Critique

Stellar Blade

Nyam Hazz
Publié le 24 août 2024
Stelalr Blade

Développeur

Shift Up

Éditeur

Sony Interactive Entertainment

Date de Sortie

26 avril 2024

Prix de lancement

79,99 €

Testé sur

PS5

Avec plus d’un million de copies écoulées et une entrée en bourse réussie pour Shift Up, le moindre que l’on puisse dire est que Stellar Blade a su rencontrer le succès. Pour un premier titre développé sur console, le studio coréen s’en tire avec tous les honneurs. Il faut dire que la démo du titre avait déjà été fortement plébiscitée, avec près de 700 000 joueurs quotidiens, dont certains totalisant plus de 50 heures alors qu’elle ne proposait que 2 heures de jeu, dépassant largement des mastodontes tel que Final Fantasy 7 : Rebirth, par exemple, et que l’attente était forte avec un nombre impressionnant de pré-commandes. Dans la lignée actuelle de la politique de Sony, une version PC de cette exclu PS5 devrait inévitablement voir le jour prochainement, et une suite a même été évoquée. Mais le succès commercial n’étant pas toujours forcément un signe de qualité, voyons ce que ce jeu d’action-aventure mâtiné de RPG à dans le ventre.

Adam et Eve

Après l’invasion de la Terre par des créatures appelées Naytibas, capables de muter et de s’adapter rapidement, l’humanité est partie s’installer dans des colonies spatiales. Sous le contrôle de la Matri-Arche, qui renferme la plus grande base de données et a déclaré l’avènement d’une nouvelle humanité destinée à succéder aux humains organiques, celle-ci compte bien reprendre possession de la planète bleue. Régulièrement, des escadrons sont envoyés pour nettoyer les lieux, mais ceux-ci ne sont toujours pas parvenus à leurs fins. EVE est un membre du 7ème escadron aéroporté qui se fait pilonner à son entrée dans l’atmosphère terrestre. Peu de survivants en réchappent, après leur atterrissage à Eidos 7, le dernier champ de bataille de la civilisation. Même Tachy, la commandante, y passe afin de sauver EVE qui se retrouve bien vite toute seule alors que son châssis corporel est endommagé par un Naytiba Alpha.

Heureusement, tous les humains n’ont pas disparu du globe et certains survivent tant bien que mal, espérant encore pour les uns que la Matri-Arche leur vienne enfin en aide, alors que d’autres ont perdu tout espoir et pensent avoir été abandonnés. Adam est l’un de ces survivants que l’on qualifie de recycleur, glanant les trésors que l’on peut encore dénicher dans ce monde apocalyptique. C’est lui qui est venu au secours d’EVE et lui permet ainsi de poursuivre sa mission qui est d’éliminer non seulement tous les Naytibas Alpha, mais aussi et surtout le Naytiba Ancestral qui les dirige tous. Elle va donc s’allier à Adam qui, en échange de la localisation des cibles, lui demande de l’aider à récupérer les hyper-cellules dont la ville de Xion, la dernière cité de l’humanité, a besoin pour activer l’hyperdrive, indispensable pour fournir l’énergie nécessaire à leur survie. Ils rencontreront également bien vite Lily (nous avions déjà Adam et Eve comme référence biblique, rappelons que Lilith était la première femme d’Adam pour les juifs), une ingénieure rescapée du 5ème escadron aéroporté.

Cette dernière mettra toutes ses connaissances technologiques au service de ses compagnons, notamment pour améliorer le drone d’Adam qui accompagne EVE dans ses expéditions au sein des Terres Désolées et peut lui servir d’arme de tir pour le combat à distance, en plus de son efficace lame au corps à corps. Celle que l’on surnomme l’Ange, n’a pas forcément la sympathie de tous les habitants de Xion, mais son aide est indéniable, et le soutien d’Orcal, le prophète dont les visions guident la destinée de la ville, effectif. Elle assiste ainsi l’ensemble de la communauté, mais ne rechigne pas non plus à donner des coups de mains plus individuels aux citoyens qui en expriment le besoin, à travers diverses missions annexes. Balayons tout de suite ces dernières qui, si elles permettent d’étoffer le lore, ne se révèlent pas toujours forcément très intéressantes, notamment lorsqu’elles prennent la forme de classiques missions Fedex. De plus, elles se répètent quelque peu, tout comme les propos des PNJ que l’on croise, dommage.

