Hacker vaillant rien d’impossible
Preview
News Tower
Développeur
Sparrow Night
Éditeur
Twin Sails Interactive
Date de Sortie prévue
2025
version testée
0.13.28.r
Testé sur
PC
Prêt à faire éclater la vérité et chroniquer l’actualité de New York à vos concitoyens pendant les années 30 ? C’est ce que vous propose News Tower, un sympathique « journal Tycoon » en tout début d’accès anticipé développé par un studio indépendant néerlandais de quatre personnes. Alors, scoop de l’année ou gros flop ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que les débuts sont engageants.
Accompagné d’une addictive BO jazzy à souhait, vous voilà propulsé jeune éditeur d’un titre en totale décrépitude. À vous de suivre l’actualité et de gérer vos employés pour réussir à sortir une édition chaque dimanche !
PAS DE BRAS, PAS DE PAPIERS
Tous les éléments classiques du jeu de gestion sont présents, du placement de chaque bureau à l’aménagement des WC en passant par les recrutements de vos différents esclav employés, mais avec quelques trouvailles intéressantes.
Chaque reporter possède par exemple trois spécialités (sport, politique, économie, etc) que vous pouvez booster en ajoutant des accessoires sur leur bureau (gants de boxe, carte des USA et calculatrice). Attention, les emplacements étant limités, impossible de créer des grosbills de l’information « experts en tout », oubliez votre rêve d’un BFM des années 30.
Chaque étage de votre bâtiment coûtant un rein, reporters, dactylos, télégraphes et agents de sécurité se retrouveront assez rapidement entassés à un même étage. Malheureusement, les télégraphes hypersensibles n’aiment pas le bruit de la presse les empêchant d’entendre l’actu, de même que personne n’apprécie l’odeur des sanitaires ou de vivre entassé sous les boulettes de papier. Il vous faudra donc parer aux désagréments causés par certains postes en ajoutant un panneau acoustique par-ci, une plante par-là, ou un climatiseur tous les 2 mètres : pas de doute, nous sommes bien aux US. Une jolie lampe ou une horloge design améliorera également le confort de l’employé, à défaut d’une augmentation qu’il n’obtiendra jamais (je n’ai trouvé l’option de réglage des salaires et de licenciement que lors de ma dernière demi-heure de jeu, léger détail qui a probablement sauvé bien des emplois).
Il faudra par ailleurs veiller à surveiller les stocks de papier, charbon et nourriture (le café, c’est la vie), une assistante se chargeant de stocker chaque colis livré en bas de l’immeuble si vous avez soudain la flemme de cliquer pour les ramasser.
"Un mensonge fait le tour du monde le temps que la vérité enfile ses chaussures"
La boucle de gameplay est simple, mais efficace : vos télégraphes vont scruter le globe à la recherche d’actualités que vous pourrez ensuite choisir d’investiguer en envoyant un reporter spécialisé sur place (non, Nelson Monfort ne pourra pas enquêter sur le dernier serial killer new-yorkais ou la chute des prix des céréales). Cette première couverture débloque un ou plusieurs seconds aspects de l’affaire : vous pouvez par exemple découvrir un scandale en politique ou un détail glauque dans le cadre d’un meurtre sordide, suivant l’orientation de l’investigation entreprise par vos reporters. Une défaite en finale de l’équipe locale sera vue au choix comme une info pleine d’espoir pour les compétitions futures ou un échec retentissant : suivant la piste choisie, cela vous permet de récolter des mots-clés précis pour chaque article. Une fois l’actu analysée, le reporter rentre au journal pour transmettre son papier aux typographes et éditeurs qui mettent en forme tout cela.
Après six jours à récolter des papiers, vous serez prêt le dimanche à nourrir la presse en assemblant vos articles, trois par page. Chaque doublon de mots-clés vous apporte des lecteurs supplémentaires (et donc plus de cash pour la semaine suivante), d’où le fait de bien choisir et planifier pour obtenir les synergies les plus efficaces. Certains mots-clés sont également plus difficiles à obtenir et vous accorderont des bonus, sans compter qu’un article en Une aura, bien sûr, plus d’influence que coincé page 4 entre deux publicités pour un système d’alarme.
Vous choisirez également chaque semaine un nouveau quartier de New York à conquérir qui vous réclamera des mots-clés spécifiques, des passionnés d’économie de Wall Street aux hippies culturels de Broadway. Rajoutez aussi la possibilité d’abandonner votre conscience professionnelle en suivant les directives d’une des trois factions disponibles (le Maire, la Mafia ou la Haute Société) qui vous censureront ou à l’inverse sponsoriseront certains mots-clés. Enfin, tout ce petit monde vous donnera si satisfait des points d’influence qui vous serviront à équiper votre rédaction en nouveaux objets ou postes (une nouvelle page pour votre journal ou un énième type de plante verte, bureaulogie quand tu nous tiens…), et rebelote.
Scoopydoopydoo
Une semaine, ça passe vite. Vous vous retrouverez rapidement en panique à pester contre l’absence de l’infect crime passionnel dont rêvent vos lecteurs du moment, ou à vous demander quand est-ce que Monsieur le Maire daignera enfin faire quelque chose digne de passer dans le journal alors que c’est lui-même qui vous impose un article sur lui cette semaine. J’ai rarement vu un jeu de gestion réussir à transmettre un vrai sentiment d’urgence, et c’est rafraichissant.
À côté de cela, le jeu est loin d’être punitif et la difficulté pourra peut-être paraitre un peu légère à certains administrateurs aguerris. Personnellement, joueuse casu au temps souvent limité, j’ai apprécié que le jeu ne me mette pas sur la paille au moindre achat de trois ramettes A4.
Enfin, il serait fastidieux de décrire chaque aspect et objet en détail, mais sachez qu’il vous faudra recruter des commerciaux pour ajouter des encarts publicitaires, des agents de sécurité pour défendre matériel et personnel contre des lecteurs courroucés armés de battes de baseball, des éditeurs pour corriger les fautes de vos incapables de rédacteurs (pas de ça à GSS) ou des avocats pour traiter les coûteux procès dont vous ferez l’objet, sans compter la possibilité pour vos reporters d’être blessés, arrêtés ou de déclencher des émeutes. Impressionnant pour un accès anticipé, d’autant que la roadmap des prochaines étapes met l’eau à la bouche : introduction de la photographie, de la météo, des mots croisés (mon âme de mamie cruciverbiste saute de joie) entre autres sont prévues dans les prochains mois.
Mais où est le loup, News Tower n’a-t-il donc pas de défaut ? On peut signaler une durée de vie assez courte, dix petites heures puisque nous sommes pour l’instant limités dans la campagne à deux années jouables, ce qui ne permettra pas de débloquer tous les quartiers en un run. Un mode sans fin est sorti récemment pour corriger le tir.
Le plus gênant restera quand même l’absence d’une version française pour l’instant : je n’ai eu absolument aucune difficulté à suivre le jeu en anglais, mais il est vrai que vous perdrez beaucoup à ne pas pouvoir lire les actualités si vous ne maitrisez pas la langue de Shakespeare.
Pour conclure, une direction artistique agréable, une boucle de gameplay immersive et fourmillant de bonnes idées, une BO qui swingue et une thématique originale font de ce News Tower un must pour tout amateur de jeu de gestion non-prise de tête. Si vous avez une dizaine d’heures à sacrifier au capitalisme et à la course au scoop, n’hésitez pas : l’actualité n’attend pas !