Rapide Critique

Total Tank Simulator

Développeur : Noobz from Poland – Éditeur : 505 Games
Date de Sortie : 20 mai 2020 – Prix : 19.99 €

Que son nom ne vous induise pas en erreur, Total Tank Simulator préfère faire dans l’empoignade pixelisée un peu barrée, à grands coups d’ours de combat et de rayons tesla, plutôt que dans le réalisme de guerre. Prenant place dans un contexte de deuxième guerre mondiale pour le moins revisitée, le titre développé par les indés de Noobz From Poland se revendique comme un jeu de stratégie, avec pour originalité la possibilité laissée au joueur de contrôler individuellement ses unités en vue FPS ou à la troisième personne, pour plus d’immersion. Mais tel un enfer pavé de bonnes intentions, Total Tank Simulator se ratatine tristement pour mettre en œuvre ses sympathiques idées.

Pourtant, on ne pourra pas reprocher au jeu polonais un contenu maigrelet. Six campagnes, six nations (URSS, Pologne, France, Grande-Bretagne, Allemagne, USA), plus de deux cents unités différentes modélisées (dont beaucoup de tanks), de nombreuses batailles aux objectifs néanmoins peu variés (protéger/tuer le VIP, match à mort et défense d’une position contre plusieurs vagues ennemies). Le concept est simple : une armée fait face au joueur, et ce dernier doit placer ses propres pions lors d’une phase de déploiement, avec pour seule contrainte une limite d’argent, chaque soldat ayant un coût plus ou moins élevé selon sa puissance. Il devient évidemment nécessaire de rester attentif à la composition de l’ost adverse (canons antichars, DCA, ligne Maginot, bombardiers atomiques…), pour exploiter au mieux ses faiblesses et remporter le combat.

Voilà, ça c’est sur le papier. La réalité apparaît en revanche bien plus chaotique, car plombée par une intelligence artificielle catastrophique. Une fois la bataille lancée, les combattants se contentent d’aller tout droit, en allumant peu ou prou tout ce qui bouge, et s’empalent très régulièrement dans des pièges grossiers. Un bête système d’ordres (prenez cette zone, éliminez cet objectif…) aurait permis d’éviter bien des frustrations, comme voir son aviation décimée par la DCA ennemie, sans même tenter de la prendre pour cible. Par ailleurs, on se rend vite compte que certaines unités ne servent à rien (les lance-flammes, les avions…) et qu’au contraire d’autres sont surpuissantes (tout ce qui attaque de très loin). Ajoutons à cela le fait qu’il n’existe qu’une gestion minime du relief, et l’on obtient un jeu à la profondeur stratégique digne d’une partie de bingo, les ragots en moins.

Alors bien sûr, on me dira qu’il reste la possibilité de se mettre dans la peau d’un troufion pour renverser le cours d’un affrontement. S’il est certes amusant de se retrouver en première ligne pour canarder du nazi, les sensations arme en main sont tellement mauvaises – on a plus l’impression de tirer au pistolet nerf qu’avec une mitraillette – qu’on finit vite par abandonner cette feature. D’autant plus que les échauffourées se montrent bien souvent illisibles, la faute à un graphisme en voxels qui dégueule ses couleurs criardes, et dont certains éléments saturent inutilement l’écran.

Malgré cette somme effarante de faiblesses, nul doute que Total Tank Simulator trouvera son public, grâce à un mode bac à sable qui permet de créer ses propres scénarios. Ainsi, le soft polonais drague avant tout les joueurs ayant conservé leur âme d’enfant, qui aiment se rappeler cette époque dorée, où ils jouaient à la guerre avec leurs soldats en plastique.

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Gattu

Joueur biberonné à quelques vieilleries telles que Secret Of Mana, Half Life ou Day of the Tentacle ; aujourd'hui reconverti sur les jeux narratifs, principalement par manque de temps et... de temps.

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