MUTAZIONE
Preview Jouable : Oui – Vu chez : Die Gute Fabrik – Date de Sortie : 2019
Mutazione est décrit comme un « soap opéra mutant », et c’était bien ma première interrogation lorsque le jeu m’a été montré. L’explication est simple : le jeu n’est pas centré sur un seul personnage, mais bien sur une troupe de plusieurs créatures, une jeune fille, et l’évolution de leurs relations. Celle-ci arrive sur l’île centrale à l’intrigue lorsqu’elle apprend que son grand-père est mourant, et qu’elle décide de lui rendre visite. L’île en question est un peu particulière, puisqu’une météorite s’y est écrasée un siècle auparavant, transformant irrémédiablement les habitants en « mutants », monstres aux formes absurdes et au mode de vie particulier. Plus récemment, quelques années avant le début du jeu, un désastre non défini a secoué les habitants et les a plongé dans un processus de deuil.
Cette jeune fille évoluera donc au sein de cette communauté, dans des décors en 2D et avec un système de dialogues qui n’est pas sans rappeler Oxenfree. Le jeu suit l’évolution au jour le jour de cet communauté, chacun des habitants se déplaçant dans la ville en fonction des jours de la semaine. Ils semblent tous posséder une histoire tragique que l’on pourra découvrir et, en fonction de l’aide que l’on décide de leur apporter ou non, les voir guérir.
Mute des classes
Malgré la présence de légers éléments de point ‘n click, Mutazione tend vers la contemplation. La majorité du temps semble passé à écouter et échanger avec les habitants (80 000 mots de dialogues, m’a-t-on dit) et mettre des graines en terre, dans une atmosphère mélancolique aux teintes pastel. Les décors, entre aplats de couleur et collages, servent une direction artistique rêveuse. Et la musique n’est pas en reste, étant même centrale au titre, et liée à une des mécaniques du jeu : il est possible de récupérer des graines auprès des habitants, et de les planter un peu partout, à condition de respecter les préférences de chacune. Une ambiance, un instrument et un sol particuliers sont les clés d’une plante en bonne santé. Chaque pousse chantonne alors quelques notes liées à l’instrument associé, le tout formant une harmonie (qu’il est possible d’écouter pendant plusieurs minutes grâce à un système de musique dynamique). Ces petits bouts de jardin affecteront les mutants et leur humeur, et décoreront progressivement chaque recoin de l’île.
Mutazione est aussi un jeu décidément politique, et ne s’en cache pas. Colonialisme et ethnocentrisme m’ont été évoqué, ainsi que d’autres thèmes liés aux cultures du monde et aux genres (un mutant étant apparemment agenre). Il reste à voir si tout cela sera introduit avec finesse dans le jeu final.
Ce qu’on ne peut cependant pas retirer à la présentation, c’est la ferveur avec laquelle Hannah Nicklin (scénariste et narrative designer chez Die Gute Fabrik), m’a parlé du jeu et de ses visées narratives. Elle a construit sa carrière en tant que dramaturge, et cherche ici à, je cite, « donner une voix unique à chaque personnage. Dans un jeu, j’aime pouvoir reconnaître un personnage en lisant simplement une ligne de dialogue ». Un soin tout particulier a donc visiblement été apporté aux relations entre les différents protagonistes, et à leur place dans cette petite communauté.
Il faudra attendre encore un mois ou deux pour pouvoir constater du résultat, mais on peut oser espérer un jeu d'une grande sensibilité, avec une capacité tout aussi grande à nous soutirer une larmiche. Si vous aimez les jeux contemplatifs ou les jeux qui savent aborder des thèmes importants ou simplement peu évoqués dans ce média, vous devez surveiller Mutazione, qui s'annonce comme une expérience riche et diversifiée, humainement et musicalement.
Tmnath
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