Spiritfarer
Développeur / Éditeur : ThunderLotus – Date de Sortie : 18 août 2020 – Prix : 24.99 €
Passation de Lanternelle
Après des années de loyaux service, Charon prend sa retraite. Nous incarnons Stella une jeune fille dynamique a qui Charon va confier la lourde tâche d’accompagner les esprits dans l’après vie. Elle se voit alors confier une Lanternelle, sorte de boule lumineuse se transformant en n’importe quel outil selon les besoins de Stella. Mais elle ne sera pas seule dans cette mission, son chat Daffodil disposera de sa propre Lanternelle (subtilisée dans la robe de Charon) pour l’aider dans sa mission qui s’annonce compliquée.
Stella récupère le nouveau bateau que Charon avait commandé mais dont il ne s’est jamais servi. Le jeu prend alors la forme d’un jeu de gestion centré sur le thème du deuil. On y contrôle Stella (ou Daffodil), dans un gameplay plateforme plutôt plaisant, alternant entre phases d’exploration d’île et voyage en bateau. Le jeu peut être joué en solo, ou bien en coop, le deuxième joueur jouant alors Daffodil, il pourra faire exactement les mêmes actions que le premier joueur, les animations de Daffodil étant toutes mignonnes à croquer !
La progression dans le jeu est très fluide. Les premiers esprits que vous rencontrez sont des connaissances de Stella, qui l’aideront à apprendre les bases de son nouveau métier en lui montrant les différentes activités qu’elle aura à accomplir, et celles ci s’avèreront nombreuses et diversifiées. En effet, si seule la pêche est disponible pour agrémenter nos voyages au début, vous aurez bientôt largement de quoi vous occuper : que ce soit l’arrosage de vos plants, leur récolte, la cuisine de vos ingrédients, la transformation de vos ressources en planches ou en lingots, etc.
Une quantité d’activité qui pourraient effrayer, mais le jeu ne nous fixe jamais de deadline, nous laissant avancer à notre rythme. La liberté du joueur semble d’ailleurs être un point important pour les développeurs. Car nous sommes très vite lâché-e dans le grand bain : nous pouvons dès le début explorer comme nous le voulons la carte en pointant un endroit dessus. Le bateau va alors s’y déplacer automatiquement, et vous serez alors libre de vous occuper comme bon vous semble durant le voyage.
Quelques obstacles naturels tels que des bancs de roche ou des banquises vous empêcheront d’explorer totalement la carte, mais des améliorations du bateau sont disponibles pour les franchir une fois vos premiers esprits accompagnés. Vous pourrez découvrir de nouvelles destinations de différentes façon, soit en explorant au gré du vent, en découvrant des prospectus dans des bouteilles que vous pourrez pêcher, dans des lettres que vous pourrez recevoir, ou bien directement indiqué par vos voyageurs.
Les différentes occupations évoquées plus haut se débloqueront assez naturellement au fil de vos voyages, vos premières fois seront toujours accompagnée par l’explication d’un de vos passagers. Chaque activité est l’occasion d’un mini jeu. Si celles ci restent agréable à faire, lorsque les quantité à transformer sont importantes, l’activité devient assez vite redondante. On peut imaginer que le choix est volontaire afin d’occuper le joueur ou la joueuse pendant les voyages, mais ça peut créer un sentiment d’ennuis. Ma solution pour contrer ça est de diversifier les activité, un peu de découpage de planche par ci, un peu de fonderie de métaux par là, etc. Vous pourrez tout de même débloquer des améliorations des différents ateliers pour augmenter leur rendement. Même si vous ne pouvez pas les échouer, réussir les mini jeux vous donnera un bonus de matériaux toujours bienvenu. Mais ne vous inquiétez pas, les ressources se trouvent en abondance, en effet vous pourrez en trouver dans des caisses flottant sur l’eau, ou bien en explorant des îles pour couper des arbres ou miner des filons. Ceux ci se régènèreront régulièrement grâce au pouvoir de votre Lanternelle, pratique !
Cependant, une fois un peu avancé dans le jeu, les ressources étant abondante, nous n’avons plus grand chose à faire et les traversée s’avèrent un poil longuettes, même avec l’option des voyages rapide en “autobus” de cette chère otarie !
Le débloquage des différentes améliorations du bateau se fait de manière très naturelle, et souvent, lorsqu’on ressent le besoin d’une amélioration, vous aurez dans la majorité du temps les ressources nécessaire pour le faire dans votre inventaire, ou alors vous serez très proche de les avoir. Les améliorations sont assez nombreuse, et la taille du bateau s’agrandit pour passer d’un bateau avec 2-3 bâtiments au début, à une véritable petit village flottant. Pour ceux aimant l’exploration, celle ci est bien souvent récompensée par des coffres disséminés sur les îles.
Esprit es-tu là ?
