Les conséquences de donner trop de choix ?
Rapide Critique
Chicken Police: Into the HIVE!
Développeur
The Wild Gentlemen
Éditeur
Joystick Ventures
Date de Sortie
07 novembre 2024
Prix de lancement
24.50 €
Testé sur
PC
The Chicken Police: Paint in Red! avait enchanté avec son ambiance Polar Noir sublime, comme nous l’avait si bien décrit Gattu dans sa critique. La sortie d’une nouvelle aventure pour notre duo de gallinacés légendaires était donc un évènement de taille pour tout amateur de détectives et de buddy movies, et c’est donc avec hâte que l’on s’est jeté… Into The Hive!
Trois ans après les évènements du premier Chicken Police, et le démantèlement de la principale organisation criminelle de Clawville grâce aux actions de Sonny Featherland et Marty MacChicken, les bien nommés Chicken Police, duo phare de détectives, les choses ne vont finalement pas beaucoup mieux. Pire, le vide laissé semble avoir entrainé une guerre de gangs afin de combler la place vacante au pouvoir. Même la police parait débordée et se trouve parfois directement attaquée. L’ambiance n’est donc pas au beau fixe entre les habitants ne se sentant plus du tout en sécurité, et la signature d’une loi de ségrégation des insectes, confinés maintenant dans la Ruche, un quartier pauvre en périphérie maintenant laissé à l’abandon par les forces de l’ordre, n’arrange pas les choses. Un quartier où des émeutes pourraient d’ailleurs bien éclater à tout moment, et l’on ressent vite que la moindre étincelle pourrait faire exploser le baril de poudre sur lequel Clawville est assise.
Tout comme son prédécesseur, le jeu ne réinvente pas la poudre et se présente sous trois aspects (hors mini jeux). On passera la plupart du temps dans des dialogues sous forme de jeu d’aventure type Visual Novel. Les personnages apparaissant alors à l’écran, et les mouvements de leurs modèles et les différentes poses parviennent à insuffler un véritable dynamisme, rendant le tout plutôt vivant pour le style. On y reviendra, mais chaque conversation est un véritable plaisir, et l’on peut rester scotché devant son écran de long moment sans vraiment voir le temps passer, et surtout sans vouloir arrêter.
Entre les dialogues, il est possible de choisir sa destination sur la carte de la ville, et le jeu entre dans ça phase d’investigation similaire à un Point & Click plus classique. Dans celle-ci, vous pourrez déclencher des dialogues, chercher des indices, et profiter des magnifiques décors. Nouveauté d’ailleurs depuis Paint in Red!, vous pouvez désormais opter pour un mode couleur disponible assez rapidement dans le jeu. J’ai pour ma part opté de rester en noir et blanc, choix privilégié par les auteurs et qui, pour moi, renforce l’immersion et la sensation d’être dans un vieux film ou un bouquin de Raymond Chandler.
Pour finir, on retrouve également les phases d’interrogations, dans lesquelles il faudra choisir une approche Good Cop / Bad Cop en fonction du profil de votre interlocuteur afin de récolter un maximum d’information. Vous obtiendrez un score à la fin, et fort heureusement, il est possible de les recommencer, car certaines ne sont vraiment pas évidentes, bien qu’il ne soit pas nécessaire d’avoir un score parfait pour progresser. La plupart des mini jeux sont eux facultatifs, que ce soit l’entrainement au tir ou le jeu de carte, mais on aura tout de même de temps en temps le droit à une reconstitution des faits, souvent entre les chapitres, afin de vérifier que le joueur a bien tout suivi.
Mais rentrons plutôt dans ce qui fait tout le sel du titre, son ambiance polar noir particulièrement réussie à tous les niveaux. On n’insistera jamais assez à quel point le travail sur les doublages est phénoménal ! Bien aidé par des dialogues superbement écrits, généralement acerbes, pince-sans-rire et pessimistes, mais où chaque réplique fait mouche. Mention spéciale au comédien de Sonny, Kerry Shale, à la voix rauque du vieux flic ayant abusé de la bouteille, que je pourrai écouter des jours entiers me lire l’annuaire. La musique jazzy obligatoire pour le genre est bien évidemment, elle aussi, présente. Tout est donc bien présent pour s’immerger dans l’ambiance film noir et bordel, que c’est réussi !
Finissons tout de même par ce qui sera probablement le point faible du titre, son histoire, ou plutôt son dénouement. Celle-ci pourtant nous accroche dès le début de l’aventure, et l’on aura vite fait de découvrir une prenante histoire sur fond d’activités mafieuses, de manipulations politiques et de scandales. On notera certes parfois quelques ficelles un peu grosses, comme un indice gros comme le nez au milieu de la figure que le joueur aura bien sûr compris, mais à priori pas notre détective de renom, mais on regrettera surtout la confrontation finale. Le titre excelle pour faire monter la tension, mais tout semble se finir beaucoup trop rapidement, avec trop de facilités scénaristiques et un manque de cohérence par rapport à certains personnages, quand d’autres semblent avoir carrément été oubliés en cours de route.
Certes, ce Into The Hive! n’est pas exempt de tous défauts. On lui reprochera principalement la fin de son enquête un peu bâclée et trop dans la facilité, ainsi quelques évènements qu’on aurait aimés différents. Néanmoins, ses principales qualités sont tellement fortes qu’elles viennent faire oublier tout le reste. Car Chicken Police montre une nouvelle fois une masterclass d’ambiance polar noir, exhibant des dialogues somptueux d’une qualité rare, touchant juste à quasi chaque réplique, et sublimés par un travail de doublage fantastique. Aucun doute qu’il mérite amplement sa sélection, et que l’on aimerait en voir arriver plus souvent.
The Planet Crafter – En-dessous de zero