Rapide Critique

Torn Away

Shutan
Publié le 30 septembre 2023
Torn Away 1

Développeur

Perelesoq

Éditeur

Perelesoq​, Hawthorn Games

Date de Sortie

29 septembre 2023

Prix de lancement

20 €

Testé sur

PC

N’ayant aucun rapport avec Tear Away, Torn Away nous met dans les chaussures d’Asya, une petite fille de dix ans, vivant à Stalingrad en 1942. Malheureusement, la seconde guerre mondiale vient frapper à sa porte avec un obus et la petite Asya se retrouve dans un camp de travail en Allemagne. Quand l’occasion de fuir se présente, elle part donc sur les routes à travers campagnes, champs de bataille et ruines pour retourner chez elle, accompagnée de son ami presque imaginaire, Camarade Moufle.

Malgré un pitch proche d’un Pixar, on est plutôt ici devant une histoire laissant peu de place à l’espoir. La guerre, sale et méprisable, voilà ce que Torn Away veut nous montrer. Et particulièrement la place des enfants dans ces conflits meurtriers. C’est avec des couleurs pastel, un style graphique entre l’école française et les affiches de propagande de l’URSS, que Torn Away nous raconte l’histoire d’Asya, et de son périple à travers l’Allemagne et la Pologne, où elle devra fuir le pays à travers une forêt en flammes avec des meutes de loups et de soldats à ses trousses, accompagnée des conseils de son camarade Moufle, peu avare de commentaires et de bonnes idées de survie.

Durant les trois petites heures du jeu, plusieurs phases de gameplay viendront agrémenter l’aventure, de qualité variable. Des phases de « vie quotidienne » puzzle/fouille pas très élaborées, des phases de furtivité très basiques, des phases très courtes à la première personne mais pourtant frustrantes, et des phases de plate forme illisibles.

Un jeu qui est tiraillé : sa forme et son fond vraiment impeccables (avec ceci dit, des animations manquant de fluidité par moment), une envie de raconter un point de vue rarement proposé dans les « jeux de guerre », la place des enfants, avec des graphismes magnifiques, à la fois naïfs et angoissants. Tiraillé parce que tout ce qui en fait un jeu n’est pas particulièrement bien fait ni mémorable, voire extrêmement basique et frustrant.

Le personnage est trop lent dans ses déplacements, le sprint n’a pas de cohérence, on peut se retrouver coincé par manque de lisibilité des triggers, et finalement ce qui devait être une courte épopée pleine de sens devient un panier garni de frustration et d’idées de jeu mal finies, mal fichues et globalement peu intéressantes.

Dommage, car avec un vrai game design, Torn Away aurait pu être une petite pépite, mais là on a vraiment l’impression que les phases d’actions du jeu ont été volontairement rallongées. Paradoxalement, le jeu est pressé de nous raconter ce qu’il veut dire sans prendre le temps de se poser. Asya met trois ans à rentrer chez elle, mais on a vraiment l’impression qu’elle n’a fait que trois jours de randonnée (certes un peu éprouvants), car le jeu ne sait pas s’arrêter pour respirer. Il aurait été intéressant d’allonger les phases de « vie » qui sont les éléments les plus réussis et mettre moins l’accent sur la fuite.

Le contexte de la création du jeu et de sa sortie sont aussi importants. Covid et guerre en Ukraine ayant retardé le développement, dommage de ne pas avoir peaufiné le cœur du jeu, c’est à dire le voyage, et de se perdre dans des gimmicks de gameplay démoulés trop tôt. Pour un premier jeu, ceci dit, c’est plutôt encourageant, j’attends de voir ce qu’ils proposeront par la suite, d’autant que graphiquement, on a là quelque chose de véritablement magnifique, poétique et vibrant.

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