Quand la magie du tour par tour opère en temps réel
Rapide Critique
South of the circle
Développeur
State of play
Éditeur
Eleven Bit Studios
Date de Sortie
03 Aout 2022
Prix de lancement
12.99 €
Testé sur
Nintendo Switch
Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu l’opportunité de mettre les mains sur une production de State of Play, studio à qui l’on doit entre autres le beaucoup trop mignon Luminocity. Après une grosse année d’exclusivité sur Apple Arcade, South of the Circle est enfin disponible un peu partout.
Toujours sur un ton très pastel, l’aventure de Peter ne débute pas très bien. Au milieu des années 60, en pleine guerre froide, il se réveille en antarctique après le crash de son avion, avec son pilote, bien vivant, mais avec la jambe cassée. Il devra parcourir les environs, à la recherche d’aide sous moins vingt degrés. Pas d’inquiétude, Peter ne pourra pas mourir, il ne faudra pas chercher des points de chaleur ou toute autre mécaniques de jeu survie.
Nous sommes ici dans un jeu purement narratif. Pendant les pérégrinations dans le grand froid, d’avant poste en avant poste, on va revivre, de manière fragmentée, deux étapes de la vie de Peter. La principale, datant de quelque mois avant son départ en antarctique, permettant de connaitre Peter et les raisons de sa présence dans le Pôle Sud et une seconde, bien plus en retrait, sur la jeunesse de Peter permettant de comprendre le caractère de celui-ci, notamment via la relation qu’il a avec son père. Si la partie en Antarctique permet de faire avancer l’histoire, en ajoutant toute une couche de mystère du fait que l’ensemble des avants postes, qu’ils soient anglais (la nationalité de Peter), norvégien ou russe, soient totalement vides , ce sont bien les trames se passant quelques mois plus tôt qui sont intéressantes. Peter est un climatologue en devenir, il travaille depuis des années sur un schéma capable de prédire les déplacements des nuages, sauf qu’il est au point mort dans son doctorat, jusqu’au jour où il va rencontrer Clara dans un train.
Cette dernière étudie aussi à l’université de Cambridge, ce qui va permettre à Peter, dans un premier temps, de la recroiser et par la suite de nouer une relation professionnelle puis personnelle. Évidemment, le personnage de Clara est l’un des plus intéressants de l’histoire par les messages que souhaite passer le studio. Malgré le fait que l’on soit près de 50 ans après les suffragettes (qui permirent de donner le droit de vote aux femmes au Royaume-Uni), la société anglaise, notamment scientifique, reste très masculine. Ainsi, plus d’une fois, Clara confrontera ses opinions sur ce sujet à Peter. On retrouvera en plus, que cela soit via des scènes jouables ou des bulletins d’information à la radio, plusieurs événements de manifestation contre le désarmement nucléaire (où il est question d’une zone de non-agression en Antarctique), systématiquement menés par des femmes.
Et c’est là que le caractère de Peter entre en jeu, porté par le gameplay tout simple que propose State of Play. Pendant les conversations, vous ne devez pas choisir la phrase que va dire Peter, mais son intention émotionnelle, répartie en 5 catégories (où l’on aura le choix entre une à 3 émotions) : paniqué, honnête, timide, franche ou enthousiaste (ayant chacune différente variante comme vous pouvez le voir sur le screen à votre droite). Étant donné que Peter n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de « Mâle Alpha », le joueur a la possibilité de construire le débat, mais pas trop, sur les phases abordant ce sujet lors des conversations avec Clara. Évidemment, le système de conversation est utilisé partout, que cela soit pour construire un Peter courageux ou complètement pessimiste lorsqu’il discutera par radio avec son pilote d’avion qui le motivera pour aller d’un camp à un autre afin de trouver de l’aide.
Et tout cela est porté par une direction artistique au plus bel effet, notamment avec des plans incroyables qui apportent naturellement la transition des phases en Antarctique vers celles en Angleterre. Si les déplacements, qu’ils soient à pied ou en voiture, sont d’une grande lourdeur, cela ne vient en aucunement gâcher le plaisir de découverte, porté par l’envie de comprendre ce qui se passe réellement à la pointe du monde et en mettant en lien tout ce qui s’est présenté pendant la construction de ce cher Peter. Une magnifique aventure narrative à ne surtout pas rater.