Rapide Critique
Développeur : Digital Eclipse – Éditeur : Disney, Nighthawk Interactive –
Date de Sortie : 29 Octobre 2019 – Prix : 25 €
Ah, la nostalgie. Ce sentiment doux et chaud, mais aussi amer. Ce « c’était mieux avant », les après-midi après l’école où on allumait la télé et la console et où juste après un « clac » satisfaisant l’écran titre apparaissait et on se lançait une énième fois à l’aventure dans des mondes colorés et acceuillants avec des personnages rigolos, des musiques rappelant les dessins animés dont ils sont inspirés, alors que dans la cuisine, une odeur de café s’échappe et en fond sonore The Riddle de Nik Kershaw se fait entendre.
C’était chouette. Ouais.
Sauf qu’en y réfléchissant, ces jeux étaient durs, ouais, je dirais même, excessivement difficiles. Mais le ressentait-on ? Au final dans Le Roi Lion, n’était-il pas plus intéressant de rester dans la zone de confort du très facile premier niveau, tel le Simba innocent plutôt que de chercher à tout prix à continuer et arriver au cimetière des éléphants où dès le début le pauvre lionceau se fait écharper par deux hyènes en descente de cocaïne ? Ne valait-il pas mieux de parcourir sans fin les toits et le désert d’Agrabah, puis éteindre le jeu en se disant : « eh, c’était bien en fait, Aladdin ne finit pas au cachot ! »
Parce que le problème, en vrai, c’est que ces jeux étaient conçus pour être, sinon impossibles à finir pour les jeunes enfants, au moins très difficiles et frustrants. Et après avoir fait mille aller-retours dans le labyrinthe de singes du niveau 2 du Roi Lion, on changeait de jeu et on mettait un vrai bon jeu comme Sonic 3, ou Streets of Rage 2, tiens. Après être encore tombé comme une vieille pomme des plateformes rétractables des cachots, ou pour les plus acharnés, s’être encore pris un rocher non indiqué dans la fuite en tapis volant de la grotte des merveilles, on se disait pas: « eh franchement, il fait beau dehors, non ? »
Toutes ces expériences de frustration et de difficulté injuste, Digital Eclipse nous propose de les retrouver dans un écrin accueillant et bourré de bonus sympas. Aladdin tout d’abord, bénéficie de plusieurs versions assez différentes. D’une part, l’original de la frustration, la version Genesis/Megadrive, conçu de façon à coïncider avec la sortie vidéo du film aux USA en Novembre 1993 (sachant que le film est sorti en salles en France en Novembre 1993, à l’époque on attendait un an pour avoir les films chez nous, inimaginable !), il a dû être réalisé en vitesse par une petite équipe menée par David Perry et chapeautée par Disney et ses animateurs qui ont fourni les dessins servant à réaliser les sprites de toute beauté jonchant les niveaux du jeu. En 2019, le jeu n’a toujours pas à rougir, sont pixel art rivalise encore avec les spécialistes modernes comme Wayforward, la qualité d’animation est toujours un pic de qualité et la réalisation graphique globale reste un enchantement. Agrandir l’image pour l’afficher sur nos hautes résolutions ne gâche rien mais il faudrait être un peu taré pour y jouer en plein écran avec l’image écrasée, cependant. Digital Eclipse nous propose accolée à cette version (mais un peu compliquée à trouver dans les menus confus) une version japonaise, complètement sans intérêt si on ne parle pas la langue de Kiryu Kazuma, mais aussi la version demo présentée au CES de Chicago en juin 1993, soit une version n’ayant eu que six mois de production complète et qui est loin d’être finie, mais une curiosité intéressante. Cette version est d’ailleurs encore plus difficile que le jeu final, chapeau aux journalistes de l’époque s’ils ont pu la terminer… Enfin, la dernière version proposée est une version patchée du jeu, plus agréable à jouer car les hitboxes des plateformes ont été modifiées, rendant le jeu moins frustrant, mais il reste très difficile tout de même. Plus anecdotique, la version Game Boy est présente (ainsi qu’une version colorisée, mais qui n’est pas la version Game Boy color). Il manque cependant les version Game Gear et Master System, ainsi que la version Super Nintendo faite par Capcom (et Shinji Mikami quand même), la meilleure version du jeu d’un point de vue gameplay (level design, systeme de jeu, etc.). Un musée présente des vidéos et des images du jeu, making off et éléments présents et abandonnés du jeu Megadrive final.
Le deuxième pan de cette compilation concerne le Roi Lion. Nous sont proposées les versions Super Nintendo et Megadrive, ainsi que, comme pour Aladdin, la version Game Boy et son pendant colorisé mais pas Color.
Le Roi Lion a été réalisé par Westwood studios et tout comme la version Megadrive d’Aladdin a bénéficié des sprites dessinés par les animateurs de Disney, et encore une fois graphiquement, le résultat est bluffant. Malheureusement, comme indiqué dans l’intro un brin longuette de cet article, le pendant « jeu » est complètement raté. Level design à la rue, plateformes illisibles (on ne sait pas si on passe à travers, ni où elles commencent vraiment), difficulté terriblement frustrante, finir le jeu était une épreuve à l’époque, et cette version reste une océan de frustrations. La version Megadrive est un poil plus facile, mais les deux jeux sont de toutes façons d’un déroulement identique. Le jeu est d’ailleurs difficile exprès, à cause du marché de la location de jeux présent à l’époque, les développeurs ont été forcés de rendre le jeu plus dur afin d’éviter que les joueurs le finissent trop vite.
Quelques petites améliorations de confort sont tou de même disponibles dans les deux jeux. Tout d’abord une fonction « retour arrière » qui permet de rembobiner le jeu de quelques secondes en arrière afin de refaire un saut raté ou un combat relou dans lequel on aurait pris trop de dégâts par exemple, oubliez juste de l’utiliser pendant le combat contre Scar à la fin du Roi Lion, il dure facilement 10 minutes. De même, il est possible de sauvegarder sa position, mais il n’y a qu’un slot de sauvegarde disponible, soyez prévenus ! Pour finir, certaines versions du jeu proposent une vidéo superplay, qu’il est possible d’arrêter à tout moment pour sauter directement dans l’action.
Alors, faut-il se la prendre, cette compilation ?
Vendue un poil chère, mais débordant de bonus très intéressants sur la genèse de ses jeux, Aladdin et le Roi Lion est une véritable capsule temporelle. Sachez que la version PC est relativement instable et qu’utiliser le retour arrière peut provoquer des plantages et honnètement, perdre sa progression sur les jeux difficiles, comme ça, c’est vraiment pas bon pour les nerfs.
Pour le côté historique, c’est intéressant. Pour le côté jeu,c’est plus compliqué. Aladdin en version retapée est quand même un bon jeu, le Roi Lion, beaucoup moins, même s’il a été réalisé avec amour, les obligations de difficulté rendent le jeu bien trop frustrant pour son bien (et pour notre époque, a vrai dire).
Shutan
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