Certaines sont toutefois bien ficelées et apportent un véritable plus, obligeant même à retourner dans des zones déjà visitées, à la découverte de nouveaux lieux à côté desquels nous étions passés. Le scénario principal de Stellar Blade est tout à fait honorable. Il n’a rien d’exceptionnel et use de ficelles bien connues, mais il comporte son lot de secrets et autres rebondissements. On lui reprochera cependant de relancer sans cesse la même boucle scénaristique. L’ambiance est en tout cas bel et bien au rendez-vous, particulièrement grâce à une bande-son délectable et des graphismes aux petits oignons. Même la version française est très bien. Si le level design peut paraître assez classique et parfois à nouveau répétitif, le monde semi-ouvert que nous offre Shift Up est vraiment très beau, avec plein de reflets à l’appui. L’environnement est globalement détaillé et les personnages principaux extrêmement soignés.

Stellar Boobs

Alors, bien sûr, les PNJ lambda ne sont pas traités avec le même soin et, si l’on y regarde de près, certains éléments du décor sont plus grossiers, mais cela rend vraiment très bien et c’est clairement plaisant pour les yeux. On peut également regretter des paysages trop désertiques et la présence de passages de type couloir, mais, de manière générale, c’est du bon boulot. Et les cinématiques donnent bien évidemment dans le grand spectacle, tout comme les animations très bien chorégraphiées. EVE virevolte majestueusement dans tous les sens avec beaucoup de classe. Arrêtons-nous inévitablement quelques instants sur la plastique de notre héroïne qui a tant fait couler d’encre. Alors, oui, celle-ci est nettement sexualisée, avec certaines tenues particulièrement minimalistes mettant en valeur son corps aux courbes bien dessinées. On ne peut pas nier que ceci ait été un atout pour attirer les projecteurs sur le jeu, la preuve en est qu’une polémique a eu lieu lors de son lancement autour d’un maillot de bain moins échancré que prévu, Shift Up ayant alors été accusé de publicité mensongère. Ceci est un brin extrême, mais montre bien qu’une partie du public accorde une importance non négligeable à cet aspect. Notons que la dernière mise à jour estivale devrait vite faire oublier cette « censure » avec deux maillots très sexy.

Et en regardant EVE se débattre à l’écran dans de petites tenues, voire sans protection, semblant alors presque nue, avec sa poitrine animée par les effets de la pesanteur, on ne peut s’empêcher de songer à cet aspect du soft. Mais tout son intérêt ne réside heureusement pas là. Son gameplay maîtrisé et très complet, plein d’action, en fait toute la richesse. Il n’y a pas que visuellement que Stellar Blade nous rappelle des titres comme Nier : Automata ou Bayonnetta, il fait aussi penser aux productions From Software une fois dans l’action. Outre les attaques de base que l’on peut combiner pour réaliser différents combos, il faut savoir parer et esquiver au bon moment pour bénéficier d’un contre efficace, voire récupérer de l’énergie. Il n’y a en effet pas d’endurance à gérer, mais tout réside dans la défense et le timing. Des lueurs colorées permettent d’indiquer quelques instants avant le type d’attaque que l’on se destine à recevoir, à nous alors d’adopter dans les temps la réaction appropriée.

Cela peut tout particulièrement étourdir l’adversaire quelques instants. Briser son équilibre permet alors de lui asséner d’importants dégâts. Ce n’est clairement pas toujours facile, mais vraiment plaisant, et pas seulement visuellement. Les combats se font essentiellement au corps à corps avec des lames, mais on peut également utiliser des grenades ou des mines, ainsi que mettre à profit le mode combat du drone qui s’accroche à notre bras pour bénéficier d’une puissance de feu, en mode TPS, avec différents types de munitions (balles électriques, chevrotine électrique, obus explosifs, lance-missile, blaster à positrons). Viser les points faibles des ennemis est alors un plus non négligeable. De plus, toucher les adversaires ou bloquer leurs attaques permet de recharger l’énergie bêta qui permet, lorsqu’elle est disponible en quantité suffisante, d’exploiter quatre compétences bêta bien utiles : lame d’énergie, arc dévastateur, vagues d’énergie et brise-bouclier qui non seulement effectue d’importants dégâts sur le bouclier de la cible, mais permet en plus de l’étourdir pour lui asséner un redoutable châtiment.

Le titre s’apparente clairement à Nier : Automata, en version améliorée, de l’aveu même de Yoko Taro, le créateur de Nier. On reprochera, pour notre part, l’utilisation d’une touche de direction pour le soin qui complique parfois un peu les choses, sinon tout est très bien réglé. Le bestiaire est plutôt varié et les ennemis peuvent être très nombreux, rendant la gestion des combats parfois délicates. Sur la fin, c’est même particulièrement tendu. Un mode histoire est toutefois proposé pour les moins téméraires. A contrario, une fois l’aventure bouclée, ce qui vous prendra entre 30 et 50 heures, suivant si vous cherchez ou non à écumer les quêtes annexes et recueillir tous les collectibles, un NG+ est accessible avec des ennemis encore plus forts qui se positionnent différemment, afin de vous surprendre à nouveau. On a ainsi droit à un mode difficile avec possibilité de gravir de nouveaux niveaux et d’acquérir de nouvelles compétences, et de nouveaux éléments cosmétiques, notamment 34 nouvelles tenues pour la belle EVE.

