Critique

Star Trucker

Shutan
Publié le 3 septembre 2024

Développeur

Monster and Monster

Éditeur

Raw Fury

Date de Sortie

3 Septembre 2024

Prix de lancement

24,50€

Testé sur

PC

En termes de jeu vidéo, j’apprécie quand le concept tient dans le titre du jeu. Au fil du temps, il devient relativement difficile de faire dans la simplicité, et l’efficacité de titres comme « Karateka », « Moon Patrol », « Space Invaders » ou « Ninja Golf », où on sait directement à quoi on a affaire, seraient difficiles à reproduire. Mais dans le domaine des simulateurs, pourtant, il y a une certaine résistance organisée.

Camionneur no Remorque​

Sans surprise, dans Star Trucker, on va faire du camion dans l’espace. C’est net, c’est précis, on a un camion (format gros Truck Américain, mais encore plus maousse) et on va trimballer des marchandises d’un bout à l’autre du cosmos, comme on pourrait le faire dans Elite Dangerous, Eve Online ou No Man’s Sky. La petite subtilité, c’est que l’humanité a dû évoluer dans une direction un peu compliquée où on a privilégié l’esthétique à la pratique, et on conduit non pas un cargo, mais un énorme camion, et au lieu d’avoir la marchandise en soute, on va devoir tirer des remorques à travers le cosmos. Ce qui en fait non pas un « Elite Dangerous avec un camion », mais plutôt un Euro/American Truck Simulator en Zero G, et en véritable 3D. Les manœuvres sur le quai de livraison du Lidl de Garges-les-Gonesse, c’était compliqué en n’ayant à gérer que la largeur et la longueur, ben ajoutez la hauteur. Mais ajoutez la hauteur sans que votre tracteur n’aie de poussée latérale, et c’est parti pour un casse-tête lors de l’alignement pour accrocher le container de produit chimique à destination de 2,5 années-lumière et à livrer avant mardi 15h sinon il va exploser (et tu ne seras pas payé). Manœuvrer avec un trente-tonnes de l’espace, c’est autre chose qu’une moissonneuse batteuse, ça va sans dire.

Ce petit paramètre en plus à gérer, un nouveau monde s’offre au fantasy trucker lassé des paysages verdoyants de la Pologne ou du désert Texan, comme le dirait notre boule préférée dans Portal 2, l’espaaaace c’est génial. Adieu la terre, bonjour le vide spatial, avec ses aléas. Le jeu est divisé en grandes zones, séparées par des portes supraluminiques, et dans chaque zone, on va retrouver des éléments communs, un ou plusieurs magasins, des pompes à essence, des marchandises à livrer, des points de livraison et le tableau d’affichage des différents boulots réalisables. La boucle est simplissime : aller au tableau d’affichage, prendre un boulot, aller chercher la marchandise au dépôt, et enfin se rendre au lieu de livraison, plus ou moins distant. Une fois arrivé, on décroche la remorque, on reçoit une rémunération et on cherche un nouveau boulot.

Simple comme bonjour, sauf que…

On peut faire un constat avec un asteroide ?

Sauf que c’est pas si simple en fait. Déjà, la route à prendre est semée d’embûches. Prendre l’autoroute spatiale peut sembler le chemin le plus indiqué et balisé, mais elle fait souvent faire un gros détour et on peut perdre du temps et du précieux carburant (le camion consomme plus que tonton Gérard à Oktoberfest), donc pourquoi la suivre ? Parce que ne pas suivre les sentiers battus, c’est s’exposer à des risques. Risques souvent matérialisés par des débris flottants un peu partout et pouvant endommager le camion et la remorque. Et un débris qui fait un trou dans la coque, c’est un poil plus gênant qu’un pneu crevé sur l’autoroute. Alors, on doit sortir en scaphandre et reboucher les trous, et finalement, on a perdu plus de temps, et beugné le container. Malgré tout, on ne peut pas se permettre de perdre trop de temps. J’ai mentionné le carburant, mais il faut aussi prendre en compte les différents systèmes de la cabine : générateur de gravité et d’oxygène, température, cœur, attaches magnétiques, etc. Chaque système nécessite soit une pile, soit un contrôleur, et ceux-ci s’usent, et coûtent très cher. Il faut donc avoir l’œil sur un peu tout en même temps et jauger si le trajet peut se faire via le chemin le plus simple, ou alors y aller plus vite (mais prudemment) hors route commerciale. Sachant qu’au fur et à mesure du jeu, on peut améliorer son camion pour une meilleure efficacité énergétique, le protéger contre diverses intempéries spatiales (les débris ne sont qu’une partie des problèmes qu’on peut croiser sur la route).

Ces améliorations sont aussi débloquées en suivant les différents jobs « obligatoires » du scénario principal. À chaque livraison réalisée, on engrange des points d’expérience qui débloquent des « permis » ou des entraînements. Ces permis offrent de nouveaux types de marchandises et de modes de livraisons (du fragile, du dangereux, du plus loin, du plus rapide, etc.) et chaque permis est accompagné d’une petite scénarisation avec un collègue routier de l’espace (qu’on ne voit jamais, d’ailleurs, on ne voit personne pas même son avatar), afin de faire découvrir plus de zones, et de faire des missions plus longues, en papotant via la cibie installée dans la cabine.

"Pas de vitesse lumière ? -C'est pas ma faute!"

On sent que l’équipe a compris ce qui pouvait faire le sel d’un jeu de camions dans l’espace, et il est agréable à jouer malgré certains côtés un peu relous, mais qui sont, on va dire, nécessaires à l’immersion (le docking systématique pour prendre les boulots ou acheter des trucs, par exemple). La gestion des ressources internes peut être un sacré casse-tête, mais différents modes de difficulté sont disponibles pour vous offrir l’expérience de la plus chill à la plus retorse, où les pannes sont plus fréquentes et le matériel plus cher.

Il s’en dégage de plus une ambiance assez folle, très «l’Amérique dans l’espace fouque yé» musique country à la radio comprise. Et le monde vivant où un tas d’autres truckers se baladent de station en lieu de livraison avec parfois trois remorques serpentant derrière eux à quelque chose de poétique. On est dans l’épisode « Heavy Metal Queen » de « Cowboy Bebop », ou dans le film « Space Truckers ». La répétitivité inhérente au genre se fait moins sentir grâce aux divers imprévus jalonnant les trajets, et même en se contentant de livrer des machins dans les deux/trois zones de départ, la satisfaction d’avoir pu livrer des plaques de verre en traversant un champ d’astéroïdes sans tout péter est assez difficile à décrire.

Pour autant, le jeu n’est pas sans défaut, de par les aléas d’un côté, une maniabilité très flottante, une lisibilité parfois aux abonnés absents et puis quelques petits soucis techniques. Des ralentissements un peu étranges se font parfois sentir, et le contrôle du scaphandre aurait besoin d’être amélioré (on a plus l’impression d’être une boule dans l’espace qu’un bonhomme en combi). On peut espérer que des ajustements seront apportés par la suite.

Palliatif idéal aux fanatiques de gros camions qui veulent un challenge ou aux amateurs de simus spatiales avec un twist et la fibre commerciale, Star Trucker est une excellente surprise, un petit bonbon sur lequel on revient sans déplaisir malgré quelques petites frustrations (on va dire que c’est un bonbon acide, et voilà). Ah oui, très important, c’est l’espace, certes, mais on peut quand même faire TUT TUT avec le klaxon.

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