Critique

Under The Waves

CactusSinger_
Publié le 21 septembre 2023
Under The Waves

Développeur

Parallel Studio

Éditeur

Quantic Dream

Date de Sortie

29 août 2023

Prix de lancement

29,99 €

Testé sur

PC

Quantic Dream s’est récemment lancé dans l’édition et a sorti, fin août, son deuxième jeu en tant qu’éditeur, Under The Waves, jeu d’aventure narratif au trailer extrêmement attirant, notamment pour les fans d’exploration des fonds marins. Loin des ambitions de gameplay d’un Subanautica, au hasard, le titre de Parallel Studio reprend tout de même quelques mécanismes du genre, mais mise principalement sur son ambiance et sa narration. Un pari réussi ?

C’est dans la peau de Stan, plongeur professionnel employé de la méga corporation UniTrent, principal exploitant pétrolier des fonds marins de l’univers rétrofuturiste du jeu, que se déroulera l’aventure. Stan, pourtant activiste et militant pour la protection des fonds marin, a choisi cette mission, pensant pouvoir limiter de l’intérieur les dégâts infligés par les machines de la compagnie pétrolière sur l’environnement, mais aussi, et surtout, pour s’isoler, seul sous l’océan, comme ultime tentative de gérer le deuil qui le ronge maintenant depuis plusieurs années. Une mission qui sonne comme une allégorie de son état d’esprit, plongeant de plus en plus dans les profondeurs de l’isolement.   

Seul sous l'amer

Car si Under The Waves démontre un véritable amour pour les océans, nous y reviendrons, c’est avant tout une histoire illustrant la difficulté de faire le deuil de la perte d’un être cher. Pour Stan, tout tournera autour de cette difficile notion, que ce soit l’histoire principale, mais aussi son rapport à l’océan lui-même et de ses habitants, mourant à petit feu, inexorablement, sous les coups incessants des pompes à pétroles de la compagnie pour laquelle il travaille. Sur ce point, Parallel Studio a d’ailleurs développé le son jeu en partenariat avec la fondation de protection des fonds marins Surfrider. Une collaboration qui se ressent à différents niveaux, que ce soit l’histoire ou le gameplay, par exemple ramasser des déchets comme des bouteilles en plastique, ou nettoyer des fuites de pétrole. 

L’histoire de Stan est donc centrée autour de la question du cycle de la vie, et de comment tenter de le gérer au mieux, ou du moins vivre avec. Stan gardera tout de même un contact régulier avec la surface. Tim, ami de son père et également employé d’UniTrent, sera en contact radio quasi constant, donnant au jeu un léger côté à la Firewatch, et permettant de faire évoluer l’histoire sans forcément nous le montrer.

On l’aura compris, Under The Waves est avant tout un jeu narratif, portant une attention toute particulière sur son atmosphère. Basée sur une ambiance à la fois zen et fataliste, misant beaucoup sur la combinaison des visuels sous-marins plutôt réussis et surtout sur une musique tout bonnement fantastique. On ne saurait qu’insister lourdement sur l’importance de cette bande son dans le ressenti sur le jeu lui-même. À elle seule, elle réussit dans ses meilleurs moments à lui faire passer un cap, à nous happer complétement au fond de l’océan, dans une atmosphère contemplative et mélancolique. Chapeau à Nicolas Bredin pour son travail unique, à écouter et réécouter.

Pas qu'un "swimming-sim"

