Critique

Firmament

Nyam Hazz
Publié le 13 juillet 2023
Firmament

Développeur

Cyan Worlds

Éditeur

Cyan Worlds

Date de Sortie

18 mai 2023

Prix de lancement

33,99 €

Testé sur

PC avec Quest 2

Studio réputé grâce à la série Myst, mais aussi derrière Riven, Obduction, ou encore URU, Cyan Worlds s’est fait une spécialité des jeux de réflexion corsés dans des environnements tout aussi séduisants qu’ésotériques. Après s’être essayé à la réalité virtuelle, avec des versions dédiées de Myst et d’Obduction, et le large succès d’une campagne Kickstarter lancée en 2018, le studio américain nous revient avec un nouveau jeu directement jouable à la fois sur écran plat et en VR. Il nous offre ainsi, avec Firmament, une nouvelle aventure dans la droite lignée de ses productions précédentes. Lancé le 18 mai 2023 sur PC, il devrait également être accessible sur PS4 et PS5 d’ici la fin de l’année, avec prise en charge du PS VR2.

La Nuit se regroupe, et voici que débute ma garde

C’est après avoir été réveillé du Seuil, au sein d’un bunker, que la figure fantomatique d’une ancienne Gardienne vous accueille. Alors que vous n’avez aucun souvenir du passé, elle vous apprend que vous êtes vous aussi un Gardien et même, désormais, l’unique Gardien des Royaumes que vous devez protéger, dans le cadre de la mission Firmament. Vous ne savez certes pas de quoi il retourne ni ce que vous avez à faire, mais elle se propose de vous servir de mentor. C’est ainsi qu’elle vous accompagnera par ses interventions régulières pour éclaircir un peu les faits. Pour commencer, elle vous encourage à vous équiper de votre assistant, une sorte de gantelet qui vous permet de vous connecter aux différentes prises présentes un peu partout afin de contrôler portes, ascenseurs, engins divers et autres mécanismes plus ou moins complexes. Ce dernier, que vous pouvez projeter à distance en gardant le contrôle grâce à un lien de communication, sert à la fois de clé, d’outil et vous octroie la force nécessaire à l’accomplissement de votre mission.

Votre rôle, ici bas, est de vous rendre dans chacun des trois mondes reliés par un HUB central appelé Cygne, afin de trouver le moyen d’accéder à leur Arche où vous pourrez, au passage, améliorer votre assistant, afin d’élever leur flèche, puis trouver comment pénétrer dans celle-ci pour engager l’Étreinte. Et une fois cette dernière réveillée, l’Assemblée pourra se tenir. Tout ceci vous paraît certainement bien obscur, mais il en sera de même dans le jeu, même en partie après la révélation finale, puisque votre mentor est bien avare en explications. Tout ce que l’on sait, c’est qu’avant la venue des Arrivants, et notamment d’un certain Turner, tout allait parfaitement bien et que la vie était à la fois paisible et fraternelle. Mais tout a basculé depuis, et il n’y a désormais plus personne pour prendre soin de la fabrique de glace du Promontoire de Curievale, du Réservoir de Juleston avec ses cuves d’acide, ni des Réserves de St-Andrew dont les serres sont laissées à l’abandon.

Une beauté froide

De même qu’aucune véritable explication du pourquoi du comment ne nous est donnée au cours de notre pérégrination, aucune indication n’est non plus fournie sur ce que l’on doit faire et comment. C’est donc en tâtonnant, souvent à l’aveugle, que l’on comprend petit à petit le fonctionnement des différents lieux traversés et que l’on parvient à avancer. Un système d’apprentissage à l’ancienne. C’est à nouveau un titre mettant le joueur et sa réflexion à rude épreuve. Cyan persiste et signe (ah ah) dans le style qui est le sien, à l’image des voyages récurrents entre différents mondes. Sa marque de fabrique se retrouve aussi dans ses environnements chatoyants, mais aussi forts étranges, avec ici un petit côté steampunk. Les graphismes sont vraiment époustouflants, mais ils manquent tout de même un peu de vie et de variété. Les trois mondes sont, il est vrai, différents, mais se ressemblent malgré tout, seul le Cygne est à part, ainsi que les passages en milieux liquides qui diffèrent quelque peu du reste.

