Rapide Critique
Développeur : Megagon Industries – Éditeur : Thunderful Publishing
Date de Sortie : 23 Octobre 2019 – Prix : 20 €
Il y a quelques jours, je vous parlais de la peur à l’occasion de la critique de Man of Medan. Ce sentiment répulsif qui nous bloque face au danger est différent pour chaque personne. Par exemple, j’ai peur de faire une chute depuis que j’ai fait le con dans un arbre quand j’étais gamin et qu’une branche s’est cassée sous mon poids. Pour le vélo c’est pareil s’il s’agit surtout d’en faire en montagne. Et c’est exactement ce que propose Lonely Mountains: Downhill, autant dire que j’ai serré les fesses durant quelques heures.
Le jeu de Megagon Industries part d’un principe vieux comme le monde du jeu vidéo, car il propose une expérience d’arcade pure. À bord de votre vélo, vous allez descendre une douzaine de pistes tracées à la main dans des décors magnifiques en low poly (faible nombre de polygones) et un superbe effet Tilt-Shift. Et en gros, c’est tout.
Downhill utilise la même formule à chaque découverte d’un nouveau circuit. On débute dans une montagne, sur l’unique piste disponible. La première étape consiste simplement à arriver au bout. Une fois ce challenge atteint, le mode débutant est débloqué pour cette course, ce qui vous propose plusieurs défis. Une fois tous les défis faciles réussis, la difficulté augmente avec des défis supplémentaires. Enfin, si le mode difficile est terminé, un mode balade est offert.
Les défis vous demandent soit d’être rapide (temps maximum) ou d’être “propre” (ne pas dépasser un nombre de chutes) et vous procurent une nouvelle piste, une nouvelle montagne (il y en a quatre, soit autant de saisons et donc des décors différents), une nouvelle tenue ou une nouvelle pièce d’un autre vélo (bicyclette qui aura d’autres statistiques). Vous l’aurez compris, Lonely Mountains: Downhill est un jeu où vous allez déverrouiller des dizaines de trucs et de bidules en fonction de votre performance.
À partir de ce constat, on a carrément l’impression de se retrouver dans une salle d’arcade, de rentrer sa pièce de dix francs et d’inscrire ses trois lettres à la fin pour faire partie du meilleur classement de la borne. Actuellement Downhill ne propose rien d’autre et pour un titre de 2019, cela fait un chouia radin. Même en se rapprochant de la mentalité arcade, il aurait été bienvenu d’avoir ne serait-ce qu’un replay ou des fantômes des autres joueurs, mais rien de tout cela n’est disponible dans la version testée. Je peux comprendre que cela n’a rien à faire dans un titre arcade, mais là on joue chez soi confortablement dans notre canapé et non à l’arrache dans une salle remplie de fumeurs. C’est d’autant plus dommageable que le jeu vous pousse constamment à aller plus vite pour débloquer le contenu du jeu et les ralentis sont de bons moyens pour analyser notre course.
Ces points noirs n’enlèvent en rien le plaisir de dévaler les pistes à toute berzingue sans la peur de finir à la morgue. Basé sur des contrôles à la Micro Machines (on peut aussi activer une direction relative à l’écran au lieu du vélo) et seulement une accélération, un sprint et un freinage, le vélo se manie à merveille dès les premières secondes. On crie parfois face aux angles de caméra isométrique qui nous empêche de bien évaluer les virages, mais le jeu est fait de telle façon qu’il nous oblige constamment à redémarrer au précédent point de contrôle. En effet tel un Super Meat Boy, LMD se veut aussi de l’école Die & Retry.
La meilleure idée de ce jeu consiste au fait que le chronomètre ne décompte que le temps effectif de la course et non les essais qui ont mené à l’une des nombreuses morts. Cela permet de se lancer à fond sans se soucier de notre sort. Et si on croise un endroit qui ressemble à un raccourci, on peut immédiatement faire un détour puis voir où cela mène. On tente et retente à en faire cramer la manette de 360, puis on se retrouve parmi les quinze premiers du classement (cela changera sûrement quand le jeu sera ouvert au public). Le level design est aussi le héros de ce jeu, car il recèle d’un nombre incalculable de chemins de traverse, de sauts planqués, de zones de repos cachés ou d’endroits magnifiques à voir. Dommage qu’on y passe souvent trop à fond et qu’il n’y a ni replay ni mode photo pour pleinement en profiter, ni une physique totalement maîtrisée (un minuscule caillou peut faire office de trampoline !), ni de musique durant les courses.
Zhykos
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