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La vie de libre marchand
While Waiting, comme son nom l’indique, nous propose un jeu sur le thème de l’attente. Faut avouer que dans le jeu vidéo, on passe pas mal de temps à attendre (les chargements, les mois dans Sim City, les cooldown et les groupes complets dans les meuporgs, les cycles de plateformes mouvantes, le respawn de ce foutu point de collecte, le respawn tout court…) Mais, ici le jeu, c’est d’attendre. Attendre. Attendre. Et c’est tout ?
J’ai bien attenduuuuuuu
Le concept de While Waiting, c’est qu’on va suivre la vie d’un personnage, de la naissance à la mort. Ce personnage sans nom (je vais l’appeler Bob, tiens) va se retrouver dans des situations de la vie quotidienne de tout un chacun (occidental et particulièrement Nord-Américain, cisgenre, un mec blanc « normal » quoi) où on doit attendre un truc. Du pain grillant dans le toast à la fin des pubs télé, ou du résultat d’un examen médical au décompte d’un Nouvel An. Bob peut attendre que le temps fasse son office, ou alors occuper le temps en faisant des trucs. Trucs qui « pourraient » faire passer le temps plus vite, mais où finalement, on se rend compte qu’on aurait mieux fait de rien faire au lieu d’aller s’embêter à (par exemple) prendre les escaliers au lieu d’attendre l’ascenseur. Le tout dans une ambiance rigolote, avec un style de dessin épuré, clair, monochrome avec de légers aplats de couleur indiquant les éléments interactifs et saupoudré de références par-ci par-là de bon goût, le tout sur fond de musique classique.
L’île de l’attente-action
Les développeurs de While Waiting ne nous prennent pas en traître, d’ailleurs, ils invitent même à faire autre chose en attendant que le jeu se passe. Et pour le coup, c’est bien vu. Mais alors s’il suffit d’attendre, est-ce un vrai jeu pour autant ? Eh bien… C’est compliqué, et ça va dépendre de ce qu’on attend du jeu vidéo. Si pour vous, le but, c’est de passer au niveau suivant quoi qu’il en coûte, la frustration viendra assez facilement à bout de votre patience. Comme précisé au-dessus, essayer de faire avancer les choses plus vite ne fera en fait qu’allonger le temps d’attente. Par exemple, Bob doit attendre le bus, simple, mais ennuyeux, donc le jeu nous invite à voir ce qui se passe à côté de l’arrêt, mais quand on revient évidemment le bus vient de passer, donc l’objectif est raté. Sauf qu’en allant voir à côté, il s’est déroulé une scène amusante, ou alors un mini-jeu s’est déclenché et finalement le temps est passé quand même. Et puis le bus finit par repasser et on le re-rate.
En attendant Unity
En fait, c’est cela, le cœur de While Waiting. Si on ne faisait qu’attendre, bon, ça passerait et voilà, mais en fait à chaque situation (au nombre de 100), il y a la possibilité de voir apparaitre un ou plusieurs minis-jeux un peu idiots (et de qualité inégale malheureusement) qu’il faut parfois aller chercher. La réussite de chaque jeu est récompensée par un petit sticker, mais rien n’empêche de tripatouiller tout ce qui est à portée pour déclencher des actions diverses et inutiles et qui font passer le temps. Enfin, je dis inutiles, mais dans certaines situations, la réussite des mini-jeux permet d’améliorer le résultat final de l’attente, par contre la difficulté de ces jeux est assez relevée, ce qui enjoint à faire de son mieux et recommencer. Au fil du jeu, on est toujours surpris par le type de référence et de mini jeu auquel on va être confronté (là un clone de Space Invaders, là de Flappy Bird). Découvrir toutes les références devient un jeu dans le jeu, plutôt amusant, même si ça fait un peu « *coup de coude appuyé* t’as vu, on a bien mangé nos jeux cultes, hein ».
Mais tempus fugit et memento mori comme on dit chez Cicéron, et chaque situation amène de plus en plus Bob vers la mort. Une mort qui arrive un poil vite finalement, mais n’est-ce pas ainsi le jeu de la vie ?
D’un principe simple, mais finalement assez malin, While Waiting est en fait une série de minis-jeux camouflée en bête passe-temps. Des mini-jeux inégaux, très classiques dans l’ensemble, mais le côté farfelu des interactions et des situations suffira à déclencher un vrai sourire, voire un rire franc. On s’amuse un peu en attendant la mort, c’est déjà ça.