Si nous avons pu bien cerner les thèmes du titre, venons-en au cœur de son gameplay. Un des aspects principaux est l’exploration des eaux du monde d’Under The Waves. De ce côté, c’est plutôt une bonne surprise, bien qu’il s’agisse d’un jeu narratif, on est tout de même loin du walking-sim, ou plutôt du swimming-sim, le jeu proposant une carte de jeu « ouverte » à explorer où l’on pourra trouver différents sites d’intérêt à fouiller (comme des épaves), différentes vies marines que l’on pourra scanner ou photographier, et également des collectibles à récupérer. Le jeu nous propose aussi la possibilité de ramasser différentes ressources qui vont nous permettre de crafter du matériel, principalement des consommables pour l’exploration telles que des recharges d’oxygène ou de fuel, mais aussi de rares améliorations, notamment de l’autonomie pour sa tenue de plongée ou du véhicule submersible. Vous l’aurez deviné, il faudra donc gérer votre jauge d’oxygène ou de carburant pour votre petit véhicule sous-marin lors des phases d’exploration, mais une fois encore, ces mécanismes sont plus là pour faciliter l’immersion, et il n’y a jamais vraiment de pression mise sur le joueur vu qu’on se balade toujours avec suffisamment de réserves d’oxygène pour tenir bien plus longtemps que nécessaire. On reste de fait loin d’un Subnautica, que ce soit dans l’exploration ou dans l’aspect crafting, mais ce n’est pas du tout l’ambition affichée ici, l’emphase étant, comme dit plus haut, mise sur la narration de sa thématique. Mais ces interactions sont néanmoins les bienvenues, donnant encore plus de vie au jeu, et viennent rythmer l’aventure.

On regrette tout de même quelques animations un peu lentes qui cassent souvent le rythme de l’exploration, comme celles de sortir ou entrer de son submersible qui prennent quelques secondes à chaque fois, et assez peu de diversité dans les tâches routinières à effectuer, qui  portent donc bien leur nom. Niveau maniabilité, on se pose également la question de pourquoi avoir fait de choix de mettre l’accélération, lors des phases de nage, sur le bouton A, rendant difficile le contrôle simultané de la caméra. Les contrôles du véhicule sous-marin semblent eux beaucoup mieux pensés et simples à prendre en main, même s’ils nécessitent une période d’adaptation.

Manque de profondeur ?

Le titre de Parallel Studio se veut plutôt réaliste dans sa représentation de ses fonds marins, on n’aura donc pas forcément l’occasion de visiter beaucoup de biomes diversifiés. Ce n’est pas non plus un jeu dans lequel vous irez visiter les coins les plus profonds des océans terrestres. On reste principalement assez proche de la surface, même si vous aurez la possibilité d’explorer quelques grottes souterraines tout de même, ainsi que des constructions d’UniTrent. 

Souci de réalisme, la faune locale sera aussi limitée à quelques espèces, un constat représentatif de l’état actuel de nos océans (bien que le jeu se passe dans les années 70s). C’est néanmoins un plaisir de tomber sur une espèce que l’on n’avait encore pas rencontrée jusque là, et on se prend vite au jeu de les photographier toutes. 

Under The Waves propose également quelques éléments fantastiques. On l’a vu, Stan est un personnage qui semble perdre peu à peu pied du fait de son incapacité à gérer son deuil. C’est représenté en jeu par une plongée chaque soir dans ses rêves, où nous sommes transportés dans un monde étrange, réminiscence de son passé. Par ailleurs, des événements étranges arrivent aussi en journée, dont certains rappelleront d’ailleurs le film Abyss de James Cameron. 

Cependant, au vu de l’état de la psyché de notre personnage, et des effets du manque d’oxygène ou de la pression sur l’esprit humain, on n’est jamais certain de la véracité de ce dont on est témoin. On regrettera, du coup, que Parallel Studio ne pousse pas plus loin ce côté fantastique pourtant prometteur. Mais au final, on n’en verra, ni ne saura pas beaucoup plus là-dessus. Le scope du jeu reste au final assez limité, et pour ma part, j’aurais préféré qu’il se dirige encore plus dans le fantastique. Mais ça dépendra principalement de vos préférences. On restera toutefois avec un final qu’on pourra trouver un peu plat, laissant surtout espérer plus. 

On ressort plutôt satisfait de cette aventure sous les vagues. L’ambiance proposée par le rythme contemplatif de son exploration, ses visuels, ainsi qu’une superbe bande son, fonctionne à merveille. On aurait cependant voulu que le jeu explore plus en profondeur certains aspects, que ce soit au niveau de sa thématique principale du deuil, de ses personnages, et surtout de l’exploration du fantastique à la Abyss. Au final, Under The Waves reste peut-être un peu trop en surface pour nous emporter complètement.  

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