The Trevor Show
Rapide Critique
Flowstone Saga
Développeur
Impact Gameworks
Éditeur
Doyoyo Games
Date de Sortie
26 septembre 2024
Prix de lancement
17.50 €
Testé sur
PC
L’audace de la scène indépendante n’est plus à démontrer. La créativité moins étranglée par le carcan des attentes des grosses productions, elle s’essaie régulièrement à un mélange des genres qui, à première vue, peut paraître improbable. Citons deux exemples probants : Foretales, qui avait brillamment mixé jeu de cartes et aventure narrative, ainsi que Dave the Diver, dans lequel exploration de fonds marins et gestion d’un restaurant de sushis font bon ménage. Aujourd’hui, c’est Flowstone Saga qui lance à son tour un concept hybride, entre JRPG rétro et casse-tête à la Tetris.
C’est grâce à une campagne Kickstarter menée à son terme que les indépendants d’Impact Gameworks ont financé leur nouvelle production. La preuve qu’il existe un public pour une niche vidéoludique qui semble encore inexploitée. Ainsi, Flowstone Saga présente un habillage assez caractéristique des jeux de rôle japonais. On y trouve d’abord cette direction artistique avec quelques touches steampunk qui évoque directement Chrono Trigger. Puis il y a cette narration omniprésente, faisant avancer l’aventure, non sans une certaine note d’humour. Enfin, il y a ces monstres qui parsèment les différents tableaux du jeu, qu’il suffit de heurter pour engager le combat.
Sauf qu’une fois fait, point de bastonnade au tour par tour, mais plutôt un système de jeu proche d’un Tetris à l’ancienne. Il faut alors empiler des blocs de formes différentes, que la gravité attire irrémédiablement vers le bas de l’écran, et façonner des lignes complètes pour lancer des attaques. Pour faire simple, plus on efface de lignes en une seule fois, et plus nos dégâts seront importants. Cependant, nos antagonistes ne sont pas en reste. Ils peuvent faire surgir des blocs enquiquinants, obstruant par exemple nos tentatives de constructions. En outre, ils sont capables d’invoquer quelques sortilèges puissants qui viendront grignoter notre barre de vie, si l’on ne parvient pas à les interrompre dans les temps.
Très rapidement, on prend goût à ces escarmouches rythmées et à la prise en main intuitive. Voir notre obsession pour les constructions sans aspérité être récompensée par de gros dégâts à incontestablement quelque chose de grisant. Néanmoins, la quantité très élevée de combats pourrait essouffler même les joueurs les plus aguerris. C’est certes un défaut inhérent au jeu de rôle japonais, mais qui est ici renforcé par le gameplay façon Tetris. Comme les affrontements demandent un minimum de concentration et de vigilance, nettoyer les donjons peut vite devenir un chemin de croix, et on commence à prier pour en apercevoir le bout.
Bien entendu, qui dit JRPG dit un accent mis sur l’histoire. Ici, ce sont les bottes de la jeune Mirai que l’on enfile, et qui va poser la main sur un artefact dans un laboratoire abandonné, lui donnant le pouvoir de manipuler les blocs. Pour se battre donc, mais aussi pour contribuer à la construction de son village d’adoption, les origines de l’héroïne demeurant incertaines. Si dans diverses déclarations, Impact Gameworks a mis en avant son ambition de développer un récit qui sort des sentiers battus, celui-ci se montre en réalité assez fade manette en main. L’univers déployé par Flowstone Saga est générique au possible, pas aidé, il faut le dire, par une direction artistique qui manque de relief, malgré quelques fulgurances lors de son intro. Mais surtout, la narration du titre est extrêmement nébuleuse, si bien qu’au bout de plusieurs heures de jeu, la représentation du monde qui nous entoure reste très floue, et l’on finit par s’en désintéresser. Reste le verbe des différents protagonistes de l’aventure, plutôt drôle en certaines occasions.
Pas de quoi bouder notre plaisir non plus. C’est une copie très propre que nous livre Impact Gameworks, surtout avec un budget aussi peu conséquent. Alors on met de côté nos griefs envers les mécaniques de JRPG, pour se concentrer sur le cœur du titre inspiré par Tetris, accrocheur et sympathique.