Rapide Critique
Développeur : KING Art – Éditeur : Deep Silver
Date de Sortie : 01 Septembre 2020 – Prix : 49,99 €
Les jeux de stratégie en temps réel deviennent peu à peu une espèce en voie de disparition. Iron Harvest fait donc figure de rescapé, raison pour laquelle on évitera presque de trop lui en vouloir pour ses imperfections comme son incapacité à réellement se démarquer d’un ténor du genre, la série des Company of Heroes, dont il reprend à outrance la moelle quintessentielle. Il arrive cependant à se démarquer grâce à sa thématique, qui, bien que contextuellement proche du jeu de Sega, décide de prendre la voie de l’uchronie pour nous conter l’histoire de nations qui au lendemain de la Grande Guerre vont s’affronter à coups de méchas dans une version alternative de nos années 20.
Proche du steampunk dans son esthétique, Iron Harvest en est pourtant tout autre chose, imaginant un Nikola Tesla dont le génie l’aurait amené à rêver et concrétiser un futur où les mécaniques infernales sous formes de robots gigantesques règneraient en maîtres sur les champs de bataille au même titre que l’électricité l’aurait emporté sur la vapeur. De là, deux nations fortement inspirées par l’Allemagne et la Russie d’antan s’affrontent avec une version revisitée de la Pologne au milieu de ce conflit. Si le scénario s’emballe parfois en partant dans un pathos très appuyé et larmoyant, il n’en reste pas moins palpable de par la vérité historique dont il s’inspire, celle d’une nation – la Pologne – qui aura connu pendant longtemps le déchirement de voir ses frontières et ses libertés bafouées par d’autres nations plus puissantes qui lui auront longtemps nié son existence.
Le scénario s’étend assez peu étant donné que le mode solo compte trois campagnes, chacune en relation avec l’une des trois factions/nations que compte le jeu, et ne sont guère très longues. En soi, Iron Harvest compte plus sur son mode de jeu en ligne ou contre des bots pour remplir nos agendas de nombreuses heures à batailler. Le gameplay marche sur un terrain connu mais dispose de quelques particularités intéressantes, comme la possibilité de changer à la volée la compétence de nos escouades en fonction de l’armement trouvable sur nos adversaires éliminés ou dans des caisses d’armes. Sa principale attraction reste cependant ses méchas, dont la puissance sans égale en fait des brutes de puissance et la symptomatique d’un jeu souffrant d’un sérieux problème d’équilibrage.
Si on passera sur le pathfinding d’une IA plus que perfectible – une IA par ailleurs au comportement parfois difficilement gérable tant et si bien celle-ci s’évertue à tirer sur tout ce qui bouge sans que l’on ait besoin d’intervenir – la différence de puissance entre les méchas et les troupes de fantassins est telle qu’un seul de ces monstres de métal suffit à réduire à néant nos troupes au sol. Les quelques escouades supposément efficaces contre ces machines palissent quand même en manquant cruellement d’efficacité, un mécha pouvant détruire une escouade en l’espace de quelques tirs. Qui plus est, lesdites escouades souffrent d’une distance de tir passablement réduite les rendant encore un peu plus inefficaces. Alors quand on sait que les cartes sont globalement assez petites, que notre champ de vision est particulièrement réduit, il devient souvent difficile d’anticiper le moindre ennemi, ce qui veut dire dans les faits qu’on passera le plus clair de notre temps à assumer la présence ennemie au dernier moment.
Iron Harvest, comme vous l’aurez sans doute compris, souffre de sérieux problème d’équilibrage qui entache un jeu au demeurant respectable tout en transpirant l’amour de ses développeurs pour cet univers qui semble leur tenir à cœur. Il n’est par contre clairement pas terminé comme en atteste son faible nombre de cartes par rapport à d’autres ténors du genre, sa difficulté mal dosée et à terme, un manque de variété dans les possibilités d’attaque et de défense de nos fantassins les rendant inutiles face aux surpuissants méchas. Il s’agit ici clairement d’un jeu qui aurait profité d’un accès anticipé. Il lui reste toujours la possibilité d’évoluer dans le bon sens par le biais de mises à jour, ses développeurs ayant par ailleurs dévoilé une roadmap des évolutions à venir. Ainsi, bien qu’à l’heure actuelle il soit plein de promesses et de choses à nous (dé)montrer, Iron Harvest est aussi et surtout encore loin d’être arrivé à maturité.
Vasquaal
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