Critique

Citizen Sleeper

H0wler
Publié le 5 juillet 2022

Développeur

Jump Over the Age

Éditeur

Fellow Traveller

Date de Sortie

5 mai 2022

Prix de lancement

16,79€

Testé sur

PC

Après l’étonnante surprise qu’était In Other Waters, un sympathique jeu d’exploration utilisant simplement un HUD et un sonar, c’est maintenant avec un jeu de rôle cyberspatial que Gareth Damian Martin, l’unique tête pensante de Jump Over The Age, tente de séduire. Citizen Sleeper se place en descendant direct de Disco Elysium et tente de tirer son épingle du jeu en adaptant les règles des jeux de rôle papier à son aise.

Black et Deckard

La référence à Disco Elysium peut vous emballer, mais on reste tout de même dans une dynamique très différente, on garde éventuellement les lancés de dés et la lecture en format étroit (inspirée des discussions Twitter, pour focaliser la concentration). L’équipe se compte sur les doigts d’une main et on sent que faire un monde entièrement modélisé avec des animations, des lumières et des ombres, ce n’était pas trop l’objectif visé. Mais petits moyens ne veut pas dire petites ambitions, il faut juste se creuser un peu la soupière pour favoriser l’imagination, comme le ferait un maître du jeu en symbiose avec son public.

Après le choix d’un perso parmi les trois archétypes proposés, vous voilà dans la cyber-tête d’un Sleeper, un androïde industriel sur lequel on a téléchargé la conscience d’un être humain. Ces androïdes doivent normalement être détruits, mais vous, vous êtes un rescapé, dans un état déplorable cependant et avec très peu de souvenirs. Vous vous retrouvez au milieu d’une station spatiale en forme d’anneau appelée Erlin’s Eye, habitée d’une poignée d’humains, survivant tant bien que mal sous le poids du travail. Vous, vous allez surtout devoir vous échapper de la chasse à l’androïde engagée par votre Mega-Corpo, en retirant votre traqueur par exemple, mais les solutions peuvent être multiples (et pas toutes joyeuses).

La boucle de gameplay est assez simple : la station spatiale possède un système de journées basé sur des cycles et chaque début de cycle vous fait tirer cinq dés au maximum, en fonction de votre intégrité physique (on y reviendra plus tard). Chaque dé vous permettra de réaliser des actions comme travailler, pirater, soulever des trucs, chercher des choses, etc. Plus le dé est élevé, plus vos chances de succès (et/ou de bonus) sont élevées, et leurs valeurs peuvent être boostées en fonction de vos compétences attribuées. Vos tâches vous apporteront de l’argent afin d’acheter de quoi remplir votre jauge de nourriture, ou bien acheter des médocs ou des pièces détachées pour lutter contre votre obsolescence programmée (et donc garder le maximum de cinq dés par jour). Vous pourrez même pirater des terminaux ou by-pass des protections afin d’acquérir des données qui pourront être échangées.

Le gameplay étant léger, c’est évidemment du côté du texte que se trouve tout le sel de Citizen Sleeper. Si vous aimez lire, vous allez être servi, surtout que le jeu est très minimaliste visuellement et aucun doublage n’est présent pour accompagner votre lecture. L’immersion ne reposant alors que sur les douces mélodies d’Amos Roddy et les très jolis dessins de Guillaume Singelin pour mettre un visage sur des noms. Ah oui, et le jeu n’est actuellement toujours pas disponible dans une autre langue que l’anglais, il conviendra évidemment d’être à l’aise avec la langue de Kanye West pour ne pas se gâcher le plaisir. Passé cet obstacle, c’est un petit délice de littérature qui vous attend, avec une attention toute particulière sur la description et les détails, de quoi permettre aux joueurs de faire travailler leur imagination (vous savez, comme les boomers qui n’avaient pas de TV à leur époque et s’amusaient pendant 14 ans avec un bâton et un bouchon de liège).

Citizen Sleeper n’a pas le moteur le plus joli, ni le gameplay le plus élaboré, en revanche, si vous êtes là pour vivre une aventure de science-fiction interactive avec des personnages hauts en couleurs et un plot intrigant, c’est surement ce qu’il vous faut actuellement. On souhaite juste que le titre se démocratise plus et propose une traduction européenne. Il gagnerait même à sortir sur un support mobile (autre que la Switch) tant le jeu pourrait se consommer comme un livre de poche. Passé l’obstacle de la langue, on ne peut que vous conseiller de vous jeter desssus (c’est sur le GamePass en plus).

Star Wars Outlaws

Sans être parfait, voilà un jeu qui a le mérite d’être pleins de surprise.

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