Rapide Critique
Hell Pie
Développeur
Sluggerfly
Éditeur
Headup
Date de Sortie
21 juillet 2022
Prix de lancement
25 €
Testé sur
PC Windows
Il fut un temps où les jeux de plateformes de type “collectathon” étaient populaires avant que les jeux d’action et d’aventure en monde ouvert ne viennent leur voler la vedette. Parmi les challengers de cette époque dorée – notamment sur Nintendo 64 – il existait une anomalie dans la ludothèque du constructeur nippon, plus habitué au “tout public”. Le jeu qui nous intéresse aujourd’hui semble vouloir émuler les qualités du titre en question. C’est ce pourquoi Hell Pie, bien que jouant du banjo et du kazoo pour sa partie gameplay, sa singulière apparence emprunte plus volontiers le style d’un Conker’s Bad Fur Day.
Grossièretés et vulgarités sont ainsi totalement assumées par le jeune Hell Pie nous contant les aventures d’un jeune démon chargé de récolter les ingrédients plus affligeants les uns que les autres pour confectionner la tarte préférée de Satan. De ce point de départ, Hell Pie tente de nous décrire un monde se voulant ironique dans sa représentation d’un enfer bureaucratique servant de hub central, tandis que chaque niveau à explorer reposera sur les clichés du genre plateformesque saupoudré d’humour pipi-caca et jouant sur les codes d’un Enfer se voulant sadique.
Pour ce faire, notre petit démon pourra compter sur un petit ange difforme et grossier qui lui servira d’outil améliorant sa mobilité à la manière de l’oiseau de Banjo. Hell Pie dans sa forme détonne sans pour autant nous bouleverser. Il y a clairement moins de maîtrise dans son humour que dans celui du nommé Conkers, la faute sans doute à un manque de maturité dans l’écriture et dans l’aspect caricature du jeu en lui-même. Hell Pie reste en effet trop souvent infantile et ne parvient pas vraiment à toucher du doigt ce supplément de profondeur des meilleures comédies grotesques. Pour autant, ça fait le café.
Le gameplay tient la route heureusement. Certains niveaux sont même plutôt réussis dans leur ensemble dans l’exploitation de leur thématique, bien que le level design restera par endroit plutôt basique. On sent le potentiel de l’équipe derrière qui délivre un jeu globalement solide qui manque encore juste de la maturité nécessaire pour le faire passer du côté des indispensables. La jouabilité est quant à elle plus que permissive, rendant le jeu suffisamment accessible. Hell Pie souffre cependant du même problème que beaucoup d’autres jeux du genre : celui d’une caméra moribonde, qui n’arrive pas à se replacer dynamiquement avec l’action sans notre intervention constante. Il peut donc en résulter des passages de plateformes frustrants.
Sur le plan technique, le jeu se tient dans un style cartoon sans excès, propre et soigné. Il y a bien quelques effets de-ci, de-là pour épater la galerie, comme le support du raytracing avec le RTX de nVidia et leur solution d’upscaling intelligent DLSS. Rien de bouleversant, Hell Pie n’étant pas forcément la vitrine la plus pertinente pour le raytracing. Mais son support reste intéressant. J’ai eu quelques glitchs graphiques guère gênants, et par endroit, on peut sentir de soudaines baisses dans les performances. Négligeables sur mon ordinateur principal bien costaud, elles sont plus marquantes sur le SteamDeck sans aller fouiller dans les options de celui-ci pour en tirer une meilleure expérience de jeu. Sur le Deck, les 30 ips sont largement atteignables, les 60 ips le seront malheureusement un peu moins sans de nombreuses concessions si on désire des performances un peu plus constantes. Heureusement, le jeu reste joli même en qualité basse.
Hell Pie est assez généreux en contenu et de façon très surprenante, plutôt prenant et addictif. C’est la formule du “collectathon” qui veut sans doute cela. En attendant, si vous êtes fan du genre et qu’un jeu volontairement vulgaire et crasseux ne vous fait pas peur ou ne vous rebute pas, sa candeur perverse devrait vous séduire. Il reste réservé à un public averti cela dit, en raison de son style gore et violent.