Critique

Thronefall

Gattu
Publié le 23 novembre 2024

Développeur

GrizzlyGames

Éditeur

GrizzlyGames

Date de Sortie

11 octobre 2024

Prix de lancement

12,99€

Testé sur

PC

Souvenez-vous : en août 2023, Thronefall voyait le jour en accès anticipé, et se présentait comme un mélange prometteur de tower defense, de petite stratégie et de hack and slash. On y dirigeait un roi à cheval, devant protéger son royaume une fois la nuit tombée, contre des hordes de monstres et bandits sanguinaires. Un concept simple, pas révolutionnaire, mais diablement accrocheur. Cette ébauche d’excellence, on la devait au minuscule studio berlinois de GrizzlyGames, composé en tout et pour tout de deux personnes, qui avait déjà fait de l’épure leur marque de fabrique dans leur précédent titre Islanders. Une année de dur labeur plus tard, Thronefall sort officiellement sur Nintendo Switch et Steam, doté d’un contenu bien plus étoffé. Et avec ceci, la confirmation qu’il est bien le hit qu’il prétendait devenir.

La nuit est sombre...

Bien entendu, pour éviter les répétitions intempestives, nous vous renvoyons vers notre preview de Thronefall, rédigée au commencement de son accès anticipé. Le principe n’a pas bougé d’un iota, puisqu’il s’agit toujours d’empêcher la destruction de notre château lorsque les ténèbres envahissent nos contrées, tandis que le jour, on s’échine à optimiser les protections qui entourent notre bastion. Les bâtisses, que l’on peut construire uniquement sur des emplacements prédéfinis, se séparent en deux catégories. Il y a celles à visée économique qui permettent de faire rentrer de l’or dans nos caisses. Puis, il y a celles à visée militaire, indispensables pour éradiquer la menace nocturne. Il incombe donc au joueur de faire le funambule, surtout en début de partie, entre des revenus financiers conséquents et une défense qui tient à peu près la route, car investir dans l’un se fait au détriment de l’autre.

Un concept simplissime, d’aucuns diraient déjà-vu, mais exécuté à la perfection par GrizzlyGames. Les différents niveaux peuvent se transformer en véritable casse-tête pour faire face aux treize vagues d’ennemis. On rappelle d’ailleurs que l’on connaît à l’avance la composition de celles-ci, ainsi que l’endroit de la carte où elles opéreront leur entrée, ce qui met à l’épreuve nos capacités d’architecte de guerre ne devant rien laisser au hasard. Sauf lorsqu’un boss se présente à l’orée de notre territoire, seulement signifié par trois points d’interrogation, et qui fera toujours une apparition tonitruante et inattendue. Notre stratégie vole alors en éclats, et on tente vaille que vaille de colmater les brèches, en envoyant si nécessaire notre bon roi au casse-pipe. Il faut bien montrer l’exemple.

le château prend l'eau !

Il est heureux de voir que nos deux développeurs allemands n’ont pas chômé durant cette année de gestation. En plus de leurs efforts pour corriger quelques rares bugs et améliorer légèrement l’ergonomie de leur titre, ils ont ajouté pas moins de cinq niveaux (pour un total de neuf) tous avec un level design bien fichu, aux possibilités stratégiques considérables. En outre, de nouveaux bâtiments pointent à l’appel. Parmi les plus marquants, citons le sanctuaire, capable de se muer en tourelle invulnérable une fois qu’un certain nombre d’ennemis meurent à ses pieds. Ou encore, la caserne des héros, qui nous offre une unité aux capacités hors normes, comme un golem ou un lézard géant. Bien entendu, le régent peut toujours opter pour l’arme de son choix avant de s’engager à la bataille. Et avec cette nouvelle mouture, il y en a un sacré paquet, tel que la hache, efficace contre les engins de siège, ou un livre de magie noire qui maudit les bretteurs d’en face. Bref, tout est fait pour démultiplier les façons d’appréhender le titre, et donc d’en accroître sa profondeur.

Et comme si ça ne suffisait pas, GrizzlyGames s’est aussi autorisé à ajouter pas mal d’atouts et de mutateurs, qui permettent de personnaliser la difficulté du jeu. Vous savez, ces petites choses qui modifient les règles initiales d’une partie, en rendant par exemple notre infanterie plus puissante, nos bâtiments plus rentables, ou au contraire en donnant à nos adversaires une force ou une rapidité démesurée. Si jouer les masochistes est indispensable pour finir Thronefall à 100 %, c’est surtout le moyen de tester à fond nos compétences de stratège, en nous confrontant à un défi de plus en plus en corsé. Bien évidemment, celles et ceux qui n’aiment pas suer de stress en s’adonnant à leur loisir favori peuvent se contenter des niveaux moins durailles, mais, soyons honnêtes, ce serait passer à côté de ce qui fait tout le sel de Thronefall, en plus de se priver d’une belle poignée d’heures de jeu.

Cette épure qui structure l’identité de Thronefall se retrouve bien entendu jusque dans son aspect visuel. Ainsi, le jour, les aplats de couleurs froides offrent de jolis contrastes, tandis que la nuit, une direction artistique bleu profond prend le relais, et jette sur notre royaume un voile intime presque rassurant. Quant à notre protagoniste, notre armée et nos antagonistes, ils sont représentés par quelques polygones qui s’agitent comme des petits jouets dès lors que commence l’inévitable empoignade. Si graphiquement, le titre berlinois n’a rien de si original, c’est un style qui sied parfaitement à sa philosophie minimaliste, qui permet au joueur de s’immerger dans son univers en un clin d’œil. Au final, c’est peut-être avec la musique qu’on retrouve un peu d’esbroufe de la part du GrizzlyGames, avec des sonorités celtiques plus grandiloquentes, et qui instiguent un vrai sentiment d’urgence alors que nos défenses menacent d’être débordées. Dommage que le nombre de pistes musicales se compte sur les doigts d’une main, car à la longue, on finit par se lasser du souffle de la corne de brume et du grincement de la cornemuse.

Après avoir posé nos mains sur son accès anticipé prometteur, nous avions peu de doutes quant à la réussite de Thronefall. Mais c’est dorénavant chose confirmée avec cette mouture finale au contenu amplifié. En s’appuyant sur une identité visuelle minimaliste, et une jouabilité facile à appréhender, GrizzlyGames réussira à embarquer le plus grand nombre dans la défense de ce royaume constamment menacé. Attention néanmoins, car si le titre berlinois se laisse aisément dompter, en maîtriser toutes les subtilités reste une tâche ardue. En effet, seuls les joueurs les plus patients viendront à bout des niveaux les plus tortueux. Maintenant que l’avertissement est lâché, c’est avec l’esprit léger que l’on peut remettre notre précieux macaron, une sélection GSS bien méritée.

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