Le passé est enfin respecté.
Rapide Critique
Beyond Shadowgate
Développeur
Cosmoscouts
Éditeur
indie.io
Date de Sortie
28 octobre 2024
Prix de lancement
19,99 €
Testé sur
PC
Le point-and-click à énigme est un genre qui accompagne le jeu vidéo depuis ses débuts. Entre 1985 et 1988, Icom s’était illustré sur Macintosh, utilisant astucieusement l’interface fenêtrée et les outils informatiques pour proposer les Macventures, quatre jeux devenus cultes, et dont trois d’entre eux ont ensuite été portés sur NES. Le plus connu (et le seul à être sorti en France, et traduit, s’il vous plaît) étant Shadowgate, une aventure difficile, mais mémorable avec sa musique chiptune, son système de verbes et ses torches. Après avoir fait revivre Shadowgate en 2014, et suite à un financement participatif réussi, Zojoi (fondé par d’anciens développeurs d’Icom) remet le couvert avec Beyond Shadowgate. Une suite qui reprend l’esthétique du portage NES d’époque, là où leur remaster proposait des graphismes et une atmosphère plus « réaliste ». Le rétro est toujours à la fête, on dirait.
Sans vouloir refaire tout l’historique du bazar, deux suites existaient déjà pour Shadowgate, une sortie sur Turbographx et déjà nommée Beyond Shadowgate ainsi que Shadowgate 64, sur euh… Nintendo 64. Cependant, ici, fi de ces jeux, on va faire comme s’ils n’existaient pas et reprendre l’aventure où elle était. Le nouveau Beyond Shadowgate reprend vaguement le début du scénario de la mouture Turbogaphx, mais avec une nouvelle perspective, un nouveau personnage et globalement une intrigue plus poussée. Ici, on incarne donc Del, un genre de hobbit du coin, qui se retrouve emprisonné dans les geôles du château après un petit vol sans prétention. Malheureusement pour lui, une intrigue politique et mystique se joue dans le château et avec l’aide d’une fée, il va devoir s’échapper de prison, sauver le royaume et peut-être le monde (voire le multivers) du retour d’un méchant sorcier maléfique. Si vous connaissez Shadowgate (l’original) vous n’allez pas être très dépaysé. Le jeu est en vue subjective sur des tableaux fixes, dans lesquels des objets sont actionnables grâce aux verbes qu’on peut choisir dans l’interface. Le terme « rigide » ne suffit pas vraiment à définir le système de jeu, c’est un euphémisme : pour progresser, il faut réaliser les bonnes actions au bon endroit pour espérer avancer. On a un espace de jeu relativement ouvert, dans lequel se déplacer, et sur chaque tableau, on peut récupérer des objets. Le souci, c’est qu’il faut bien cliquer sur l’objet (après avoir sélectionné le verbe adéquat) pour le prendre. Pour se déplacer d’une pièce à l’autre, il faut cliquer sur «move» puis cliquer sur la porte (préalablement ouverte), pour utiliser un objet, on va sélectionner le verbe « use » puis sélectionner l’objet à utiliser, puis l’objet sur lequel l’utiliser, etc. Du Point and click dans sa définition la plus techniquement correcte, en quelque sorte. La narration va se faire essentiellement de manière textuelle, avec quelques jolis écrans en pixel art du plus bel acabit, et des animations qui feront vibrer la corde nostalgique des amateurs du genre. L’un des défauts qu’on pourra arguer c’est que les objets utilisables se fondent un peu trop bien dans le décor, et il faut donc bien penser à essayer de récupérer un peu tout ce qui n’est pas riveté au sol et regarder les tableaux dans leurs moindres détails sous peine de passer à côté d’un objet essentiel. Il ne faut pas hésiter à ouvrir les bouquins récupérés, et même à essayer les différents habits en les utilisant sur soi, on ne sait jamais.
En soi, le contrat est respecté, on a un Shadowgate comme à l’époque, mais plus grand, plus riche, avec des énigmes tirées par les cheveux parfois (mais quelques indices permettent de ne pas s’éparpiller). Le backtracking est limité, mais qui permet de donner plus de sens à l’aventure et aux décors visités (on profitera du changement de luminosité pour redécouvrir certains lieux, par exemple). Comme à l’époque, la mort n’est jamais loin et beaucoup d’actions malheureuses entraîneront une fin atroce (mais souvent rigolote) pour le pauvre Del. Contrairement à la version NES, la mort n’est pas vraiment punitive, puisque chaque décès ne nous ramènera qu’un écran en arrière, incitant donc à explorer les différentes possibilités sans craindre une perte de progression, là où on était ramené à l’écran titre sans sommation dans les années 80. Comme à l’époque, le défaut le plus agaçant est le même, un inventaire dans lequel la navigation est pénible et qui est impossible à arranger. Un accès rapide aux sorts n’aurait pas non plus été du luxe, mais je chipote !
Malgré quelques énigmes un chouïa obscures et une musique moins marquante que celles de l’original, Beyond Shadowgate est une petite réussite qui satisfera les nostalgiques à la recherche d’un peu plus d’exploration que d’action. Conscient de ne s’adresser qu’à une frange assez mineure des joueurs, il n’est malheureusement qu’en anglais et n’aura probablement pas de traduction française. Pour plus d’aventures rétro, allez voir aussi le site du pixelartiste : https://grahfmetal.itch.io/