DREDGE – Motherbase
Rapide Critique
Who Pressed Mute on Uncle Marcus?
Développeur
Good Gate Media
Éditeur
Wales Interactive
Date de Sortie
18 mars 2022
Prix de lancement
12.99 €
Testé sur
PC
Une famille dysfonctionnelle, une victime, 6 suspects et un crime à résoudre. Who Pressed Mute on Uncle Marcus? le nouveau est un jeu d’enquête en FMV, dans le pur style du « whodunit », bien connu des amateurs de séries/romans policiers, mais avec un twist. Ici, c’est la victime qui vous contacte… pour résoudre son propre meurtre. En effet, l’oncle Marcus a été empoisonné à la dernière réunion de famille. Comme Abby, le personnage que l’on incarne, était la seule absente à ladite réunion, vous êtes donc la seule à être au-dessus de tout soupçon. Depuis sa chambre, branché sous perfusion, il vous contacte car vous êtes son dernier espoir de non seulement trouver le coupable, mais aussi de découvrir quel poison a été utilisé afin d’en déduire le bon antidote pour le sauver.
Vous voilà donc à rejoindre votre famille en vidéoconférence pour fêter l’anniversaire de votre mère, qui a décidé d’organiser un quizz à distance pour l’occasion (ne jugeons pas). Un quizz qui marchera par sessions en équipe avec un autre membre de votre famille à choisir. On sent quand même qu’on est ici plus face à un prétexte pour le déroulement de l’histoire, vu qu’apparemment personne n’a l’air de vraiment suivre le score. Il vous faudra alors parvenir à discrètement glaner des informations lors de ces sessions. Si tout cela peut paraitre de prime abord très sérieux, le ton du jeu est plutôt dans la parodie très stylisée. On se retrouve dans une famille British, ou tout le monde hait tout le monde, où l’on a depuis fort longtemps dépassé les non-dits, et où la ligne du passif agressif tend bien plus vers l’agressif. On se rapprocherait, pour les connaisseurs, même plus de la famille Bluth de l’excellentissime Arrested Developpement, si ceux-ci étaient British (autre que Mrs Featherbottom évidemment). Presque chaque phrase est une pique envers un autre membre de la famille. C’est donc dans ce joyeux bordel, où les personnages sont aussi antipathique les uns que les autres, qu’il vous faudra trouver le vrai coupable.
C’est parfois drôle, parfois gênant, mais toujours dans le ton. Certaines, voir beaucoup, scènes sont volontairement ridicules, sans jamais non plus aller trop dans l’excès. On flirte pas mal avec la limite entre parodique et sérieux dans un vrai exercice de style, et les acteurs s’en donnent à cœur joie. C’est le cas par exemple de la mère de famille qui décide pour son quizz de « chanter » a capella des morceaux de musique classique en étant la plus sérieuse du monde. Un exercice de style où chaque personnage est un archétype bien défini. La jeune idiote narcissique reine des réseaux sociaux, l’adolescent émo fasciné par la mort, le philanthrope qui se met en avant à chaque opportunité, la tante alcoolique etc. Le jeu d’acteur est d’ailleurs complétement en accordance avec le style voulu. Ça cabotine comme il faut, et on se croirait parfois presque dans une rediffusion d’Arabesque à l’accent so British. Et ici pas de soucis de mise en scène, comme il s’agit d’une réunion en distanciel via un logiciel de type Skype ou Teams, tous les plans du jeu sont des plans fixes.
Au niveau de l’enquête en elle-même, le jeu se contente du strict minimum en termes de gameplay. Vous agissez seulement en choisissant une proposition parmi 2 ou 3 possibles. Il vous faudra cependant faire plusieurs runs pour collecter suffisamment de preuves pour pouvoir accuser quelqu’un. Heureusement, selon les choix (principalement selon avec qui on décide de s’allier pour un tour de questions), les évènements vont différer légèrement. Ça peut paraitre troublant, mais c’est un bon point au niveau de la rejouablilité dans un jeu qui vous demande de faire plusieurs runs. Vous pourrez d’ailleurs passer la plupart des scènes que vous avez déjà vues, même si certaines ne pourront pas l’être sans aucune raison évidente (il est possible qu’un mot ou une phrase change, mais rien d’impactant ou de remarquable, et qui n’apporte rien de spécifique à l’enquête). Ce qui peut s’avérer un peu pénible au bout de plusieurs runs, mais au vu de la durée du jeu, ça reste anecdotique.
Le principal problème ici est que les différents choix ne sont pas vraiment ni instinctifs ni explicites. Difficile en général de savoir à l’avance ce qu’il faut répondre pour dénouer les langues. Le tout parait un peu aléatoire parfois, et on répond plus au petit bonheur la chance que parce qu’on pense avoir compris la bonne façon d’obtenir des informations. On comprend cependant que certains indices ne se débloquent pas seulement si on donne la bonne réponse pendant le tour, mais il faut aussi avoir obtenu le bon indice au préalable dans le même run. Au final, on ne se sent pas vraiment comme un détective en herbe, d’autant que le personnage d’Abby n’est clairement pas très douée pour ça, mais plus comme un spectateur. Il n’y a pas vraiment de challenge ici, puisqu’au final il suffit de suivre les différents arbres de possibilités pour obtenir un maximum d’indices qui vous mèneront vers une possible accusation, et l’une des différentes séquences de fins possible (une seule correspond à la « bonne » fin, mais les autres s’avèrent assez drôles).
Who Pressed Mute on Uncle Marcus? se ressent tout de même comme une opportunité manquée de donner plus de contrôle au joueur dans la progression de l’enquête et de nous faire sentir comme une Jessica Fletcher wannabe. Quelque chose de réalisable en FMV comme a très bien pu le prouver un titre comme Her Story par exemple. On est donc un peu déçu de ce côté-là. Néanmoins, on se retrouve à relancer un run juste dans l’espoir de grappiller de nouvelles infos et d’en apprendre plus sur cette histoire de famille. L’enrobage so British avec ce ton acerbe condescendant fonctionne à merveille, et les acteurs font un très bon travail pour retranscrire cette vibe de sitcom policier qu’on regardait enfant devant nos télés. Une expérience assez courte (4-5 heures) mais au final très plaisante.