Critique

The Phantom Fellows

CactusSinger
Publié le 8 octobre 2024
The Phantom Fellows

Développeur

The Phantom Fellows

Éditeur

Strummer Games

Date de Sortie

27 septembre 2024

Prix de lancement

14,79 €

Testé sur

PC

En gestation depuis un bon moment maintenant, The Phantom Fellows, développé par le seul Paul Korman, littéralement homme à tout faire, pointe enfin le bout de son nez. Depuis le premier trailer et sa démo jouable, le jeu d’aventure Point & Click humoristique à gros pixels, à la croisée des chemins entre The Darkside Detective et la série Blackwell, avait suscité pas mal d’engouement chez les amateurs du genre.

Les Fantômes Félés

Dans The Phantom Fellows, comme l’indique si bien son nom, vous incarnerez un tandem de “chasseurs de fantômes”, ou plutôt de détectives du paranormal, incités dans cette voie principalement du fait que l’un des deux soit… décédé. C’est d’ailleurs souvent à la plus grande surprise des clients qui se demandent pourquoi le pluriel dans leur nom alors que le seul Oliver Cobblestone apparait intervenir sur le terrain. Dans la réalité, son fidèle partenaire n’est autre qu’un fantôme, répondant au doux nom d’Englebert Picklebender, et Oliver semble être le seul vivant capable de l’entendre ou le voir. Un synopsis qui n’est pas sans rappeler celui de l’excellente série de Point & Click Blackwell, la différence principale, outre le ton global, étant qu’Oliver ne peut voir que son compagnon Englebert et pas les autres revenants. Il doit donc s’appuyer sur son aide pour communiquer avec les autres fantômes. 

Autre différence, la plupart du temps, les fantômes sont ici conscients de leur état. Il faut ainsi négocier avec eux pour les convaincre d’évacuer les lieux, le plus souvent en échange d’une faveur, puis mettre en scène un joli show pour convaincre le client que le fantôme s’en est allé. Vous l’aurez compris, The Phantom Fellows fait donc le choix de l’humour. Le jeu sait manier l’absurde et surtout le décalage entre les situations et l’excentricité de son personnage principal, souvent détaché de la réalité, dont les répliques et réactions à côté de la plaque fonctionnent dans très bien. Pour sa défense, on notera qu’il n’est pas aidé du fait qu’il n’entend qu’une partie des conversations entre fantômes. On pourra s’étonner des répliques parfois très absurdes des personnages qui peuvent par moment se trouver un peu gênant. Mais on sent le soin apporté à chaque ligne de dialogue, et même si certaines répliques ne feront pas forcément mouche chez tout le monde, dans l’ensemble l’écriture du jeu est plutôt réussie. Notez cependant que le jeu ne possède pas de doublage, donc que du texte à lire, et que seul l’anglais est disponible.

Tout comme The Darkside Detective et Blackwell, The Phantom Fellows suis une progression similaire ici. Pas à base de dossier comme dans le premier, ou de miniépisodes comme le second, mais à travers des journées, chaque jour représentant une histoire individuelle qui, comme c’est le cas pour ses influences, viendra se transformer en fil rouge pour se mêler à un plus gros morceau sur la fin. Dans la pratique, ceci permet de pouvoir découper ses sessions de jeu dans un titre pour le coup très généreux dans son contenu. Il faudra bien compter 10-12h en moyenne pour voir le bout, le jeu étant d’ailleurs très bavard, parfois même un poil trop. À savoir tout de même, le jeu se termine sur une belle ouverture à l’histoire et on espère donc voir une suite arriver.

