Le bilan de 2023 made in GSS.
Critique
THE INVINCIBLE
Développeur
Starward Industries
Éditeur
11 bit studios
Date de Sortie
6 novembre 2023
Prix de lancement
29,99€
Testé sur
XBOX SERIES X
The Witcher, Metro 2033 et S.T.A.L.K.E.R. Voilà trois titres assez prestigieux du jeu vidéo qui ont la même chose en commun que notre sujet du jour : tous proviennent de la littérature polonaise. Fantaisie médiévale, Post-Apocalypse, il ne manquait plus que la science-fiction pour compléter le trio gagnant du parfait geek de lecture, et l’Invincible (ou Niezwyciężony dans la langue de Copernic) est là pour ça. Écris par Stanisław Lem, je n’ai malheureusement pas grand-chose à dire dessus étant donné que je ne l’ai pas lu (à part un bref résumé accompagné de quelques extraits), je vais surtout souligner que c’est sorti dans les années 60, ce qui explique son p’tit cachet rétrofuturiste. Starward Industries s’est donc fait l’objectif d’adapter ce roman en jeu vidéo en créant une histoire parallèle au matériau de base.
REGIS III EST UN CON
The Invincible raconte ce qu’on racontait la plupart des fictions qui parlent d’exploration spatiale : la peur de l’inconnu et de la place de l’Humain dans l’univers. Il parle aussi de l’IA et de l’impact qu’elle aurait sur ses créateurs, alors qu’elle n’était encore qu’un prototype à l’époque. Deux sujets largement exploités dans le milieu vidéoludique, que ce soit la quantité de jeux d’exploration spatiale sortis dernièrement ou les nombreux titres qui parlent d’intelligence artificielle, parfois avec beaucoup de goût, d’autres fois avec autant de saveur qu’une patate mal cuite. Ici, on a un combo des deux sujets, comme l’a été Mass Effect par exemple, mais point de tir de laser, de pouvoir biotique ou de race alien bleue. Il est question ici d’un walking simulator, tout ce qu’il y a de plus passif. Une décision qui n’a été ni prise par hasard ni pour des soucis de budget, c’est une vraie direction de game design pour insuffler ce sentiment d’impuissance et cette fuite en avant constante qu’exerce notre personnage qui marche sans jamais se retourner.
Je vais éviter le divulgâchis, étant donné l’importance de l’histoire dans cette aventure. Mais pour résumer, vous êtes dans le scaphandre de Yasna, une scientifique faisant partie du Dragonfly, un navire qui explore la planète Regis III qui regorge de denrées inconnues et quelques bizarreries (genre des arbres dont la composition principale, des racines jusqu’au fruit, est le fer). Yasna se retrouve soudainement amnésique et isolée au milieu d’un canyon désertique, avec pour seul contact humain Novik, l’Astrogator (le navigateur, mais de l’espace) du Dragonfly. Celui-ci vous guidera pour retrouver les membres de votre équipage, et vous aurez quelques outils pour vous aider, dont l’utilisation reste assez scriptée. Un duo à distance qui devrait vous rappeler un certain Firewatch si vous êtes connaisseurs, une inspiration que les devs ne cachent pas du tout (et en même temps, comment ne pas être inspiré par lui ?).
Le système de duo par radio, c’est un truc qui marche bien, surtout dans un jeu dans lequel on peut très facilement s’arrêter deux minutes pour écouter et répondre directement sans faire de mise en scène trop chiadée. Je reproche tout de même des doubleurs qui manquent un poil de patate, la relation Yasna/Novik ne m’a pas autant procuré d’émotions qu’Henry/Delilah, la faute à un ton un poil trop « polis » et militaire, il manquait un peu de naturel. Fort heureusement, on peut compter sur un plot plutôt épais, qui arrive à trouver le bon rythme pour qu’on en demande toujours plus (malgré une fin un poil trop rushée). Bref, ce n’est pas parfait, mais ça reste tout de même une aventure remarquable.
Vous n’aurez de contact avec Novik que par le biais de la radio, et celui-ci pourra vous aider ou vous guider, et interrogera souvent le caractère de Yasna (et donc, du joueur) pour établir une relation en fonction de vos choix. Certains d’entre eux auront d’ailleurs des enjeux plutôt importants. Pour agrémenter votre gameplay, vous pourrez aussi compter sur certaines phases de jeu de piste, ultra-simplistes, mais articulées avant tout sur des technologies qui semblent arriérées pour des personnes qui peuvent aller dans l’espace. Il y a une ambiance atompunk très appréciable qui permet de déballer tout un tas d’outils qui vous aideront dans votre quête, mais ne vous faciliteront pas forcément la tâche. Votre radar n’est qu’un boitier avec des diodes qui clignotent par rapport à une distance, les enregistrements de caméra sont des images imprimées toutes les 5 minutes qu’on peut récupérer physiquement (et qui sont des références directes à la DA du comics sorti en 2020), et le guidage à distance se fait sur un écran très minimaliste, où seuls des lignes et des points apparaissent sur l’écran. La direction artistique n’est pas juste là pour faire jolie : elle sert le gameplay et nous demande de faire un peu plus attention à ce qu’on écoute plutôt qu’à ce qu’on voit.
Mais vos yeux restent quand même fortement stimulés par l’incroyable DA qu’il propose. En extérieur, Regis III, un générateur de carte postale galactique, avec des cieux parcourus d’étoiles, d’un soleil vif et lourd ou encore d’apparition régulière de la gigantesque planète dont elle est la lune. Il alterne ces passages extérieurs avec des cavernes sombres ou des bases spatio-militaires, toujours avec ce cachet atompunk qu’on aime tant, mêlant chrome et formica. Chaque nouveau lieu, c’est souvent une fête pour les mirettes, accompagné des nappes de synthés de Brunon Lubas, et donne souvent l’envie se poser et contempler (et de dégainer le mode photo). Encore un sacré voyage qui devrait bouleverser les personnes sensibles au genre.
The Invincible n’est pas intouchable quand on le compare à ses inspirations, mais il n’en reste pas moins une fantastique aventure, tant sur ce qu’on voit, ce qu’on entend et ce qu’on lit. Évidemment, en tant que tout bon Walking Sim (qui devient petit à petit le nouveau point’n click), le gameplay est très léger, mais il saura quand même vous donner quelques jouets dans les mains pour les occuper quelques instants.
Sans être parfait, voilà un jeu qui a le mérite d’être pleins de surprise.