Le passé est enfin respecté.
Critique
Ghost Trick: Détective Fantôme
Développeur
Capcom
Éditeur
Capcom
Date de Sortie
30 juin 2023
Prix de lancement
30 €
Testé sur
PC
Initialement sorti sur DS en 2011 (et iOS aussi à peu près en même temps), Ghost Trick était resté coincé sur ces machines depuis lors. Et c’est fort dommageable, tant ce jeu conceptualisé par Shu Takumi (qui est aussi directeur de la série Ace Attorney) est un petit bijou ! Capcom nous gratifie enfin d’une ressortie, mais ce n’est pas ici un petit remaster à la fraîche, non, non, le jeu a été entièrement transposé sur le RE Engine, prouvant une fois de plus que ce moteur en a sous la capot et peut se montrer versatile. Alors certes, c’est une bonne nouvelle, mais kèceucé-t-y donc quoi que Ghost Trick Detective Fantome ?
Fantôme avec chauffeur
Dans Ghost Trick, une fois n’est pas coutume, le personnage principal est l’âme d’un mort tout frais. Tellement frais d’ailleurs qu’il a tout oublié sur les raisons de sa mort voire son identité, mais une lampe de bureau hantée va nous mettre sur la voie : tout est lié à la mort quasiment simultanée de notre enveloppe charnelle et celle d’une inspectrice de police, Lynne. Pas de chance pour elle, elle est morte aussi, mais contrairement à notre sort, le sien est encore modifiable.
Comme le nom du jeu l’indique, on va pouvoir utiliser des tours de fantômes afin de changer le destin, en suivant des règles simples : on peut remonter le temps jusqu’à 4 minutes avant le décès, on peut posséder des objets et se déplacer d’objet en objet et les faire bouger dans certaines limites. Le jeu est donc une sorte de puzzle game où il va falloir trouver la bonne combinaison d’évènements afin d’empêcher le fâcheux dénouement.
On appelle qui ? Le fantôme du casseur !
Par exemple, il faudra passer d’un lit pliant à une boule de bowling, la faire rouler vers un parapluie qui en s’ouvrant déclenchera une barrière automatique permettant l’accès aux commandes d’une grue. En la faisant pivoter, on fait tomber un container de chantier sur le méchant, et pif pouf, Lynne est sauvée (il ne se passe pas exactement cela dans cet ordre dans le jeu, c’est pour vour donner une idée). L’autre grosse partie du jeu va consister en une utilisation des mêmes astuces pour se déplacer dans les scènes du temps présent réel modifié afin de faire progresser l’histoire, car en tant que fantôme, on peut se déplacer d’endroit en endroit par le biais des lignes téléphoniques (ne me demandez pas comment ça marche, c’est des trucs de fantômes, et je ne suis pas un fantôme).
Chaque chapitre (au nombre de 18) va donc confronter le fantôme à divers évènements de la même nuit et faire évoluer une histoire pleine de rebondissements et de retournements de situation, ce dont les fans de la série Phoenix Wright sont habitués, sous forme d’un visual novel au design marquant nous présentant une galerie de personnages bigarrés, loufoques, mais aussi inquiétants (après tout, on part du principe qu’on doit empêcher des gens de se faire tuer, donc le fond de l’histoire est somme toute assez sombre). Chaque chapitre ne contient pas forcément une mort à éviter mais les situations varient fortement d’un endroit à l’autre et l’utilisation des tours de fantôme est à chaque fois ingénieuse, surprenante et on a vraiment envie de voir ce qu’il va d’une part se produire, et d’autre part quel jouet l’équipe du jeu va nous sortir du coffre afin de nous proposer une nouvelle péripétie et comment s’en sortir. Un bijou, je vous dis, impossible à lâcher.
Coup de chaud sur la hantise
D’un point de vue purement ludique, on y perd un peu sur PC avec une utilisation de la manette bien moins pratique que celle de l’écran tactile de la valeureuse DS, mais c’est vraiment histoire de chipoter. L’adaptation est plutôt maligne mais on garde les fautes d’orthographe déjà présentes en 2011 dans la VF malheureusement. Du chipotage donc, d’autant que l’esthétique du jeu est inchangée (mais évidemment beaucoup plus claire, fine et lisible) et on a même le droit à un remix très discret des musiques de Masakasu Sugimori, excellentes au demeurant. Le remake offre aussi plusieurs bonus accessibles en cours de jeu et un mode puzzle une fois tout le jeu terminé, mais il ne s’agit que d’un bête mode « taquin » où on doit juste reconstituer une scène du jeu en bougeant des blocs, complètement dispensable, malgré des bonus affiliés, ce mode n’est là que pour remplumer la durée de vie du jeu, qui est tout de même d’une petite douzaine d’heures. Modernité oblige, quelques succès sont présents et vont obliger à rejouer certains chapitres pour les débloquer, mais on est dans de l’anecdotique.
En tout cas, aucune raison de bouder cette aventure originale, parfaite pour accompagner les vacances, le thriller de l’été vidéoludique, en somme !
Un pur bijou enfin sorti de son sarcophage, Ghost Trick est un incontournable si vous aimez les puzzle games, les histoires de fantômes, les voyages temporels et les scénarios alambiqués avec des personnages inoubliables et attachants. Un pur plaisir à parcourir, à découvrir et à redécouvrir, au cas où vous l’auriez déjà fait « à l’époque ».