Pour son gamelay, The Phantom Fellows fait le choix d’avoir plusieurs interactions possibles — regarder, prendre/utiliser, parler, utiliser un objet avec — que l’on fait défiler avec la molette ou d’un clic droit, ce qui changera la forme de l’icône suivant votre souris. C’est un peu déstabilisant quand on est habitué aux Point & Clicks moderne où souvent tout se fait en un ou deux clics, mais on s’y fait au bout d’un moment. Vous aurez également la possibilité de passer d’un personnage à l’autre, ce qui peut être pratique quand on a un être éthéré avec soi qui peut littéralement passer à travers les objets, même si celui-ci refusera parfois, précisant qu’il “goutte” les objets qu’il traverse et n’a donc parfois pas très envie de le faire. Tant qu’on y est, on apprendra par la même occasion que les fantômes ont la fâcheuse tendance à mouiller tout ce qu’il touche, et qu’ils peuvent détecter l’arrivée d’un appel avant que ne sonne le téléphone… Voilà. 

Gros pixel... Hunting ?

Autre fonctionnalité aussi voulue par l’auteur, il est possible, à partir du 3ᵉ jour, de retourner sur les lieux visités précédemment, et d’y trouver de nouveaux dialogues, ainsi que des objets qui pour la plupart offriront une solution alternative aux puzzles proposés de la journée en cours, tous les éléments nécessaire à la progression étant présent de base sur le nouveau lieu. Une bonne idée qui non seulement rajoute un peu de contenu et de vie à l’univers d’Elderberry, le nom de la ville dans laquelle se situe l’action, mais permettra aussi d’essayer de se débloquer sur certaines énigmes.  

En parlant d’énigme d’ailleurs, le jeu n’est pas si simple que ça et proposera souvent un bon challenge au joueur, même s’il est loin d’être impossible, on pourra tout de même se prendre un peu la tête sur quelques énigmes et se retrouver bloqué de longues minutes, avant de se décider de questionner notre partenaire pour avoir des indices sur la marche à suivre. Englebert faisant en effet office de système d’indice in game, ce qui pourra vous être fort utile, d’autant que celui-ci s’efforce de vous aider progressivement sans vous cracher la solution. Un système qui pourra néanmoins être pris à défaut, notamment si vous êtes passé à côté d’un objet indispensable à votre progression dans un des nombreux écrans de jeu. D’autant que The Phantom Fellows fait lui le choix de ne pas recourir à un révélateur de hotspot, un choix complétement assumé par l’auteur indiquant que tout est un point d’intérêt, c’est-à-dire que cliquer n’importe où sur l’écran vous donnera une réponse. Si la quasi-totalité du temps où l’on a aucun mal à trouver les objets avec lesquels interagir, et il y en a beaucoup, ça deviendra évidemment un brin frustrant les rares fois où il vous manquera un seul objet, ou une seule interaction, pour progresser, et que Englebert ne sera alors d’aucune aide. Certes, on ne parlera peut-être pas de pixel hunting ici, d’autant plus vu la taille desdits pixels, mais on s’en rapproche. 

On ramassera effectivement beaucoup d’objets au cours de nos pérégrinations, dont certains n’ayant pas vraiment d’utilités, on parle de red herrings dans le jargon, ce qui viendra également complexifier un peu la progression. Mais on félicitera le travail réalisé, car chaque objet possède sa propre description.  

Finissons par parler de l’habillage du titre. Visuellement, le titre fait évidement de suite penser à The Darkside Detective, l’auteur ayant d’ailleurs revendiqué l’inspiration du style très low pixel de ce dernier, et l’on peut donc compter les pixels sur les visages des personnages. Reste donc à vous de décider si ça vous conviendra, mais dans le style, c’est plutôt une réussite avec notamment de très beaux paysages. Côté sonore, on sera enchanté par la musique, elle aussi un brin rétro. Réalisée aussi par Paul Korman, elle viendra rythmer vos journées. Indéniablement une des très grosses réussites du titre. 

Décidément, 2024 est une belle année pour les jeux d’aventures, et on va de surprise en surprise. Encore une fois, le travail d’un passionné du genre paye et nous offre un nouveau Point & Click rétro-moderne de qualité. Paul Korman a quasiment tout fait ici, dont une superbe bande son, et on lui pardonnera donc volontiers les quelques soucis de pixel hunting ou certains dialogues parfois très étranges. Pour peu que vous adhériez à l’aspect gros pixel et au style humoristique proposé, pas de doute que vous allez passer un bon moment en compagnie des Phantom Fellows

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