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Les conséquences de donner trop de choix ?
Dans Au Revoir, l’année 2071 ressemble étrangement au 2019 de l’univers du film Blade Runner. Ici, cependant, il est possible de stocker sa conscience dans des cerveaux synthétiques, rendant alors les plus riches hypothétiquement immortels. C’est dans ce monde résolument cyberpunk qu’Invisible Studio nous propose de vivre une aventure narrative sous ses airs de Point & Click de fin des années 90s.
Votre personnage, Tristan, est-ce qu’on appelle un Sentinel, un agent de la société Au Revoir, créateur de la technologie des cerveaux synthétiques. Il est chargé de retrouver la conscience de clients décédés afin de pouvoir la transférer dans un nouveau corps. Un simple travail de routine pour Tristan, du moins jusqu’à ce qu’une mission compliquée l’emmène retrouver le cerveau d’un important client dans le coin le plus dangereux de la ville, un quartier laissé à l’abandon par les forces de l’ordre et à la merci d’émeutes ou de gangs.
Vous l’aurez compris, en voyant les quelques captures d’écran illustrant cette critique, Au Revoir est un Point & Click en 3D fortement pixelisée, rappelant très fortement le jeu Blade Runner de Westwood Studio sorti en 1997. Graphiquement, c’est d’ailleurs vraiment réussi pour peu que l’on apprécie le style, et un vrai plus du titre. Les environnements sont soignés, avec beaucoup de détails, même si on aurait tout de même aimé avoir la possibilité de cacher les icônes de menu et d’inventaire, ou au moins de pouvoir faire en sorte qu’elles ne soient pas en constante rotation, ce qui attire un peu trop le regard. On sent bien en tout cas la volonté de recréer l’atmosphère d’un titre comme Blade Runner, jusque dans la musique. Si celle-ci est plutôt en retrait, avec pas mal de moment sans, leurs présences viennent, elles aussi, rappeler la fantastique BO de Vangelis et ses synthés.
Les références ne s’arrêteront pas là, on trouvera aussi plusieurs clins d’œil, parfois un peu trop forcées, à l’univers du film de Ridley Scott tout au long du jeu. Ce n’est pas subtil pour un sou, voire parfois un peu forceur, mais on lui pardonnera, car on sent bien l’amour pour sa référence. On notera aussi la présence de quelques courtes animations 3D de transition très efficaces, quand l’on passe d’un lieu à un autre par exemple, et l’on a aussi le droit à des transitions porte à l’ancienne, tel le premier Resident Evil.
Niveau gameplay, Au Revoir restera très basique, avec finalement assez peu d’interactions possibles avec le décor. Le titre est très direct et linéaire, on avance sans trop se bloquer, et les rares énigmes à base d’objets sont rendu extrêmement simple, vu qu’on en possède peu et que bien souvent, tout ce dont on a besoin se trouve sur place. On est donc bel et bien devant un jeu axé sur la narration, avec aucune vraie énigme, bien qu’à certains moments la marche à suivre, ou l’objectif suivant, n’est pas forcément très claire.
Si l’histoire est plutôt intéressante, bien que dans les tropes classiques du genre, l’écriture est, elle, très simpliste, avec un anglais (pas de Français disponible) assez approximatif par moment, et qui ne semble clairement pas être écrit par un quelqu’un maitrisant la langue. Ça nuit malheureusement au plaisir de lecture et au sérieux de l’ambiance. On voit également venir le twist gros comme une maison, voire un gratte-ciel à ce niveau, au vu des trop nombreux indices, ou plutôt insistances, laissés un peu partout. Et cela sera d’autant plus vrai si ce n’est pas votre premier rodéo dans le cyberpunk.
Au Revoir ne sera donc pas forcément le jeu d’aventure de l’année, et soufre entre autres d’un manque de finition, d’une écriture approximative et d’une histoire un peu trop commune au genre. Il est aussi peut-être un peu trop référencé pour son propre bien. Néanmoins, on peut louer son aspect visuel vraiment réussi, ainsi que son ambiance. Ces deux points feront passer un assez bon moment de la durée d’un film (2-3 heures), d’autant qu’il est vendu à tout petit prix. Et qui sait, il vous rendra suffisamment nostalgique de l’excellent Blade Runner de Westwood Studio, toujours disponible sur GOG, pour vous replonger dans cette pépite résolument unique de la fin des 90’s.
Aye up lad ! Les aliens envahissent le Yorkshire !