Eve en taille à tout-va

Stellar Blade permet en effet de personnaliser l’apparence de notre Ange, comme celle d’Adam et de Lily, ainsi que du drone, mais cela n’a qu’un aspect cosmétique. L’équipement, en revanche, améliore ses capacités de combat. Au-delà de ses nano-combinaisons, qui lui servent seulement de bouclier, EVE dispose de 4 emplacements d’équipement et 2 exospines permettant de définir le style de combat retenu. Ces dernières, comme les armes, peuvent bien entendu être améliorées pour acquérir de nouvelles capacités. Des arbres de compétences (attaque, survie, bêta, et deux autres qui arrivent plus tard) sont également au programme et permettent à chacun de choisir son style de combat. Lily peut aussi fabriquer des modules d’améliorations pour le drone. Les noyaux bêta, quant à eux, sont utiles pour bénéficier de plus d’énergie bêta. Et les noyaux corporels, que l’on récupère sur les cadavres disséminés un peu partout, servent à augmenter les pouvoirs et les points de vie d’EVE.

Mais encore faut-il trouver tout cela, ou les composants nécessaires à leur obtention. C’est là que l’exploration entre en jeu, y compris sous l’eau, sans avoir à se soucier du manque d’air. Le drone s’avère ici bien utile pour analyser le terrain et détecter ainsi les éléments à récupérer ou interactifs, mais aussi les points d’accroche pour l’escalade, et les ennemis, même cachés. L’inconvénient est que l’on a alors vite tendance à spammer cette touche. En plus de ne pas être forcément très gracieux, on regrette aussi la mauvaise visibilité de cet affichage, notamment pour repérer les cadavres humains. Différents coffres sont dispersés dans l’environnement, avec nécessité, pour les ouvrir, soit d’effectuer un enchaînement de touches, soit de disposer d’un code qu’il faut préalablement dénicher. Il est donc important de bien observer son environnement et ne pas hésiter à faire des détours. Il y a de nombreux collectibles à rechercher, à l’image des canettes de soda. Cela permet de surcroît de s’écarter un peu du chemin tout tracé par les missions.

Notons que l’exploration prend parfois la forme d’un jeu de plateforme (sauts, escalades, barres auxquelles s’accrocher et sur lesquelles s’élancer…). Et les classiques marqueurs jaunes, indiquant où l’on peut escalader, sont bien présents. EVE peut aussi courir sur certains murs clairement indiqués. Quelques puzzles sont également proposés, et quelques énigmes à résoudre. Le jeu est vraiment complet. Des murs invisibles sont malheureusement présents, mais ce n’est pas toujours le cas, et chuter est douloureux, sauf à annihiler les dégâts en effectuant un atterrissage parfait. Si un ennemi se trouve en dessous, c’est aussi un bon moyen d’effectuer une exécution surprise. Les surprendre par derrière est une autre méthode d’exécution rapide.

Enfin, au cours de son aventure, EVE fait connaissance avec divers PNJ avec lesquels elle peut se lier d’amitié afin d’obtenir des confidences secrètes ou accéder à certains articles, à l’image du coiffeur de Xion qui lui permet de changer de coiffure et de couleur de cheveux. Les nouvelles coiffures font d’ailleurs partie, comme les costumes, du contenu supplémentaire que le titre propose à travers des mises à jour gratuites. Des DLC payants sont également prévus et, si les microtransactions n’ont pas été retenues pour ne pas générer de rejet de la part des joueurs, elles pourraient faire une apparition raisonnable, d’après Shift Up. Enfin, une suite est clairement envisagée, surtout vu le succès de cette nouvelle IP.

Avec sa belle EVE, Shift Up réussit son pari de créer une nouvelle licence qu’il compte bien faire fructifier avec un suivi régulier et très certainement plusieurs itérations. Bien que s’inspirant de Nier : Automata, Stellar Blade parvient à créer sa propre identité avec des graphismes séduisants et une action débridée très bien chorégraphiée. Tout n’est pas parfait, mais le titre s’avère très riche et offre un gameplay efficace et dynamique, dépassant largement le simple intérêt plastique discutable de son héroïne.

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