Quand un jeu de plateau à carte se transforme en city-builder cosy.
Rapide Critique
Roadwarden
Développeur
Moral Anxiety Studio
Éditeur
Assemble Entertainment
Date de Sortie
12 septembre 2022
Prix de lancement
10.99 €
Testé sur
PC
Si les livres dont vous êtes le héros ont eu le vent en poupe dans les années 80, on ne peut pas dire qu’ils ont le même succès aujourd’hui, bien que, en plus de ne jamais vraiment être morts, le Twitch Game les a un peu remis sur le devant la scène. Pour ceux qui ne savent pas ce que sont ces bouquins, ils consistent à se créer un personnage, comme dans un jeu de rôles, puis de suivre sa propre aventure, en faisant des choix qui vous mèneront de chapitres en chapitres (et il y en a BEAUCOUP). Les combats se déroulent quant à eux avec des jets de dés.
Si la mécanique est solide, les interactions sont toutefois limitées. Et c’est là qu’intervient Roadwarden. Ce dernier reprend exactement les mécaniques des livres dont vous êtes le héros, en supprimant les notions de chapitres (remplacés par une interface classique où vous viendrez directement choisir vos actions) et surtout en apportant beaucoup plus d’interactions et de liberté dans l’avancement de votre aventure. Vous incarnez un Roadwarden, que l’on pourrait traduire comme étant un mélange de garde forestier des chemins mélangé à Lisa de La Poste. Votre job consiste à sécuriser les routes et à délivrer des messages entre les divers villages du coin.
Vous êtes originaire de Hovlavan, une grande cité aux envies d’expansion. Vous êtes envoyé par la Guilde des Marchands dans une péninsule loin au nord, profitant de la disparition mystérieuse du Roadwarden en poste pour prendre la température de la zone pour l’ouverture d’une route commerciale. Vous arrivez ainsi par le sud, dans des terres qui vous sont complétement inconnues et vous n’aurez que 40 jours pour réaliser votre mission. Vous allez ainsi devoir vous déplacer au gré de vos envies et des indications des divers habitants de la région pour réussir à vous repérer.
Évidemment, la région est pleine de mystères, avec une ville en quarantaine, une autre où un nécromancien officie comme leader, un groupe important de bandits contrôle la zone centrale de péninsule et bien d’autres choses. Mais tous les villages ont deux points en commun : ils ne font pas confiance aux étrangers et ont absolument besoin de quelqu’un pour porter des messages ou réaliser des tâches.
Et c’est sur ce point que Roadwarden est fantastique, car il est incroyablement bien écrit. Chaque villageois que vous allez rencontrer aura sa propre histoire et surtout sa propre personnalité. Ainsi, vous trouverez la maire de Howler’s Denn (qui jusqu’à preuve du contraire n’a rien à voir avec notre rédacteur barbu), très ouverte au commerce, à l’expansion, et qui aime le pouvoir, là où les gens de Gale Rock, une ville portuaire très rustique préfèrent vivre en indépendance et vous accueilleront avec des arbalètes prêtes à vous trouer. De plus, le studio a ajouté un accent dans les dialogues (uniquement écrits) différent en fonction de la zone géographique de la péninsule.
Autre idée permettant d’ambiancer encore plus le joueur, l’accompagnement sur la gauche de l’écran d’une image de la zone où il se trouve, qui se dévoile au fur et à mesure qu’il se déplace, soit dans le lieu qu’il visite, soit sur la péninsule.
Enfin, pour terminer avec la mécanique essentielle qui donne tout le sel est jeu, il vous faudra gérer plusieurs jauges : votre faim, votre armure, votre propreté (si vous sentez encore plus mal qu’un cochon recouvert de boue, il est possible que certains PNJs vous jugent fort), et surtout le temps ! Chaque action que vous faites consomme de 15 minutes pour les plus courtes à plusieurs heures si vous décidez d’accepter un job de garde pour la journée pour vous faire quelques pièces, sachant que la nuit, vous devrez obligatoirement dormir dans un endroit protégé, l’extérieur étant bien trop dangereux. Évidemment, vous n’aurez pas la possibilité de découvrir l’ensemble du titre en une run (comptez facilement 30 heures pour en voir le bout) tellement l’univers est riche.
La grande tristesse du jeu, est qu’il n’est hélas pas accessible à tous : si vous n’avez pas un (très) bon niveau d’anglais, n’essayez pas de vous lancer dans le titre, qui demande une énorme maitrise, notamment avec la gestion des accents des personnages qui donnent des mots étranges, sachant que l’intégralité du titre ne passe que par le texte.