La contrepartie des graphismes détaillés et charmants de Firmament est que le jeu est gourmand en ressources, en tout cas en réalité virtuelle, puisque nous l’avons testé sur Quest 2 en air link. Cela est d’autant plus vrai si l’on pousse les taquets à fond. Il n’a ainsi pas été rare d’être confronté  à un peu de lag dans de telles conditions. Les plus sensibles à la cinétose devront donc se garder de trop en vouloir, d’autant plus que les déplacements, même en se contentant de marcher, sont un peu rapides. Il est toutefois possible d’utiliser la téléportation, tout comme de jouer assis. Uniquement disponible en anglais pour ce qui est de la voix de notre mentor, tout à fait satisfaisante soit dit en passant, le soft dispose de sous-titres en français qui s’affichent en bas à gauche en VR. C’est plutôt une bonne chose pour ne pas nuire à la visibilité, mais cela oblige à tordre les yeux. De plus, mieux vaut ne pas bouger lorsqu’ils sont actifs, car cela les fait désagréablement sauter. Notons par contre que tout est directement traduit en français, sans passer par des sous-titres, y compris les livres, les affiches, les pancartes… ce qui est loin d’être fréquent.

Il est temps de s’éveiller

La composition musicale de Maclaine Diemer, de son côté, tout en étant discrète, n’en est pas moins efficace pour entretenir le mystère qui plane autour de ces lieux que l’on traverse et où l’on se sent si seul. Trois mondes aux objectifs similaires mais aux mécanismes différents où un seul outil, l’assistant, est efficacement mis à profit pour venir à bout des puzzles corsés qui nous sont proposés. C’est souvent un véritable casse-tête, au sens premier du terme, parfois un peu tordu, mais qui fait remarquablement son taf. Comme pour les productions précédentes de Cyan Worlds, cela peut cependant dérouter, voire décourager. Et si vous pouvez en théorie boucler le jeu en 3h-3h30, il vous en faudra plutôt le double, voire le triple si vous n’utilisez pas de soluce pour vous aider et que vous commencez à galérer pour trouver les solutions. De plus, le fait de pouvoir être confronté à quelques bugs empêchant le déclenchement de certains événements, obligeant alors à partir puis revenir pour réactiver le script, n’arrange pas vraiment les choses. Cela pourra en effet vous amener à chercher en vain…

Éveiller les trois mondes qui vous mèneront à la dernière phase du jeu peut se faire dans l’ordre de votre choix, vous pouvez très bien aller et venir entre eux à votre gré. L’amélioration de votre assistant au sein des flèches sera toutefois indispensable pour franchir certains passages : distance de connexion accrue, amélioration de la force et possibilité de relier plusieurs prises entre elles. Précisons que lesdites prises peuvent avoir plusieurs fonctions entre lesquelles il est possible d’alterner. Mais vous devrez dans tous les cas bien fouiller et bien tout observer autour de vous pour repérer certaines d’entre elles. L’utilisation d’une simple et unique interface se montre ingénieuse, mais il est tout de même regrettable, surtout en VR où l’interaction est essentielle à l’immersion, de ne pas pouvoir saisir les objets qui nous entourent, à l’exception de quelques documents, d’autant plus qu’il n’y a pas de gestion des collisions. De même, l’utilisation des échelles n’est pas des plus pratiques pour descendre, à moins d’utiliser le système automatique qui est proposé, dommage.

Proposé à la fois sur écran plat et en réalité virtuelle, Firmament est un nouveau casse-tête au challenge relevé concocté par Cyan Worlds, dans la lignée de Myst, Riven ou Obduction. On retrouve également des décors étranges et soignés qui savent caresser la rétine, au prix toutefois d’une sollicitation importante des ressources pouvant générer quelques lags, surtout en VR. On regrette tout de même le manque de variété et de vie de ces derniers. L’utilisation d’une interface unique est en revanche efficace, bien que limitant les interactions et réduisant ainsi l’immersion. Avec un casque sur la tête, les plus sensibles au mal des transports devront sans doute opter pour la téléportation et éviter de bouger pendant l’affichage des sous-titres. Et ceux qui ne sont pas coutumiers des jeux à l’ancienne qui vous laissent découvrir par vous-même ce que vous avez à faire, sans aucune indication, pourront également être déboussolés, surtout face à des puzzles bien corsés. Les autres y trouveront un véritable défi à relever. Le scénario reste lui aussi assez chiche en explications et vous devrez donc vous en contenter pour trouver une raison à tout cela, même si la révélation finale lèvera une bonne partie du voile.

Worldless
Worldless

Le choc des étoiles

Laisser un commentaire