Les esprits sont le centre du jeu, ce sont eux que nous devons accompagner dans les derniers instant de leur vie. S’ils ressemblent à n’importe quel autre PNJ du jeu au premier abord, avec leurs ample cape dissimulant leurs traits, ils prendront la forme d’un animal anthropomorphe une fois votre navire rejoint. Le casting et les designs sont très diversifiés, chaque esprit possède son propre caractère. Si la plupart seront bienveillants, vous pourrez rencontrer des esprits parfois assez détestables. Mais il y aura souvent un détail chez lui le rendant attachant quand même (vous comprendrez quand vous rencontrerez Mickey et son frère). Les informations sur l’humeur ou les préférences de l’esprit sont toujours accessible facilement en lui parlant. Ces informations sont très utiles pour maintenir l’humeur de l’esprit assez haute. Plusieurs façon alors pour lui rendre le sourire : lui cuisiner un plat qu’il ou elle aime, lui construire une maison sur le bateau, la décorer, ou bien simplement lui faire un câlin. Les animations de câlin sont très réussie et réchauffent le coeur à voir. Dommage qu’il y ai un temps d’attente entre deux câlins au même personnage, même si cette restriction est compréhensible, les esprits aussi ont besoin d’espace ! Notons que les câlins à Daffodile, eux, ne sont pas limités.
Un esprit de bonne humeur est un bel avantage, car ils vous aideront dans vos voyages en récoltant des matériaux, en les transformant ou en vous offrant des cadeaux. Régulièrement, les esprits vous appelleront et vous demanderons des faveurs, ce sont les étapes de leur acceptation. Ces faveurs prennent de nombreuses forme, qui peuvent aller d’un simple sachet de popcorn à un voyage vers un lieu qui leur est cher. Puis vint le moment fatidique où il ou elle se sent prêt-e à faire la traversée. Il faudra alors l’emmener au pont où le jeu a commencé, le Seuil Eternel, pour lui dire adieu dans une scène toujours très touchante.
Casse pas l’ambiance
Peut-on faire un jeu intéressant sans montrer de conflit ? C’est ce que Spiritfarer semble nous démontrer avec brio avec un jeu axé sur l’entraide et l’empathie. Le jeu prend même parfois des codes classiques des jeux pour les détourner, tel que cette rencontre avec un dragon corrompu dont l’ambiance rappel les boss fight habituels, rencontre résolue en l’aidant à se débarrasser des pierres qui le gênaient. Même si parfois des conflits sont montrés, ils ont toujours été résolus sans violence.
Le jeu nous propose de vivre une expérience douce amère dont l’équilibre est parfaitement dosé. Les nombreuses interactions avec vos passagers sont très touchantes, et la mignonnerie des animations et des graphismes ont peu de chance de vous laisser de glace. Mais vos passagers sont en fin de vie, et c’est très dur émotionnellement pour Stella, mais aussi pour le ou la joueuse. Parfois, un simple cadeau que vous pensiez réconfortant rappellera son ancienne vie à l’esprit et le rendra mélancolique. Le fait de voir et lire leurs états d’âme rend l’attachement aux personnages inévitable, et je me suis surpris à repousser à plus tard une quête d’une personnage à laquelle je m’étais attaché pour décaler le moment où je devrais lui dire adieu. Et en ça le jeu fait un excellent travail pour faire passer le message qu’il veut délivrer. Même si la relation entre Stella et les esprits est souvent bien développée, on peut regretter qu’à part quelques influences sur l’humeur, on ne voit pas les esprits interagir entre eux. J’aurais aimé les voir discuter, prendre des repas ensemble, se disputer, nous parler des autres, ou bien partager des activités.
La comparaison avec Disney ou Ghibli et leurs univers magiques est ici inévitable tant les designs des personnages et des environnements rappelle les plus belles œuvres de ces studios ayant bercé mon enfance. Bien que Stella ne parle pas, elle est très expressive dans ses attitudes et animations qui sont toutes très fluides, donnant l’impression qu’un dessin animé se déroule sous nos yeux. Les lieux que l’on visite, inspirés de lieu et de cultures réelles tel que le Japon ou les forêts de pins nord-Américaines, les déplacements de Stella, qui s’amélioreront encore au fil du jeu rendent leur exploration très agréable. La musique enchanteresse colle toujours parfaitement à ce qui se passe en jeu. L’univers semble tout droit sorti d’un rêve, où des méduses volantes côtoient des tortues géantes ou des dragons de quartz. La magie semble omniprésente dans cet univers et est très “enfantine”. On peut par exemple accélérer la pousse des fruits et légume en leur jouant de la musique, ce que je trouve tout simplement adorable.
Enfin, le jeu dispose d’une version française, qui malgré quelques soucis mineur de tournure de phrase à de rares moment, reste très qualitative. Et je me dois de vous prévenir : n’allez pas voir les succès, ils peuvent spoiler…
Spiritfarer nous propose une expérience unique. Son gameplay basé sur l’entraide et l’empathie est une bouffée d’air frais dans un marché saturé de jeux prônant la violence ou le conflit. Ses graphismes enchanteurs et son ambiance douce amère traitant du deuil avec brio saura vous emporter dans un univers onirique qui ne vous laissera pas de marbre.
Rei Dunamis
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