Critique

Nobody Wants to Die

CactusSinger
Publié le 22 août 2024
Nobody Wants to Die

Développeur

Critical Hit Games

Éditeur

PLAION

Date de Sortie

17 juillet 2024

Prix de lancement

24,99 €

Testé sur

PC

Le Polar Noir cyberpunk semble avoir le vent en poupe en ce moment, et on ne va pas s’en plaindre. Avec Nobody Wants To Die et son titre évocateur, Critical Hit Games et Plaion nous propose une aventure interactive dans le New-York dystopique de 2329, et une enquête pour meurtre sur fond politique voulant proposer des mécanismes originaux de reconstitution de scène. Un programme fort alléchant.     

Si vous en avez déjà marre de la multiplication des souscriptions aux services tels que Netflix ou le GamePass, le futur et son capitalisme poussé au paroxysme fait encore mieux. Dès l’âge de 21 ans, votre corps appartient désormais au gouvernement et il vous est alors demandé de payer une souscription afin de garder l’usufruit de celui, faute de quoi, il vous sera confisqué dans le but de servir de nouveau réceptacle à quelqu’un plus friqué pendant que votre conscience sera stockée dans une banque de données, en espérant que quelqu’un puisse vous payer un nouveau corps… Charmant.

Polar Noir sur rails

Tout ceci est rendu possible par l’invention de l’Ichorite permettant de stocker la conscience d’une personne, et de la transférer d’un corps à un autre. L’immortalité est donc devenue une réalité, du moins comme vous l’avez compris pour ceux qui peuvent se le permettre. C’est dans un monde plein de tensions, alors qu’il est question de passer une nouvelle réforme visant à baisser l’âge auquel votre corps ne vous appartient plus, que vous prendrez le contrôle du Détective James Karra. Cliché à l’ancienne comme on les aime, il est connu des services pour ne pas respecter les règles, et sort d’une sinistre affaire qui s’est apparemment soldée par un tragique accident.

C’est affublé d’un nouveau corps, et luttant encore contre les problèmes de synchronisations avec celui-ci, nous y reviendrons, qu’il parvient à convaincre son boss de lui donner une affaire afin de se remettre en selle. Celui-ci accepte de lui donner un petit boulot facile en sous-marin, il suffit d’aller récupérer l’Ichorite d’un important homme politique qui se serait donné la mort chez lui. Pour ce faire, vous serez tout de même assisté d’une partenaire à distance qui sera bien évidemment réluctance à travailler avec une tête brulée telle que vous. Celle-ci pourra cependant vous prêter main forte en réalisant des recherches ou hackant certains portes.

Vous serez également armé d’un Reconstructeur, qui comme son nom l’indique permet de reconstruire en 3D une scène de crime au fur et à mesure des indices collectés, permettant ainsi de revivre la scène. Un artifice qui avait été beaucoup mis en avant dans les trailers promotionnels. Dans les faits, si c’est techniquement et visuellement plutôt bien fichu, en termes de gameplay, on reste un peu sur notre faim. Il n’y a ici pas vraiment de puzzle à résoudre comme on pourrait le voir dans les reconstructions de scène mentales d’un Sherlock Holmes à la Frogwares, il suffit en effet de suivre l’ordre indiqué, et l’on se contente d’être spectateur de la scène se rejouant sous nos yeux. C’est un peu décevant, mais c’est au final le parti prit par Critical Hit Games. Nobody Wants To Die tiens plus du jeu purement narratif que du jeu d’enquête à proprement parlé. Un parti pris que l’on retrouve également dans les environnements proposés avec des couloirs ou des zones très restreintes. Au final, on ne se sentira pas complètement dans la peau du détective, mais plutôt dans celle du spectateur. Le jeu nous donne cependant la possibilité de faire quelques choix importants, mais limités, qui pourront impacter la suite de l’aventure et donner lieu à une fin différente.

Le poids de l'immortalité

Quoi qu’il en soit, James va vite se rendre compte que l’affaire est plus importante qu’il n’y parait. Pire, il y verra un lien avec la mort finale de sa femme, c’est-à-dire sans possibilité de transférer sa conscience dans un nouveau corps, le hantant toujours. C’est d’ailleurs le point intéressant de ce Nobody Wants To Die, le rapport à l’immortalité et le prix à payer sur la psyché humaine. Un thème certes pas tout à fait nouveau, notamment pour les amateurs d’œuvres sur les vampires, mais qui n’en demeure pas moins intéressant ici, car en plus de l’inévitable poids des années elles-mêmes, le changement de corps vient amplifier, voire multiplier, les effets. Mais je vous laisse découvrir tout ça de vous-même. 

Comme mentionné plus haut, insérer son Ichorite dans un nouveau corps vient avec des problèmes de synchronisations, soignés à grand coup de médicaments, et accessoirement pour notre torturé détective James, à grands coups de liqueurs. Une désynchronisation montrée à grands coups d’effets visuels réussis qui, couplés aux effets de l’alcool et la psyché du protagoniste aux abois, viennent par moment nous faire questionner un peu tous les évènements autour de nous. On ressent un vrai vibe à la Philip K. Dick, et particulièrement son génial Ubik. Le revers de la médaille, c’est qu’avec tout ce joyeux bordel, la narration de Nobody Wants To Die ne semble pas tout à fait maitrisée, et à un peu tendance à s’éparpiller, partir dans tous les sens, et laisser le spectateur un peu perplexe parfois. L’histoire alambiquée aurait gagné en simplicité, notamment avec la multiplication des noms et protagonistes qui rendent le tout difficile à suivre.

Le tout se concluant sur une fin qui ne sera pas du goût de tous. Un peu expédiée, et qui fait le choix de laisser le soin au joueur de se faire sa propre interprétation. Un choix probablement en partie poussé par le fait d’avoir plusieurs fins possibles, dictées justement par nos choix de joueurs. On reste tout de même un peu frustré passé le générique, mais on prolongera tout de même l’expérience en allant lire par la suite les différentes théories sur Reddit ou les forums Steam.

Et pour finir, comment ne pas mentionner les visuels saisissants du titre. Un coup d’œil aux captures habillant ce texte ou à une vidéo de présentation suffira pour faire comprendre l’excellent travail artistique effectué par Critical Hit Games. C’est beau, c’est classe, et grouille de détails. Chapeau !

En tant que polar cyberpunk narratif, Nobody Wants To Die frappe fort. Que ce soit visuellement et dans son ambiance, le titre enchaine les mandales à chaque scène, si bien que votre touche de raccourci pour les captures d’écran risque de vieillir prématurément. Il souffre néanmoins de quelques défauts plus ou moins gros. Il aurait par exemple gagné à être un poil plus long pour permettre une entrée plus en douceur dans son univers et limiter l’exposition un peu brutale, ce qui par extension aurait pu permettre un fin un peu moins foutraque, pas aidé non plus par une narration par moments un peu tarabiscotée. On aurait également apprécié d’être un peu moins sur des rails lors des séances d’investigations utilisant le reconstructeur pour se sentir plus acteur. Un jeu qu’on aura aucun mal à conseiller cependant à tous les amateurs du genre, et si vous n’êtes pas allergiques aux histoires laissant une belle place à l’interprétation.

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