Rapide Critique
OlliOlli World
Développeur
Roll 7
Éditeur
Private Division
Date de Sortie
18 mars 2021
Prix de lancement
30 €
Testé sur
PlayStation 4
Loin des coucheries, des trahisons et des bains de sang de leurs homologues grecs, romains, scandinaves ou hindous, les dieux du skate sont plutôt des gens tranquilles. Peu leur importe la gloire ou la jalousie vis-à-vis des humains, ils sont juste à la recherche de leur prochain messie à roulettes. Pourquoi ? Mais parce que c’est juste cool, enfin. Et parce que le précédent est un peu fatigué et a fait le tour de la question, et parce que le skate est une religion pépouze mais qui a quand même besoin de ses hérauts en pantalon slim et casquette à l’envers. Et si le prochain mage du skate, c’était vous ?
Le skate de mon adolescence, c’était pour les faux mauvais garçons, ceux qui écoutaient du punk de facultés américaines au soleil couchant, ceux qui avaient des pantalons larges qui se portaient sous les fesses. C’était une iconographie rebelle, avec des têtes de mort, des cheveux de couleur pour faire râler les parents et des genoux écorchés comme autant de trophées dans la grande compétition du cool. Le skate d’OlliOlli World ? Il est hyper coloré, drôle, accueillant, inclusif, inventif et plus porté sur des sons lo-fi et chill que sur la rébellion de façade – j’ai le droit de le dire parce que j’ai moi-même dû remonter mon pantalon trop large pendant quelques années en écoutant Sum 41, alors que je n’ai jamais tenu sur une planche, ni même jamais pris d’heure de colle de ma vie.
Un design sonore qui donne des frissons au moindre frottement de la planche sur un rail, des décors aussi riches qu’adorables et une galerie de personnages qui encourage notre élu de la street à chaque niveau, tout est fait pour donner au joueur l’envie de découvrir les mondes de Radlandia et d’épater les dieux du kickflip. Olli Olli World est un très bon jeu de skateboard en 2D, avec son exigence en termes d’exécution, ses combos à effectuer, son score à faire exploser. Ce qui le rend si magnétique, en plus de sa direction artistique, c’est qu’il se dote d’un volet « exploration et montagnes russes » qui le rend tout aussi plaisant pour celles et ceux qui ne courent pas après les acrobaties. Glisser sur les murs, sauter par-dessus des mares d’acide, rouler sur des ponts qui s’effondrent : terminer un niveau d’OlliOlli World est déjà en soi suffisamment épique, et les nombreuses épreuves secondaires, chemins alternatifs à explorer et bidouilles à récupérer multiplient les façons d’aborder une seule et même épreuve.
S’il peut être exigeant sur sa dernière partie – on parle quand même d’en foutre plein la vue au panthéon du skate, hein – OlliOlli World est le meilleur ami de ceux qui aiment la discipline mais qui en ont assez d’essayer de sauter la même table de pique-nique pourrie d’une banale université de Californie. OlliOlli World, c’est le skate surréaliste, généreux, le skate des grands espaces et des tremplins impossibles et le skate qui accueille et récompense tout le monde. Et qui n’aimerait pas dévaler les pentes d’une rivière en faisant la course avec un grizzly dans une bouée, hein ? Qui ?