mais je ne vais pas spoiler.)
Des combats viennent s’intercaler entre des nombreuses et superbes cinématiques refaites avec le moteur du jeu. Cependant au cours de l’heure et demie que dure cette aventure, on ressent qu’il y a quelque chose qui manque. Sans parler des différences par rapport au matériau de base qu’un fan peut détecter immédiatement, je sentais que le studio avait fait de la merde. Bien qu’habitué de leurs productions, c’est comme si A+ Games était en roue libre sans avoir consulté ses pères. De tels trous dans un univers déjà excessivement taré, il y avait de quoi devenir dingue.
C’est alors que s’ouvre l’arc centré sur Ryuko, en parallèle du premier. Ses pérégrinations viennent combler les vides et éclaircir les zones d’ombres dues aux différences avec l’animé. Après avoir pesté comme un sale con de fan sans réfléchir, je me suis retrouvé tout bête en me disant que finalement c’était plutôt malin.
Malgré cela, je retiendrai qu’avec trois petites heures au compteur, ça fait un peu court, surtout quand tu as environ une seule heure de gameplay en tout et pour tout. Le pire dans tout cela sont les chargements calamiteux. Sur ma PS4 classique, c’est long, mais en plus ils viennent s’intercaler tel un spot publicitaire qui arrive comme une merde pile au moment de la montée en puissance de l’action. Une héroïne qui se transforme en truc de fou ? Bim un chargement ! Le boss qui arrive pour te maraver la face avec style ? Bim un chargement. Putain !
La guerre des boutons
Après avoir glissé en douce tout mon amour pour Kill la Kill, concentrons-nous sur l’aspect principal du jeu. Non pas les boobs, le combat pardi ! Ce titre se range plutôt du côté des Muso que des Street Fighters, car l’action se déroule dans une arène ouverte en 3D, et les combinaisons de touches et tactiques se listent sur un feuillet A5. C’est ultra classique avec une attaque au corps à corps (qui peut évoluer en anti-air ou de zone en fonction de l’orientation du stick), une attaque à distance (qui peut se charger) et un brise-garde. Il y a également une protection qui peut évoluer en dash en lui associant un bouton ou une direction. Et c’est tout pour la base.
Des coups spéciaux existent et se déclenchent moyennant la furie engrangée lors de la rixe. Un coup de L1 + carré dépense deux cases (sur quatre) pour envoyer une attaque puissante au contact. Le triangle sert pour la distance et le rond pour casser la garde (ce sont exactement les mêmes boutons pour les coups simples.) Enfin, la fonctionnalité la plus intéressante se nomme le Bloody Valor et permet aux joueurs d’augmenter la puissance de son avatar, un peu comme dans Dragon Ball et les charges de Ki. Justement j’ai une blague sur DBZ, ça me trottine dans la tête depuis tout à l’heure, la voici même si vous vous en fichez : combien faut-il de Super Saiyans pour changer une ampoule ? Un seul, mais il lui faut 3 saisons ! Voilà c’était Zhykos, c’est tout pour moi !
Jan-ken-pon No Densetsu
Trêve de plaisanterie à deux francs… Le système de combat de Kill la Kill – IF se repose alors sur un savant concept de chifumi avec la sainte trinité « le corps à corps plus puissant que la distance », etc. Le Bloody Valor met encore plus en évidence ce game design, car il est carrément calqué sur ce principe. Si cette attaque réussit, l’assaillant se voit proposer trois choix : carré pour faire des dégâts, triangle pour récupérer de la furie (visible via le terme SP), ou rond pour se soigner. S’engage alors un mind game face à son pote (on voit les manettes se cacher comme lors des penaltys à PES) qui choisit aussi une action qui, elle, ne fera que du dégât si l’assaut est déjoué. Deux autres cas se présentent même si la puissance monte toujours : il y a égalité, on s’arrête là ; la moquerie est gagnée (oui c’est une joute verbale), on enchaîne alors sur un autre duel. Il est possible de monter jusqu’au niveau 3 (votre combattant devient alors une brute de guerre) et peut réaliser un coup critique avec la barre de furie remplie, pour remporter immédiatement la partie.
Kill le Kontenu
Une aventure en solitaire cool, un système de combat sympathique sans chercher à égaler les cadors, tout est réuni pour lui offrir une sélection GSS. Sauf que si vous descendez un peu plus bas de la page, le joli macaron est absent, tout comme le contenu sur le Blu-ray qui vaut 60 balles. À presque 10 euros le perso, 3 heures pour débloquer le roster des 8 combattants (deux gratuits dont la géniale Mako arriveront gratuitement cet été), quelques arènes (genre 5 ou 6, dont une seule qui n’est pas moche), on reste sur notre faim quand le garçon vous amène la note.
Même si les 8 rivaux proposent un gameplay complètement différent à chaque fois – Gamagōri, le bouclier humain de Satsuki, est un adepte du SM, il se fait donc mal pour acquérir de la puissance ; Sanageyama armé de son shinai crie avec ses coups et n’a pas d’attaque lointaine (il se rapproche à la place) ; Nonon garde plutôt ses distances avec son canon ; Inumuta peut analyser son adversaire puis devenir invisible ; et ainsi de suite avec Ryuko, Satsuki, Nui Harime ou Ragyō – cela fait un peu juste à ce prix et si on compare avec n’importe quel jeu de combat. Mais bon ce n’est pas n’importe quel jeu, c’est Kill la Kill, putain !
En France, on aime bien le mot « putain ». Rien à voir avec l'insulte de racaille, ici c'est celui qu'on utilise comme onomatopée genre Patrick Bosso. Putain, car c'est le kiffe d'incarner ces héros d’une série que tu aimes tant. Putain, grâce à une réalisation au poil. Putain car c'est tout ce que vous avez pu mettre sur la galette ? Même si on peut débloquer des trucs oubliables en bonus qu'il faut farmer, la facture a du mal à passer. La digestion sera plus agréable dans quelques mois quand tous les perso seront téléchargeables et qu'une base solide sur le multijoueur se sera formée. En attendant, kiffez les animations, relancez les vidéos et matez cette putain de série animée de l’amour.
Zhykos
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